Bien que la plupart des personnalités figurant sur la liste gouvernementale préparée par Habib Jemli soient connues pour être proches d’Ennahdha, le mouvement islamiste ne cesse de manifester ses réserves par rapport à certains noms. Est-ce vraiment sincère ou est-ce simplement une manœuvre médiatique pour faire croire à l’opinion publique que Habib Jemli est, contrairement à beaucoup d’indications évidentes, réellement indépendant ?
Aujourd’hui, 5 janvier 2020, le chef du conseil de la Choura du mouvement islamiste, Abdelkarim Harouni, a déclaré, lors d’une conférence de presse tenue à la suite de la réunion dudit conseil, que le chef du gouvernement désigné par son parti, Habib Jemli, avait dévié de la politique du mouvement, mais qu’il ne s’était pas rebellé contre lui. Pas tant que ça, tout de même ! Une marionnette qui se rebelle contre son créateur, on n’a pas encore vu ça !
M. Harouni a ajouté qu’Ennahdha a des réserves sur certaines personnes proposées par Habib Jemli pour assumer des portefeuilles ministériels, «en raison du manque de compétence de certains et des doutes sur l’intégrité des autres», assurant que son mouvement demandera certains ajustements dans le cadre de ce qui est permis par la constitution.
Pour rappel, d’après certains politiciens, à l’instar de Ghazi Chaouachi (Attayar) et Mongi Rahoui (Front populaire), la composition gouvernementale proposée par M. Jemli ne peut plus être modifiée, selon la constitution, avant l’exercice du vote de confiance par les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et ce après avoir déjà été transmise au président de la République et soumise au parlement.
L’islamiste a, par ailleurs, déclaré que les consultations avec M. Jemli se poursuivront au sujet du programme et des priorités du gouvernement, qu’il a qualifié de «gouvernement de la réalisation», soulignant, d’autre part, que la décision de la Choura de le soutenir engage toutes les structures et tous les membres d’Ennahdha. Le contraire nous aurait sans doute surpris.
Ceux qui ont cru rapidement à une hypothétique division d’Ennahdha à propos d’un gouvernement Ennahdha-Qalb Tounes en ont eu pour leur frais. Les obscurantistes n’ont jamais eu de problème avec la corruption. On peut même dire qu’ils préfèrent des corrompus qu’ils tiennent en laisse à des gens intègres capables de leur opposer une résistance farouche.
C. B. Y.
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