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Néji Jalloul ou l’enfumage médiatique

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Les ambitions politiques de Néji Jalloul ne devraient pas lui faire oublier d’engager sérieusement l’éducation sur la voie de la réforme, loin de la politique-spectacle.

Par Salah El-Gharbi

L’Education est le département qui a le plus souffert de la politique irresponsable du «régime de Ben Ali», une politique d’improvisation mise en place au service de la pérennité d’un pouvoir peu soucieux des énormes défis que le pays se devait de relever.

Après la chute de l’ex-dictateur, le 14 janvier 2011, et durant quatre années, on n’a assisté, côté Bab Benat, où siège le ministère de l’Education, qu’à des actions désordonnées, à l’image d’un pays agité par les tumultes de la politique. Avec la nouvelle législature, l’avènement du gouvernement Habib Essid et la nomination de Néji Jalloul au chevet de ce département malade, l’espoir renaît, celui de voir notre école retrouver de la sérénité et s’engager sérieusement sur la voie de la réforme. Hélas ! Un an après, quel bilan !

Parades et déclarations tonitruantes

En effet, depuis plus d’une année, on n’a eu droit qu’aux parades et déclarations tonitruantes du nouveau ministre, passant d’un plateau à un autre, exubérant, répandant la bonne nouvelle sans pour autant qu’on constate de réels changements dans le domaine éducatif et sans que des actions concrètes aient été entreprises au profit de l’école et de l’avenir de nos enfants.

Dans nos établissements scolaires, rien n’a changé. L’absentéisme aussi bien des professeurs que celui des élèves, une administration débordée, réduite à gérer le désordre (dans combien de lycées de la capitale, les cours commencent-ils à l’heure?)…

Manifestement, grisé par les «sondages» d’opinions qui lui seraient favorables, obsédé par la promotion de son image médiatique, notre ministre multiplie les déclarations intempestives et les décisions hâtives, parfois dénuées de sens, loin des attentes de tous ceux sont concernés par l’«Educatio». En permanence dans la séduction, féru des coups de communication, M. Jalloul ne fait que gesticuler au grès de l’actualité, à savoir : Bourguiba, la Palestine, le terrorisme…

Mais pourquoi vous criez M. Jalloul?

Le «carnaval» du bac sport, «encadré cette année par le ministère», vient, une fois encore, témoigner des limites de cette politique du spectaculaire. Cet «événement national» a été aussi l’occasion de montrer les failles d’un dispositif basé sur la médiatisation à outrance quand, le «ministre le plus populaire du gouvernement» a été interloqué par un lycéen qui n’avait pas la langue dans sa poche, lui reprochant certaines décisions mal venues. «Donnez-moi un exemple !», riposte M. Jalloul avec assurance. Et sans se laisser intimider, le jeune homme lui a rappelé sa décision à propos de l’introduction d’un cours sur «Bourguiba à l’école». «Je dois tout à Bourguiba…» Dans sa réponse un peu démagogique, non seulement, notre docteur ès histoire était peu convaincant, mais il était sur la défensive en criant trop fort pour se faire entendre, ce qui a amené le lycéen à lui rétorquer : «Mais pourquoi vous criez? »… Pathétique !

Il étonnant que dans le gouvernement Essid, les ministres qui agissent le plus soient ceux qui parlent le moins. Ainsi, les Tunisiens attendent beaucoup que leur ministre de l’Education fasse plus pour l’éducation de leurs enfants qu’il ne le dise. Ils veulent moins de gesticulations, mais plus d’actions réfléchies et plus de réformes en profondeur dans un domaine aussi sinistré.

M. Jalloul est suffisamment intelligent pour comprendre que la discrétion et l’humilité sont des vertus nécessaires pour qu’il réussisse dans sa noble mission. Ses ambitions politiques aussi légitimes soient-elles ne devraient en aucun cas lui faire oublier les défis qui l’attendent pour les années à venir.

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