Elles s’appellent Lauren Booth, Lynne Ali, Camilla Leyland et autres Kristiane Backer. Britanniques de souche, blanche et chrétienne, elles ont choisi de se convertir à l’Islam. Quête spirituelle, vague profonde ou simple effet de mode?

Alors qu’un récent sondage ‘‘YouGov’’ indique que plus de la moitié des Britanniques pensent que l’Islam encourage l’extrémisme, la répression des femmes et l’inégalité entre les sexes, de plus en plus de femmes britanniques se convertissent à la religion de Mohamed.
La belle-sœur de l’ex-premier ministre britannique Tony Blair a annoncé, il y a deux semaines, sa conversion à l’Islam. Lauren Booth, 43 ans, journaliste de son état, a embrassé la foi musulmane après ce qu’elle décrit comme une «expérience spirituelle» en Iran. Elle n’est que la dernière dans une longue liste de femmes britanniques modernes qui ont fait le choix de la conversion à l’Islam.

Quête spirituelle et «conversion de complaisance»
Booth – qui porte maintenant un hijab dès qu’elle sort de la maison, prie cinq fois par jour et fréquente la mosquée du quartier, quand elle le peut – a décidé de devenir une musulmane il y a un mois et demi après la visite du sanctuaire de Fatima al-Masumeh dans la ville de Qom, en Iran.
Avant sa découverte de l’Islam en Iran, qu’elle décrit comme un réveil, elle avait eu quelque «sympathie» pour cette religion et a beaucoup travaillé en Palestine. «J’ai toujours été impressionnée par la force et le réconfort que l’Islam donne à ses fidèles», explique-t-elle.
Selon Kevin Brice de l’Université de Swansea, qui s’est spécialisé dans l’étude de la conversion des Occidentaux à l’Islam, les Britanniques converties à l’Islam représentent une tendance intéressante. Il explique: «Elles cherchent la spiritualité, un sens supérieur à leur vie, et ont tendance à être profondément méditatives. Il y a un autre type de femmes parmi les converties à l’Islam: ce sont celles que j’appelle les ‘‘converties de complaisance’’. Elles épousent la religion de leur mari musulman pour plaire à la famille de ce dernier, mais elles ne pousseront pas nécessairement leur foi jusqu’à aller à la mosquée, à prier et à jeûner.»
Les statistiques suggèrent que la conversion des Britanniques à l’Islam n’est pas un phénomène limité à quelques cas très rares, mais qu’il connaît un développement significatif. L’Islam est, en effet, la religion qui connaît actuellement l’expansion la plus rapide à travers le monde, et les convertis «blancs» (ou occidentaux) forment l’essentiel de ce mouvement.
Selon Kevin Brice, les statistiques montrent que, dans la masse des convertis occidentaux, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Le rapport serait même de 2 à 1.

Retour aux valeurs traditionnelles
En outre, explique le chercheur, les femmes converties sont souvent plus portées à montrer les signes visibles de leur foi, en portant notamment le hijab, contrairement à la majorité des femmes nées musulmanes, qui préfèrent ne pas le porter. «C’est, peut-être, parce qu’elles ont ainsi tendance à attirer l’attention, en affichant leur différence, que les musulmanes blanches converties se disent l’objet d’une plus grande discrimination que les musulmanes de naissance», ajoute Brice. Ce qui, bien sûr, reste à vérifier…
Pour la plupart de ces britanniques converties, l’Islam représente une réhabilitation des valeurs familiales d’antan. «Certaines converties sont attirées par le sentiment d’appartenance à une communauté. Ce sont des valeurs érodées en Occident», explique Haifaa Jawad, maître de conférences à l’Université de Birmingham, qui a étudié le phénomène de conversion des «blanches».
«Beaucoup de gens, de tous les horizons, ont abandonné le respect traditionnel pour les personnes âgées et pour les femmes. Ce sont des valeurs qui sont inscrites dans le Coran et que les Musulmans vivent naturellement», renchérit Kevin Brice. Qui explique la conversion de certaines britanniques à l’Islam par leur désir de renouer avec ces valeurs traditionnelles.

La suite demain : Camilla Leyland, la yogi d’Allah (2/5)

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