Ce sont, comme leur surnom l’indique, les Israéliens originaires de Tunisie. Bien qu’ils soient devenus citoyens de l’Etat hébreu, ils n’en revendiquent pas moins leur histoire et leur culture tunisiennes. C’est d’ailleurs l’une de leurs caractéristiques. En plus, bien sûr, du fait qu’ils adorent l’harissa, le couscous et le brik à l’œuf. Un ouvrage en français, à paraître le 12 mai, nous les fera mieux découvrir.
Certains de ces ‘‘Tunisraéliens’’ sont devenus célèbres dans leur nouveau pays. On en citera l’ancien vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et Ministre des Finances, Sylvain Shalom. Né à Gabès en 1958, dans une famille de juifs sépharades originaires d’Espagne, ce dernier a émigré avec ses parents en Israël à l’âge… d’un an.
Il y a aussi l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili, de son vrai nom Zouili, en référence à Bab Zouila, la porte fortifiée datant du XVI siècle qui constitue encore l’un des points d’accès au centre historique de Mahdia. Ce natif de la cité fatimide en 1942 a émigré en Israël en 1954.
Autres «Tunisraéliens» célèbres : l’actuel Conseiller juridique du gouvernement israélien, Meni Mazouz, né en 1955 à Djerba dans une famille juive pratiquante – son père était rabbin et juge religieux –, qui a émigré en Israël au début des années 1960, ou encore Michel Sitbon, l’un des premiers commandants de bord à Tunisair, né à Tunis et émigré en Israël en 1969, où il a continué à exercer son métier de pilote à la compagnie israélienne El Al.
D’autres ‘‘Tunisraéliens’’, en revanche, sont restés dans l’anonymat. Ils continuent cependant d’exprimer un fort attachement à leurs racines. L’un d’eux, Nava Sarah Yardéni, historienne de son état, spécialisée dans l’étude du judaïsme de Tunisie, vient de consacrer un ouvrage monumental à l’histoire de sa communauté.
C’est en 1956 que Nava Sarah Yardéni, née Claudine Zagron, quitte Tunis pour se rendre en Israël. Elle a plus de 40 ans lorsqu’elle débute ses études supérieures à l’Université ouverte de Raanana. Sa soif d’apprendre n’étant pas satisfaite par son diplôme de deuxième cycle à l’Université de Haïfa, elle se lance dans un doctorat à l’Université Bar-Ilan, dont le sujet est consacré à l’étude de l’immigration et de l’intégration des Juifs de Tunisie en Israël.
Son ouvrage, intitulé ‘‘Tunisraéliens’’, paraîtra en français le 12 mai, aux éditions Elkana, en Israël. La traduction de l’hébreu a été réalisée par l’économiste et sociologue Jacques Bendelac et la préface par l’historien du judaïsme tunisien, le Français d’origine juive tunisienne Claude Sitbon.
«Les Tunisraéliens ont su développer un art de vivre fondé sur une étonnante capacité d’adaptation qui se vérifie encore aujourd’hui, du kibboutz Régavim au mochav Yanouv, en passant par Natanya et Ashdod, Dimona, Beer-Shéva et Jérusalem. Ils ont conservé leur identité tunisienne malgré la rupture géographique », lit-on dans la quatrième de couverture de cet ouvrage. Qui «illustre clairement la volonté de survivance de cette communauté à qui les siècles ont modelé un visage attachant et fidèle.»
Par-delà la propagande sioniste qui sous-tend inévitablement cet ouvrage, quand bien même il s’agirait d’un essai historique, nous serions bien curieux de découvrir ce que les ‘‘Tunisraéliens’’, ces hommes et ces femmes qui ont choisi de vivre dans une autre terre, étrangère et lointaine, ont gardé de leur passé dans notre pays, outre, bien sûr, l’harissa, le couscous et le brik à l’œuf.
C’est cette même curiosité qui nous incite à reproduire, ci-dessous, les commentaires de quatre ‘‘Tunisraéliens’’ célèbres après la lecture du livre.
Sylvain Shalom: «Le livre révèle des informations d’une ampleur impressionnante. L’auteure marque de son empreinte l’étude du Judaïsme de Tunisie en Israël, sujet très peu exploré à ce jour».
Nissim Zvili: «J’ai lu d’un trait cette thèse remarquable, car elle m’a rappelé exactement l’itinéraire de ma famille. Je ne savais pas à quel point mon histoire particulière se confondait avec l’Histoire de ma communauté. Une lecture étonnante et passionnante».
Méni Mazouz: «Ce livre, intéressant et émouvant, vient combler un vide dans l’histoire d’Israël, en mettant à jour des détails inconnus sur la contribution des émigrants juifs de Tunisie au peuplement et au développement du pays… Il apparaît que, plus le temps passe et plus un besoin impérieux de connaître ses racines se renforce… Je vous félicite pour cet ouvrage important».
Elie Vakil, Professeur de psychologie à l’université Bar-Ilan. «Avant de lire ce livre, je n’avais pas conscience, comme beaucoup d’autres, de l’héritage et de la contribution exceptionnelle du judaïsme de Tunisie au pays. Ce livre m’a rendu encore plus fier de mes racines; c’est pourquoi Nava Sarah Yardéni mérite un grand bravo.»
R. K.
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