En prononçant un non-lieu mardi dans l’affaire de Fédia Hamdi, le tribunal de première instance de Sidi Bouzid (centre-ouest) semble donner raison aux défenseurs de l’agente municipale.


Au cours de l’audience, qui a commencé tôt mardi, la mère de Bouazizi a renoncé à son droit dans le procès intenté contre Fédia Hamdi, accusée d’avoir giflé Mohamed Bouazizi, dont l’auto-immolation par le feu le 17 décembre a déclenché la révolte populaire et entraîné la chute du régime Ben Ali.
L’avocate de la défense a, pour sa part, requis la nullité de la procédure et l’irrecevabilité des déclarations des témoins.

Une justice désormais indépendante
Entendue par le juge, Fédia Hamdi a nié les charges retenues contre elle. Un grand nombre d’habitants de la région se sont rassemblés devant le tribunal revendiquant l’innocence de l’accusée et l’indépendance de la justice.
Le frère de la victime, Salem Bouazizi, a justifié le retrait de la plainte par «un esprit de pardon et de tolérance». «Tout l’argent du monde ne peut pas remplacer la perte de Mohamed qui s’est sacrifié pour la liberté et la dignité. Nous sommes fiers de lui», a-t-il déclaré au téléphone à l’Associated Press.
«Nous sommes heureux que la vérité ait enfin éclaté grâce à une justice qui a montré qu’elle est désormais indépendante», a réagi quant à lui le frère de l’accusée, Faouzi Hamdi. Selon lui, la décision de la justice a provoqué une «grande satisfaction dans tout Sidi Bouzid dont la population est aussitôt descendue dans la rue pour manifester sa joie». «Ce n’est que justice parce que tout le monde savait que ma sœur a été accusée à tort d’avoir giflé Mohamed Bouazizi que Dieu lui accorde sa miséricorde», a-t-il martelé.
Persuadée que sa cliente était «innocente», l’avocate de Fédia, Me Basma Nasri, a salué ce «jugement équitable». Elle a évoqué lors d’un entretien téléphonique avec l’AP, les témoignages en faveur de l’agente municipale apportés au cours de l’instruction par de nombreux habitants de Sidi Bouzid présents lors de l’incident.

Des témoignages de «non crédibles»
Selon elle, tous ont affirmé que Fédia n’avait pas giflé le défunt Bouazizi, à l’exception de deux proches parents du vendeur dont elle a qualifié les témoignages de «non crédibles».
D’après elle, la plainte n’avait pas été déposée à l’initiative de la famille Bouazizi, mais par un de ses confrères Lotfi Tlili, qui avait déposé plainte au nom de la famille, «on ne sait pas à l’instigation de qui».
«Le verdict est une gifle à Ben Ali et à son système qui fonctionnait par des instructions et en même temps un avertissement à tous ceux qui à l’avenir seraient tentés d'user des mêmes procédés», a lancé l’avocate.

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