Les Tunisiens, qui ont chassé Ben Ali après 23 ans de dictature et les islamistes après 2 ans de gouvernance catastrophique, vont-ils enfin chasser les squatteurs du Palais du Bardo?
Par Moez Ben Salem
Lorsque les Tunisiens s'étaient rendus aux urnes, un certain 23 octobre 2011, ils pensaient voter pour élire des membres d'une Assemblée nationale constituante (ANC), dont la mission était la rédaction d'une nouvelle constitution, dans un délai ne dépassant pas une année. Mais nos compatriotes allaient rapidement déchanter et se rendre compte que les évènements n'allaient pas se dérouler de la manière espérée.
En effet, les élus, forts de certains avantages mirobolants qu'ils s'étaient auto-attribués, forts de leur immunité parlementaire, allaient tout faire pour s'accrocher à leurs fauteuils.
Vingt six mois durant, ils allaient offrir aux téléspectateurs tunisiens médusés des spectacles pitoyables associant les menaces de mort lancées par Sadok Chourou et Habib Ellouze, les vociférations hystériques de Samia Abbou, les crises de pleurs de Aymen Zouaghi, les débilités proférées par Sonia Toumia, les mensonges de Azed Badi, sans oublier le comportement «clownesque» du tristement célèbre Brahim Kassas.
Dans ce capharnaüm rassemblant une minorité de personnes honnêtes et compétentes et une majorité de personnages incompétents et cupides, les débats allaient atteindre, par moments, des niveaux de bassesse inégalés!
Brahim Kassas, l'emblème caricatural d'une Assemblée devenue très impopulaire.
Finalement, après une interminable attente et un retard de 14 mois, l'Assemblée constituante a réussi à «pondre» une nouvelle constitution, acceptable pour la Tunisie postrévolutionnaire. Mais les Tunisiens n'étaient pas au bout de leurs mauvaises surprises. Alors qu'ils espéraient voir enfin déguerpir les élus, ces derniers se sont accrochés à une pseudo-légitimité périmée et ont continué à squatter l'hémicycle du Bardo, le transformant en Assemblée législative. Scotchés à leurs fauteuils, ils créent de faux problèmes et se font les hérauts de causes qui ne sont pas de leur ressort. Pire, ils se permettent même de convoquer, d'auditionner et de menacer de destitution des ministres dont la compétence dépasse 100 fois la leur, des ministres qui se dévouent corps et âme pour tenter de redresser une situation économique désastreuse!
Pour couronner le tout, l'un d ces chers députés, le fameux Brahim Kassas, est carrément entré en transe, traitant les femmes tunisiennes comme des moins que rien et tentant même d'agresser physiquement l'un de ces collègues!
Trop, c'est trop, ça devient intolérable et insupportable!
Il est clair que les squatteurs de l'hémicycle du Bardo ne vont pas le quitter de leur plein gré, d'autant que la majorité d'entre eux savent qu'ils n'ont aucun avenir politique, qu'ils n'ont aucune chance de faire partie d'une future Assemblée nationale. Beaucoup vont revenir à l'anonymat qui était leur lot avant leur entrée à l'Assemblée.
Les Tunisiens, qui ont réussi à chasser Ben Ali après 23 ans de dictature et à chasser les islamistes après deux années de gouvernance catastrophique, sont amenés à nouveau à se mobiliser, à descendre dans la rue et à crier haut et fort aux usurpateurs de partir. C'est à ce prix qu'ils pourront retrouver la quiétude et aspirer à un avenir meilleur!
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