Le taux de chômage a très sensiblement baissé durant ces dix dernières années en Tunisie, passant 15,7% en 2000 à 13,3% en 2009. Selon une étude de Carnegie Moyen-Orient, ce chiffre flatteur cache une réalité plus mitigée.
La baisse de la pression sur le marché de l'emploi en Tunisie, comme dans les autres pays du Maghreb, n’est pas la conséquence d’une amélioration de la performance de ce marché. Elle est induite par d’autres facteurs, plutôt sociaux qu’économiques. Ces facteurs sont :
- la baisse de la fécondité: le taux de fertilité s’étant divisé par deux en un quart de siècle environ, l’accroissement de la population a plus que ralenti, passant de 3% dans les années 1980 à 1% par an en 2008. Conséquence: la population en âge de travailler, qui progressait à un rythme annuel de 3,7% dans les années 1980, n’a augmenté «que» de 2 % en moyenne entre 2000 et 2008 ;
- le recul des taux d’activité : qui est passé 51% en 2001 à 46,9% en 2008, contre 73% en Asie du sud-est. Ce recul est du à la faible participation des femmes : 25% en moyenne au cours des dix dernières années, dans un pays pourtant considéré comme précurseur dans le domaine de l’émancipation de la femme ;
- le développement de l’emploi informel et des activités précaires a aussi contribué à la baisse observée. Le sous-emploi et la précarité, qui ont connu une hausse au cours de la dernière décennie, ne peuvent cependant être quantifiés, en l’absence de d’études et de statistiques sur le sujet ;
- last but not least, les emplois créés profitent essentiellement aux personnes à faible niveau d’éducation, alors que le chômage touche deux fois plus les jeunes de 15 à 29 ans (plus de 30%) et les diplômés de l’enseignement supérieur, dont le taux de chômage est passé de 10% en 2001 à 21,6% en 2008.
Conclusion: la croissance économique demeure globalement pauvre en emplois, et surtout en emplois de qualité.
Ce sont là les principales conclusions concernant la Tunisie d’une récente étude de Carnegie Moyen-Orient sur le chômage au Maghreb, conduite par le chercheur marocain Lahcen Achy, professeur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (Insea), à Rabat.
Imed Bahri
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