Retour sur l’idylle entre l’homme politique français et la jeune étudiante tunisienne en beaux-arts, née il y a un an et qui n’a cessé depuis d’alimenter la rumeur publique et les pages des magazines people, en France et en Tunisie.
C’est donc maintenant confirmé, puisque les services de l’intéressé n’ont ni confirmé ni infirmé l’information: Eric Besson, le ministre français de l’Immigration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, se liera officiellement à la Tunisienne Yasmine Torjeman, le 16 septembre prochain, à la mairie du VIIe arrondissement de Paris.
Cette union franco-tunisienne, la plus médiatisée dans l’histoire des couples binationaux, sera scellée par la maire du VIIe, l’ex-garde des sceaux Rachida Dati, en présence, dit-on, du président Nicolas Sarkozy, du Premier ministre François Fillon, mais également l’ex-ministre du Sport Bernard Laporte et de l’homme d’affaires Vincent Bolloré.
Qui, le premier, a succombé au coup de foudre?
L’idylle entre l’homme politique français et la jeune étudiante tunisienne en beaux-arts, née il y a un peu plus d’un an au cours d’une soirée organisée chez l’oncle de la jeune femme, le producteur de cinéma franco-tunisien Tarak Ben Ammar, n’a cessé depuis d’alimenter la rumeur publique et les pages des magazines people, en France et en Tunisie.
Plus, peut-être, que la différence d’âge entre les deux tourtereaux – il a 52 ans, elle en a seulement 23 – ou l’identité de l’heureuse élue, une arrière-petite-fille de Wassila Bourguiba, la femme de l’ancien président et père de l’indépendance tunisienne Habib Bourguiba, ou encore la rumeur, démentie par l’intéressé, de sa possible conversion à l’Islam – exigée de qui veut épouser une musulmane – (1), ce qui suscite la curiosité des lecteurs des deux côtés de la Méditerranée ce sont les circonstances qui ont entouré la naissance de cette idylle – qui a succombé le premier au coup de foudre? –, la personnalité très controversée du responsable français et les péripéties moyennement agitées de son divorce d’avec Sylvie Brunel, la célèbre géographe et militante écologiste, dont il a eu trois enfants.
En décidant de convoler en justes noces avec une jeune femme qui a (presque) l’âge de sa fille aînée – cette dernière, qui vient d’avoir 20 ans, a écrit un livre sous le pseudonyme d’Ariane Fornia, “Dieu est une femme”, véritable pamphlet anti-paternel –, celui que beaucoup de Français (et pas seulement) aiment détester, et qui s’est distingué par son opportunisme politique, des reniements successifs et des positions extrémistes en matière de gestion de l’immigration, court le risque d’accroître encore sa cote de désamour auprès des Français.
Grand casse-gueule devant l’Eternel – sans jeu de mots aucun –, M. Besson, qui n’est pas à une casserole près, pourrait bientôt faire les frais de ce mariage hors-norme («hénaurme» !), et d’abord en perdant son poste à la faveur du remaniement ministériel annoncé pour septembre. Si elle se confirmait, la présence annoncée de Sarkozy au mariage du transfuge du Parti socialiste pourrait alors constituer un ultime cadeau (avant inventaire) voire un «baiser de la mort» (sans jeu de mots aucun). Mais on n’en est pas encore là…
Séducteur, enthousiaste et orgueilleux
Mais qui est M. Besson? Sera-t-il un bien meilleur mari qu’il ne l’a été pour son ex-épouse? Comme le futur couple gérera-t-il ses relations avec les enfants nés du premier mariage?
Dans son ‘‘Manuel de guérilla à l’usage des femmes’’, où elle règle son compte aux hommes en général, Sylivie Brunel décrit son ex-mari comme un séducteur – un tombeur ! – plutôt franc, un père enthousiaste et un politique orgueilleux. «Il s’est avéré beaucoup plus volage que je l’aurais souhaité [...] Parce qu’il côtoie de plus en plus de jeunes femmes attrayantes et d’autant mieux disposées qu’il est ministre, mon mari s’est mis à vivre le couple comme un carcan [...] Il a commencé à évoquer le fait qu’il pourrait ‘‘refaire sa vie’’, avoir des enfants avec une autre. A ce moment là, j’ai compris que les choses étaient plus graves que je le croyais. Jusque-là, ses maîtresses interchangeables s’annulaient mutuellement», écrit-elle.
Après avoir tenté, en vain, de dissuader sa femme d’écrire ce livre, M. Besson l’a introduite chez son propre éditeur, Grasset, espérant sans doute circonscrire le pire. Sylvie Brunel a accepté, à la demande de l’éditeur, une seule coupe: elle concerne le chapitre consacré à Yasmine Torjeman. «Pas classe», lui a dit l’éditeur, sous-entendu «de la part d’une femme intelligente comme vous de s’abaisser à ce niveau-là».
M. Besson, de son côté, après avoir lu les passages le concernant, s’est engagé par écrit à n’intenter aucun procès. Mais il a tenu à prévenir: il attaquera tous les journaux qui publieront une photo de sa nouvelle compagne. Il n’a cependant pas mis sa menace à exécution: des photos du couple continuent de fleurir dans les médias français et tunisiens.
«Cette jeune femme»
En réponse à ceux qui l’ont soupçonné d’avoir orienté le titre final du livre et interdit un autre, “La femme trahie”, et d’avoir ainsi manipulé toute l’opération médiatique, M. Besson a déclaré dans un entretien à ‘‘Paris-Match’’: «Ces insinuations sont grotesques. Ni Sylvie ni l’éditeur ne m’ont demandé mon avis. La vérité est que je ne voulais pas qu’elle publie ce livre. Quand j’ai compris que je ne la ferais pas changer d’avis, oui, j’ai préféré qu’elle publie chez Grasset. Parce que je savais qu’il n’en ferait pas une publicité trash. Le jour où elle m’a donné à lire les chapitres me concernant, je lui ai simplement demandé si nos enfants les avaient lus et pouvaient assumer. Je n’ai demandé aucune modification. Si j’avais changé trois mots, cela signifiait que le reste valait acquiescement de ma part. C’était hors de question.»
Dans son livre, Sylvie Brunel reproche à son ex-mari de lui avoir préféré, comme c’est fréquent chez les quinquagénaires, une jeune femme. Réponse de M. Besson dans le même entretien: «C’est une partie du livre que je conteste, car elle ne respecte pas la chronologie. Elle raconte l’histoire d’un homme de 50 ans qui tombe amoureux d’une jeune femme, en a la tête tournée et plaque tout. C’est totalement faux.»
Comment les choses se sont-elles donc passées? Réponse de M. Besson: «L’histoire d’un couple extraordinaire qui s’use et tourne depuis longtemps autour de l’idée de la séparation. La femme, comme toujours plus courageuse, dit: “Ça suffit, on divorce”, ce que je n’aurais jamais demandé, même si je le pensais nécessaire. Elle a raison de dire que c’est ma faute. Mais elle oublie de préciser que c’est après notre séparation que j’ai rencontré cette jeune femme».
Le futur marié omet, cependant, de citer le nom de Yasmine Torjeman. Une omission lourde de sens et qui n’est pas de nature à rassurer les parents de celle qui est ainsi réduite au statut de… «cette jeune femme».
Interrogé dans le même entretien, sur la manière dont lui et son ex-épouse vont devoir gérer les visites de leurs trois enfants, le responsable français semble avoir déjà réglé la question: «Nous avons conclu un pacte. Je lui ai dit: “Je me moque de tout, je te laisse tout, à commencer par notre maison de la Drôme [ndlr: qui aime ne compte pas]. Mais tu ne me fais pas le coup d’un week-end sur deux. J’exige de voir mes enfants quand je veux.” Je continue de m’en occuper autant que mon travail le permet».
Voilà pour l’histoire, l’avenir reste encore à écrire… Et nous espérons qu’il sera plein de joie et de bonheur, comme on dit dans de pareilles circonstances.
Yüsra Mehiri
1- En fait, ce mariage serait légalement possible sans conversion. Selon la loi tunisienne en vigueur, la conversion du mari n’est en effet requise que dans l’hypothèse où le mariage a lieu en Tunisie. S’il a lieu à l’étranger, l’acte de mariage peut être ultérieurement enregistré dans une mairie tunisienne sans que celle-ci exige le fameux «certificat d’islamité». Sauf si la famille de la mariée l’exige. Ce qui n’est visiblement pas le cas. Les Torjeman ayant gardé le silence sur cette question. Ce qui équivaut à une approbation. M. Besson ne sera donc même pas obligé, pour calmer les esprits tatillons sur le registre de la religion, avant d’aller à la mairie du VIIe, de se marier religieusement en faisant appel au seul imam français qui n’exige pas la conversion du mari à l’Islam: Soheib Bencheikh, ancien grand mufti de Marseille et actuellement chercheur à l’Institut pratique des hautes études et au Collège de France.
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