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Après les bouleversements du 14 janvier auxquels il a fallu faire face avec «les ressources humaines qu'on avait», il est temps que se forment, en Tunisie, de vrais professionnels de la politique et non, les amateurs que nous avons eu, jusque-là, la douleur de voir à l'œuvre.

Par Jamila Ben Mustapha*

À une question d'un journaliste, Wided Bouchamoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica, centrale patronale), a repoussé énergiquement, toute ambition présidentielle.

N'est pas présidentiable qui veut

Qu'est-ce que les journalistes ont à percevoir, un peu trop facilement, tout Tunisien qui se distingue dans la vie publique, comme un candidat aux futures élections présidentielles? Et le pire, c'est que presque personne ne refuse cette éventualité! Vous voulez les rendre tous, fous, ou nous mettre devant une centaine de candidatures, au moment des élections?

Récemment, Mohamed Hamdi, député intelligent et souple mais dont la vie politique à l'échelle nationale se réduit à ses deux ans passés à l'Assemblée nationale constituante (ANC) où il a été connu du grand public, vient de manifester son intention éventuelle d'être candidat de son parti, l'Alliance Démocratique, aux élections présidentielles.

De même, Kais Saied est peut-être honnête mais si le peuple tunisien naïf le propose comme président de la république possible, ce professeur universitaire ne devrait pas avoir la folie de le croire. Il a fallu la sagesse d'une femme – Wided Bouchamaoui –, et ce n'est pas un hasard, pour refuser vivement cette éventualité! C'est la seule, à notre connaissance, qui a eu la décence de le faire!

Ne pas confier son avenir aux amateurs

En effet, un professeur universitaire n'est pas forcément un politicien – loin de là ! –; chacun de ces métiers exige des compétences différentes, la politique est loin d'être un jeu d'enfant et n'est pas, de plus, parmi les hommes politiques, présidentiable, qui veut.

Une qualité précieuse est de savoir ce pour quoi on est fait, et ce pourquoi on n'est pas fait. Une autre, pour le citoyen, est de ne pas confier son avenir à des amateurs. Politiciens comme opinion publique doivent donc manifester plus de discernement à propos de cette question vitale pour le pays, celle du choix d'un futur dirigeant.

Le candidat sérieux est celui qui a non seulement des qualités réelles d'homme politique – et là, je vise Kais Saied – mais aussi des décennies d'expérience derrière lui et qui lui auront permis de gravir progressivement tous les échelons lui permettant de connaître le terrain par le biais de charges publiques et politiques de plus en plus importantes, comme on le voit dans les pays développés – et là je vise Mohamed Hamdi –.

Nous venons de voir les problèmes que peut poser le surgissement d'une classe politique sans expérience, promue de la façon la plus soudaine aux premières places, et qui s'était cantonnée auparavant, dans la répétition de son opposition de principe à la dictature pendant de longues années, ce qui est bien, mais qui ne donne absolument pas une expérience diversifiée, en politique.

Venue de l'étranger ou de la prison, elle connaissait peut-être bien des choses, mais pas la réalité du pays. Il est temps, maintenant, après les bouleversements du 14 janvier auxquels il a fallu faire face avec «les ressources humaines» qui se sont présentées et qu'il a fallu récompenser, que se forment, en Tunisie, de vrais professionnels de la politique et non, les amateurs que nous avons eu, jusque-là, le désagrément de voir à l'œuvre

* Universitaire.

 

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