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Abir Moussi, l’outsider des sondages, est la mieux placée pour sortir la Tunisie de son marasme

Il ressort des derniers sondages que les Tunisiens rejettent tous les hommes du système, c’est-à-dire ceux qui acceptent le «consensus» avec Ennahdha et, par conséquent, que Abir Moussi est la mieux placée et la plus sûre pour sortir le pays du désastre dans lequel il se trouve et que constatent, chaque jour, les Tunisiens.

Par Rachid Barnat

Un article du magazine ‘‘Le Point’’ sur les sondages en Tunisie devrait être lu par tous les Tunisiens car il fait remarquablement le point sur la situation du pays et sur le sentiment qui y domine.

Le sondeur interrogé indique d’abord que la très grande majorité des Tunisiens est mécontente de la situation dans un très grand nombre de domaines, économiques, sociaux, de sécurité, au point que beaucoup n’hésitent plus à faire état de leur nostalgie du temps passé, en l’occurrence le temps de Ben Ali, qui leur paraît meilleur que ce qu’ils ont obtenu depuis!

Cette constatation du sondeur rejoint le constat que chacun peut faire sur les réseaux sociaux; et disons-le clairement : comment pourrait-il en être autrement en face des échecs du pouvoir depuis la Révolution ?

Revoter pour Nidaa ou pour Ennahdha serait une preuve de cécité

Ce que révèle aussi le sondeur mais que tout observateur peut faire, c’est que les Tunisiens imputent ces échecs à l’alliance contre-nature des islamistes d’Ennahdha et des prétendus progressistes de Nidaa Tounes.

Ce rejet est très fort et la confiance n’existe absolument plus à l’égard de ces deux formations qui, à force de trahison et de mensonges, se sont coupées de la population. Quoi donc d’étonnant à ce que les sondages mettent en avant un refus clair et net de voter pour ces partis qui, non seulement ont trahi mais ont montré leur incompétence et l’impossibilité pour eux de mener une réelle politique de progrès. C’est même le contraire qui serait étonnant : voir les Tunisiens revoter pour Nidaa ou pour Ennahdha serait la démonstration d’un aveuglement dans lequel on prend les mêmes en sachant qu’ils ne valent rien et on recommence ; c’est-à-dire, que l’on continue la descente aux enfers !

Eh bien les Tunisiens montrent dans ce sondage qu’ils ne sont ni bêtes ni suicidaires ! La deuxième partie de l’article est également intéressante car elle décrit ce que souhaitent ces derniers.

Le populiste, «Robespierre» et la nostalgique

Le sondeur nous dit qu’il y a trois personnes qui se situent aujourd’hui au haut de sondages : un populiste (Nabil Karoui), un «Robespierre» (Kaïs Saïd) et une «nostalgique» de l’ancien régime Abir Moussi.

Que faut-il en penser ?

Qu’il y ait dans le lot un populiste ce n’est guère étonnant et c’est le lot de pratiquement toutes les démocraties à ce jour ; et comme ce candidat a de l’argent, la maîtrise d’un puissant média et une forme de démagogie par la pratique de la charité, il surfe sur les frustrations d’une grande partie de la population.

Il faut cependant que les Tunisiens se disent deux choses : la première c’est que l’argent et la maîtrise d’un média n’a jamais fait une politique et que le personnage n’est pas très sûr car il n’hésitera pas à faire alliance avec les obscurantistes pour parvenir à ses fins, ce qui aboutirait à recommencer comme avant et à perdre du temps.

Plus généralement les Tunisiens devraient constater que tous les populistes échouent et que leur échec apparaît très vite à l’usage du pouvoir et de ses contraintes. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement en Italie et au Brésil par exemple où les électeurs tentés par le populisme sont en train de comprendre qu’ils échoueront et que rien ne sera réglé. Et que dire du Brexit que les populistes ont vendu aux Anglais mais lâchement se sont retirés pour ne pas avoir à l’assumer laissant à une classe politique désemparée le soin de résoudre ce casse-tête chinois qu’il est devenu pour tout le monde ! Autrement dit que les discours sont une chose et les actes une autre.

Le deuxième candidat qui émerge serait l’universitaire Kaïs Saïd, un «Robespierre» amateur d’ordre ! Mais là encore les Tunisiens sont suffisamment informés pour savoir que ce personnage, au demeurant sans charisme – et il en faut en politique – est un conservateur donc proche des islamistes et qu’il serait, lui aussi, capable de renouer l’alliance désastreuse !

Reste Abir Moussi, la présidente du Parti destourien libre (PDL) que le sondeur qualifie de «nostalgique» de l’ère Ben Ali. Cette qualification est un peu courte, ne tient pas compte de beaucoup d’éléments et devient fausse.

Pour Moussi, le mal est dans le régime voulu par les islamistes

Que Abir Moussi ait été au RCD (avec un rôle très mineur au point que personne n’a pu l’accuser de faits graves; ce qui n’aurait pas manqué si ces faits avaient existé !) fait qu’elle fait partie de ces très nombreux Tunisiens nostalgiques d’un temps où tout allait mieux; et qui réalisent que leur «révolution» a servi aux Frères musulmans pour mettre à genoux le pays avec en prime l’insécurité et le terrorisme avec ses milliers de morts depuis qu’ils ont débarqué dans le pays tels des rapaces pour le ruiner, étant devenu leur butin de guerre. Par contre le temps a passé et une personne intelligente comme elle en a tiré, comme beaucoup, des leçons.

Abir Moussi a vu ses concitoyens profiter de la liberté d’expression, de la liberté de manifester, elle a vu le rôle important et souvent déterminant de la société civile. Il est clair (il n’y a qu’à lire son projet de Constitution) qu’elle ne songe pas un instant à rétablir une dictature; ce qu’aucun Tunisien n’accepterait.

Par contre, elle est la seule à avoir analysé politiquement les causes des échecs actuels, de la régression du pays. Elle a démontré que ces échecs venaient, pour l’essentiel, d’une Constitution voulue par les islamistes et d’un régime électoral également voulu par eux pour rendre le pouvoir totalement impuissant.

Au point qu’aucun grand projet n’a pu voir le jour; et que les politiques, impuissants, n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la Cour Constitutionnelle, pièce maîtresse de l’organisation politique, ni sur le projet d’égalité dans l’héritage. Et quand une institution existe, comme la Haica chargée de contrôler les dépassements dans l’audiovisuel, elle est empêchée d’agir ainsi que l’a clairement indiqué un de ces membres par cette même impuissance du pouvoir.

Elle a aussi montré que la présence des islamistes, adversaires en réalité de la démocratie, du progrès et des libertés, était un frein au développement du pays.

Elle a montré que la multiplicité anarchique des partis, l’absence de toute conviction sérieuse ne pouvait que conduire à la situation que déplore à juste titre, tant de Tunisiens.

Et ce qu’elle veut ce n’est pas, contrairement à ce qui s’écrit ici ou là, le retour de la dictature mais une réelle démocratie non pas impuissante mais forte ce qui est constitutionnellement possible et qu’elle a inscrit dans son projet.

Il résulte donc de l’analyse des sondages que les Tunisiens rejettent tous les hommes du système, c’est à dire ceux qui acceptent le «consensus» avec les islamistes qu’impose leur chef Rached Ghannouchi; et par conséquent, que Abir Moussi est indiscutablement la mieux placée et la plus sûre pour sortir le pays du désastre dans lequel il se trouve et que constatent, chaque jour, les Tunisiens.

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