Il y a quelques jours, elle n’était connue que d’un petit cercle de fervents amateurs de tennis. En quelques jours, son parcours honorable au tournoi Roland Garros Junior a braqué sur elle l’attention (et l’affection) de millions de Tunisiens. Qui est ce petit bout de femme, tout feu tout flamme, et qui ne se gêne pas d’afficher ses ambitions?


Ons est aujourd’hui, à moins de 16 ans, parmi les meilleures joueuses au monde de la catégorie juniors, alors qu’elle est encore cadette. Si elle est en droit de déguster sa notoriété naissante, elle doit surtout travailler pour continuer à enflammer le cœur de ses compatriotes, en manque de championnes de sa trempe.

Une enfance à Sousse
Née le 28 août 1994 à Sousse, Ons a commencé à jouer au tennis à l’âge de trois ans. Après avoir également fait de la natation en parallèle pendant deux ans, elle a vite décidé de se consacrer au tennis, devenu sa principale passion.
Après une enfance dans sa ville natale, Ons a pris le chemin de Tunis à 13 ans pour entamer un cycle de sport-études. Devenue pensionnaire du Lycée Sportif de Tunis, elle essaie aujourd’hui de réussir sur les deux registres: les études et le sport de haut niveau. Ce qui n’est pas, on s’en doute, une mince affaire. D’autant que la jeune fille, qui supporte déjà difficilement l’éloignement de sa famille, commence à briller sur les courts de tennis et, par conséquent, à être sollicitée pour participer aux tournois les plus prestigieux, de l’US Open à Roland Garros.
Soutenue par la Fédération tunisienne de tennis (FTT), qui met à sa dispose des terrains d’entraînement et une salle de gym, situés non loin de son lycée, six jour sur sept et deux fois par jour, Ons bénéficie aussi de l’aide financière de la FTT, qui paye ses frais de déplacement à l’étranger. Les résultats n’ont pas tardé, puisqu’elle commence à aligner les titres: lauréate des Petits Ducs à Dijon (France) en 2008, double championne d'Afrique des moins de 16 ans, gagnante du tournoi WTA d’Antalya (Turquie)… A Dijon, les techniciens français ont été impressionnés par ses qualités de jeu exceptionnelles. Pour remporter le tournoi, elle a dû battre 10 joueuses sans perdre aucun set. Parmi ses adversaires figurent les meilleures Françaises de son âge. L’année dernière, Ons a pris part à l’US Open. Son troisième tournoi de Roland Garros Junior, antichambre des circuits ATP et WTA, sera sa première grande consécration.

Un appétit d’ogresse
En arrivant à Paris, accompagnée de son frère Hatem, qui la couve et la protège, Ons n’a pas fait mystère des ses ambitions: «Je n’ai peur de personne. Je suis venue là pour gagner.» Ou encore: «Je veux être la première Tunisienne à devenir n°1 mondiale chez les juniors puis chez les seniors. Et à gagner un Grand Chelem.» Ou encore: «Je veux montrer aux gens que la Tunisie peut produire des champions.»
Fanfaronnade? Non assurance et confiance en soi. Pour preuve: tout au long du tournoi, la jeune fille montre une grande détermination. Ses armes: des coups gagnants, une science du placement et une étonnante force de caractère. Les résultats ont suivi une courbe ascendante. Au 1er tour, elle bat l’ukrainienne Sophia Kovaltes (7-6 / 6-2), au 2e la Française Caroline Garcia, qui plus est, devant son public (6-3 / 6-3), au 3e l’autre Française Morgane Pons (6-3 / 6-1), en quarts de finale l’Américaine Sloane Stevens (6-3 / 6-4) et en demi-finales la Russe Irina Khromacheva, troisième tête de série du tournoi (6-3 / 6-2).
En finale, la brave Ons a dû s’incliner devant l’Ukrainienne Elina Svitolina par le score de deux sets à zéro (6-2 / 7-5), mais non sans avoir livré une bataille titanesque. Preuve de la rudesse du combat qu’elle a livré: le second set a duré 50 minutes, assez rare chez les moins de 16 ans.

Sur les traces de Selima Sfar et Oussama Mellouli
Ons, qui espère intégrer le circuit WTA avant ses 18 ans a réalisé, à Roland Garros, une partie du chemin, car elle déjà tapé dans l’œil plusieurs techniciens et agents présents à Paris. Tout le mal qu’on lui souhaite aujourd’hui, c’est de suivre la voie déjà tracée par sa compatriote Selima Sfar, qui a atteint le 75e rang mondial en 2001. Et, surtout, de faire mieux. Un «exil» en France ou aux Etats-Unis, où elle aurait plus de moyens financiers et, surtout, un encadrement technique plus adéquat, serait peut-être le meilleur moyen pour elle de réaliser un exploit semblable à celui d’Oussama Mellouli dans la natation, devenir une championne olympique.

 

Yüsra Mehiri

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