Lors son élection le président Marzouki a affirmé qu’il serait un rempart contre les dérives. Il l’a fait lundi. Il faut espérer qu’il continuera de réagir à chaque fois que ses alliés franchiront la ligne jaune.

Par Rachid Barnat


Lundi matin, émouvant salut au drapeau au dessus du palais présidentiel de Carthage. Le président Moncef Marzouki a su trouver les mots et le ton pour dénoncer l’atteinte faite à notre drapeau tunisien par une bande de fanatiques. Son émotion et sa colère étaient sincères.

C’était pour lui l’occasion de distinguer Khaoula Rachidi, la jeune étudiante courageuse qui, mue par son unique patriotisme, a osé braver les fous d’Allah pour les empêcher d’arracher notre drapeau national flottant au-dessus de la faculté de Mannouba et le remplacer par celui de leur mouvance islamiste salafiste extrémiste.



Le président Marzouki préside une cérémonie de salut du drapeau national

L’étrange silence du gouvernement Jebali

Quand ils ont osé hisser leur bannière noire, il a fallu que ce soit cette jeune fille qui bouge alors que les autorités, la police pourtant présentes, n’ont pas bougé, entraînant une réaction indignée et massive de la société civile.  
Le silence du gouvernement Hamadi Jebali et de ses ministres a choqué énormément les Tunisiens de tout bord. M. Jebali et ses ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Intérieur sont restés indifférents à l’émotion et l’indignation générale provoquées par cet affront !

Les mêmes, qui se sont pourtant empressés de mettre 3 malheureux journalistes en garde à vue pour une photo qu’ils estimaient choquante, ne semblent pas être choqués par l’atteinte à nos symboles nationaux, que ce soit par l’outrage fait publiquement à notre drapeau national ou par le projet de ceux qui lui ont fait l’affront, de changer notre hymne national (Cf ‘‘Ne touchez pas à l’hymne national tunisien’’) !

Deux poids deux mesures !
Enfin le président Marzouki reprend son rôle et ose, bien que tardivement, défier son allié Ennahdha en condamnant le laxisme du gouvernement, en lui rappelant qu’il est intolérable qu’une minorité puisse s’arroger le droit d’imposer son idéologie par la violence aux enseignants de la faculté de Mannouba dont le ministre de tutelle, lui-même universitaire, Moncef Ben Salem, irresponsable, ose reporter la responsabilité sur le doyen ; mais aussi aux Tunisiens de manière générale.


Le président met en garde les salafistes contre tout débordement de nature à outrager les symboles de l’Etat. Il rappelle que la loi doit être appliquée et que les fauteurs, qui ont outragé notre drapeau national, doivent présenter leurs excuses et rendre compte de leur acte à la justice.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, monsieur le président.
Encore bravo et toutes les félicitations à cette jeune femme qui avec ses tripes s’est levée courageusement contre la barbarie et l’obscurantisme. J’espère qu’elle sera l’exemple pour toutes les Tunisiennes libres qui veulent vivre dans un pays libre.
Lors de l’élection de Moncef Marzouki, j’ai espéré qu’il serait, comme il le disait lui même, un rempart contre les dérives. Il l’a fait aujourd’hui. Il faut espérer qu’il continuera de réagir à chaque fois que son allié franchira la ligne jaune.