L’Union pour la Méditerranée (UpM) se cherche un nouveau secrétaire général. Un autre Marocain est pressenti à la tête de l’organisation. La Tunisie est, une nouvelle fois, hors jeu.

Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles


Depuis la nomination de Youssef Amrani, début janvier, en tant que ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, au sein du gouvernement marocain, le poste de secrétariat général de cette organisation commune à 43 pays d’Europe, de la rive sud de la Méditerranéenne et des Balkans, était à pourvoir.

La Tunisie, éternelle favorite

La logique diplomatique voudrait que la Tunisie soit favorite pour ce poste dans la mesure où la Tunisie était déjà favorite lors de la précédente nomination mais le lobbying marocain avait été plus productif (cf : ‘‘Le Maroc brûlerait la politesse à la Tunisie’’). Mais il semblerait que la diplomatie tunisienne n’aime pas retenir les leçons du passé.

 


Fathallah Sijilmassi

Contre toute attente, le Maroc remettrait le coup, puisque c’est à nouveau un Marocain qui part largement favori en coulisses. En effet, c’est l’actuel directeur de l’Agence marocaine de développement des investissements (Amdi), Fathallah Sijilmassi, qui est plébiscité pour l’instant.

Selon plusieurs sources, le candidat marocain aurait déjà le soutien de la France, de l’Espagne et de… la Tunisie ! La carrière diplomatique de M. Sijilmassi (Paris, Otan, Bruxelles...) joue certes en sa faveur, et il dispose d’un atout non négligeable : il a été chef de mission du Maroc auprès de l’Union européenne. Il serait donc peut être temps que la Tunisie réfléchisse sérieusement, comme le suggère le lobbyiste tunisien Ghazi Mabrouk (cf : Ghazi Mabrouk, haut représentant du Pdp auprès de l’Union européenne), de dissocier physiquement notre ambassade de Bruxelles en deux instances, une auprès du Royaume de Belgique et l’autre auprès de l’UE. La diplomatie tunisienne en gagnerait en efficacité et en lobbying, car après avoir du céder le siège de l’UpM au profit de l’Espagne (Barcelone), et perdre à plusieurs reprises le poste de secrétaire général, il serait temps de réinvestir les institutions européennes de manière efficace.

Il faut noter que le Maroc, qui dispose donc d’une ambassade ad hoc auprès de l’UE, a obtenu le «statut avancé» depuis 2008. La Tunisie qui est le premier pays méditerranéen à avoir eu un accord d’association avec l’UE en 1995, attend toujours ce «statut avancé».

L’UpM muette sur la Syrie

Le choix du nouveau secrétaire général de l’UpM sera décidé très prochainement, soit le 10 février, à Bruxelles, lors d’une réunion de l’instance des hauts fonctionnaires de l’UpM, soit lors de l’Assemblée parlementaire de l’UpM qui se tiendra le 17 février à Rabat, au Maroc !

L’UpM, qui regroupe 43 pays, a été créée, sur proposition du président français Nicolas Sarkozy, lors du sommet de Paris, le 13 juillet 2008, pour pallier l’échec du Processus de Barcelone de 1995, en raison de l’enlisement du processus de paix au Proche-Orient. Mais trois ans et demi plus tard, l’UpM n’arrive toujours pas à faire ses preuves. Le «Printemps arabe» n’a pas facilité les choses dans la mesure où le coprésident de cette institution intergouvernementale n’était autre que l’ancien président égyptien Hosni Moubarak et l’ancien président Ben Ali faisait figure de soutien solide à ce projet. Il faut ajouter à cela l’intervention de l’Otan en Libye, la situation actuelle en Syrie, sans aucune réaction de l’UpM.

Cette même Union qui, à ses débuts, s’annonçait pourtant comme garante des droits des peuples du sud et prônait les valeurs de liberté, de justice et de meilleure répartition des richesses nationales. Ainsi Renaud Muselier, le nouveau président de l’Institut du monde arabe (Ima, Paris) et président du Conseil culturel de l’UpM, qui représentait la France pour la célébration du 1er anniversaire de la révolution tunisienne, a reconnu que l’UpM était «gravement abîmée» et qu’elle «subissait la révolution arabe» de plein fouet.

L’organisation d’un deuxième sommet après celui de Paris a été annoncée à plusieurs reprises avant d’être reportée sine die. Il est peu probable qu’il soit organisé avant la stabilisation de la situation dans les pays sud-méditerranéens. Soit, au meilleur des cas, dans quelques années.