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Rabâa Ben Achour Abdelkéfi : «Le patriarcat vacille»

Rabâa Ben Achour Abdelkéfi, professeur des universités, a publié sur sa page Facebook un massage de soutien à la Commission libertés des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), cible d’une campagne de dénigrement de la part des extrémistes religieux.

Romancière et militante féministe et séculariste, la fille du théologien Fadhel Ben Achour, l’une des figures fondatrices de l’islam modéré et progressiste en Tunisie, ne pouvait rester indifférente aux attaques et aux appels au meurtre dont les membres de cette commission, et notamment sa présidente, la députée Bochra Belhaj Hmida, font l’objet depuis la publication de leur rapport, réalisé à la demande du président de la république Béji Caïd Essebsi, et qui contient de nombreuses propositions pour améliorer et compléter le cadre légal du respect des libertés et de l’égalité devant la loi entre les Tunisiens et les Tunisiennes.

Certaines propositions, notamment celle relative à l’instauration de l’égalité en matière successorale entre l’homme et la femme, n’ont pas été du goût des extrémistes religieux, partisans de l’application des préceptes de la charia, et qui ne se sont pas privés de le crier haut et fort, allant jusqu’aux appels au meurtre.

Nous reproduisons ci-dessous le post de Mme Ben Achour Abdelkéfi qui voit dans les cris d’orfraie de ces extrémistes le signe que le patriarcat, en place depuis des millénaires, vacille et «crie pour ne pas tomber».

«Aux membres du Colibe,

Votre rapport révolutionne la Tunisie. La violence des réactions le prouve bien plus l’enthousiasme de vos sympathisants.

Votre rapport gêne ceux qui se construisent sur la misère des autres. Quand les intérêts matériels sont en jeu, on se débat et, à défaut d’arguments, on brandit l’épée et le Coran.

Qu’ont retenu vos détracteurs du rapport qu’ils n’ont pas lu? Rien, sinon que les femmes ne céderont aux hommes ni leurs droits matériels et moraux, ni leurs corps si telle est leur volonté.

La femme et l’argent. Vous avez ébranlé les deux piliers sur lesquels repose le pouvoir des hommes.
Les attaques qui ciblent Bochra (Belhaj Hmida, Ndlr) révèlent que le patriarcat vacille et qu’il crie pour ne pas tomber.

Vous avez mon soutien total et mon amitié.

Bochra, tes amies sont là en rangs serrés derrière toi.»

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