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Tunisie : En attendant les grandes surprises des prochaines élections

À quelques semaines des présidentielles et législatives, la scène politique tunisienne est en pleine effervescence. Mais au-delà des tergiversations, des louvoiements et des tentatives de repositionnements, les partis au pouvoir risquent d’essuyer un camouflet électoral retentissant.

Par Amor Abbassi *

L’état d’instabilité, de décomposition et d’effritement que l’on observe aujourd’hui au sein des partis au pouvoir, les bouleversements récents et continus au sein des partis et des blocs parlementaires dictés par le soucis de se repositionner dans la scène politique plutôt que de celui de défendre les intérêts des électeurs, dénotent leur fragilité d’une part, et augurent d’autre part, d’une transformation imminente et imprévisible de tout le paysage politique en Tunisie.

Face à la montée de Nabil Karoui et Abir Moussi

En outre, cette effervescence est accentuée par l’émergence du Parti destourien libre (PDL) depuis 2016, qui propose l’amendement de la Constitution tout en proposant un programme politique, économique et social assez consistant, et la dernière annonce de candidature de Nabil Karoui, patron de Nessma TV, aux présidentielles ainsi que sa participation à travers ses propres listes aux législatives.

La montée en force de ces deux acteurs politiques vient accentuer le désarroi et perturber les positions et les plans des partis au pouvoir, qui ont dilapidé le capital de confiance de leurs électeurs, qui leur permit, en 2014, d’arriver au pouvoir.

En effet, les partis au pouvoir, principalement Ennahdha, Nidaa Tounes et Tahya Tounes, né dune scission au sein de ce dernier, sont conscients, sans avoir le courage de le déclarer ouvertement au peuple, de leur échec dans la gouvernance du pays, et pourtant, ils sont déterminés à préserver leur position malgré le déclin évident de leur popularité, quitte à perturber et à violer le processus démocratique en cours.

Vue la menace que représentent ces deux nouveaux concurrents, qui semblent être, d’après des sondages dignes de foi, occuper les premières positions, devançant de beaucoup les partis au pouvoir, ces derniers vont tenter par tous les moyens possibles de freiner leur ascension voir même de les empêcher d’exercer leurs droits constitutionnels en invoquant divers motifs, justifiés ou fabriqués.

Respecter les changements survenus dans l’opinion publique

Cependant, toutes les manigances et les recours malicieusement préparés seront voués à l’échec, d’autant plus que l’électeur tunisien est actuellement en état d’éveil vigilant, ce dont témoigne l’empressement de nombreux citoyens, jusque-là passifs, à s’inscrire sur les listes électorales. Ce qui signifie que cette détermination qu’expriment déjà les intentions de vote dans les sondages pèsera dans les bureaux de vote le jour du choix des députés et du président de la république.

C’est pourquoi, il est vivement conseillé aux partis au pouvoir de ne pas tenter de perturber le bon déroulement des campagnes en cherchant à freiner déloyalement leurs concurrents, d’accepter la réalité des changements survenus dans l’opinion publique et de respecter les règles du jeu démocratique, qui consistent, surtout, à s’incliner devant la volonté du peuple, exprimée par le verdict des urnes.

* Ingénieur général du génie maritime.

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