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Recherche : Les politiciens tunisiens ne font pas suffisamment appel au web 2.0

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Les hommes politiques tunisiens préfèrent une communication politique limitée voire contrôlée, et n’exploitent vraiment pas le potentiel offert par les médias sociaux.

Une rencontre, organisée jeudi soir, dans la Banlieue nord de Tunis, organisée par le Forum de l’Académie politique, en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer Stiftung, sur «l’usage des médias sociaux dans les élections municipales», a été l’occasion de faire le point sur un travail de recherche en cours sur l’apport des médias sociaux dans la communication politique.

Jeune doctorant en communication publique de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Laval au Québec, Badr Ben Mansour, a été convié pour présenter le fruit de son travail sur ce sujet. Comme hypothèse de recherche, le jeune chercheur soutient que «les hommes politiques tunisiens ont tout à gagner à exploiter le potentiel démocratique qu’offrent les médias sociaux».

Le conférencier est parti du constat que la communication politique demeure en reste dans une Tunisie postrévolutionnaire qui a déjà vécu 4 scrutins en l’espace de quelques années. Selon lui, nous abordons le 3e âge de la communication politique où les campagnes électorales sont qualifiées de postmodernes et basées sur la diversification des messages et la multiplication des canaux de diffusion.

Pour expliciter davantage sa thèse, il s’est référé à la campagne du président américain Barack Obama qui, en 2008, a décidé de faire appel au web version 2.0. Ce concept, a-t-il expliqué, implique d’envisager autrement la relation entre le candidat et les citoyens électeurs, à travers ce recours à Internet comme plateforme de communication politique.

Pour définir les médias sociaux, Badr Ben Mansour cite l’ensemble des applications Internet qui font appel au web 2.0. «Il s’agit d’applications interactives qui permettent à l’internaute, l’abonné, le partisan et les électeurs potentiels d’être actifs et réactifs, de s’exprimer, de commenter et d’interagir», a-t-il expliqué.

Cette interaction sociale offre une multitude d’opportunité de participation et favorise une sphère publique plus active, a-t-il poursuivi, en faisant toutefois remarquer que l’interaction dépend de la volonté de l’organisation politique d’interagir ou pas avec les citoyens. Ces derniers disposent d’une multitude d’outils numériques pour y procéder.

«Les hommes politiques en Tunisie ont toujours cette peur de s’aventurer dans un espace d’interaction avec les citoyens (électeurs potentiels) et préfèrent rester en terrain neutre, en optant pour une interaction limitée et contrôlée», a-t-il estimé. Cependant, a-t-il affirmé, «avec près de 5 millions d’utilisateurs de Facebook et 38.000 utilisateurs de Twitter en Tunisie, la communication officielle passe de plus en plus par les réseaux sociaux plutôt que par les médias traditionnels».

Selon Ben Mansour, la page Facebook de la présidence ce placerait en 8e position mondiale du point de vue du nombre des vidéos officielles diffusées. A partir de ce fait, la problématique que soulève le chercheur est celle stipulant que «l’activation du potentiel interactif des plateformes numériques comme Twitter et Facebook dépend fortement des usages et des capacités d’appropriation des électeurs».

I. B. (avec Tap).

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