Pour redynamiser l'économie et créer des emplois, le gouvernement cherche à attirer de nouveaux investisseurs, mais qu'a-t-il fait pour garder ceux déjà établis en Tunisie?
Par Wided Ben Driss*
Une louable initiative est en cours et qui rassemblera des délégations de pays industrialisé et d'institutions bancaires internationales dans une conférence internationale, le lundi 8 septembre 2014 à Tunis, sous un thème ''Invest in Tunisia, a Startup democracy''.
L'objectif de cette conférence est d'encourager de nouveaux investisseurs à créer des projets en Tunisie afin de relancer l'économie et de créer des emplois.
La Tunisie qui n'est plus accueillante
Les membres du gouvernement, le président de la république ainsi que le président de l'Assemblée constituante ont effectué de maintes visites en Europe, en Afrique, au Canada et aux Etats-Unis dans le but de présenter la Tunisie en tant que partenaire économique crédible et de chercher des investisseurs. On ne peut juger dans l'immédiat des résultats de tels efforts, qui peuvent prendre des années à se concrétiser.
Une question cependant se pose : qu'a fait le gouvernement pour les investisseurs déjà établis en Tunisie?
Tout le monde a entendu parler, au lendemain de la révolution de janvier 2011, du problème des hommes d'affaires interdits de voyage, souvent soulevé par l'Utica, mais on n'a jamais connu leur nombre exact ni les solutions trouvées à leur situation. Ce qui est sûr, cependant, c'est qu'il y a beaucoup d'entreprises qui ont quitté la Tunisie pour aller investir au Maroc ou ailleurs, mais le plus loin de la Tunisie qui n'est plus accueillante.
La régression des investissements et la fermeture des sociétés n'ont fait qu'augmenter le nombre de chômeurs en Tunisie. Dans le secteur pétrolier, l'un des plus affectés, l'activité a diminué depuis 2011 jusqu'à l'arrêt en 2014 où il n'y a eu aucune attribution de nouveau permis de recherche, situation jamais connue, parait-il, depuis l'indépendance.
La comparaison des cartes du domaine minier la Tunisie de 2010 et de 2013 reflète la situation alarmante du secteur. Les compagnies qui font de la prospection ou de la recherche sont contraintes à geler leur activité mais sans beaucoup de pertes financières.
Ces opérateurs producteurs bloqués
Le problème, en Tunisie, c'est celui des opérateurs producteurs de pétrole et de gaz. Sans parler des sit-in et des grèves de demandeurs d'emploi et des riverains des champs pétroliers et des infrastructures de traitements, ces opérateurs producteurs se trouvent bloqués, en attente de l'approbation de l'ANC de leurs demandes d'extensions de leurs permis de recherche, demandes déjà approuvés par le Conseil consultatif des hydrocarbures (CCH), le ministère de l'Industrie et le Premier ministère. Ce blocage a privé la Tunisie de nouveaux forages pétroliers et d'opportunités de faire de nouvelles découvertes et d'améliorer la production énergétique en déclin de notre pays.
On s'interroge sur les raisons de ce blocage par l'ANC, sans avoir de certitudes sur les causes de cette situation qui semblent être la conjugaison des tiraillements politiques, le manque de maitrise des lois régissant le secteur pétrolier par la majorité de nos élus et des magouilles des courtiers. (''Le secteur pétrolier en Tunisie entre info et intox'').
Les operateurs producteurs en Tunisie sont des investisseurs qui méritent des encouragements et pas les blocages qui, en fin de compte, se répercutent négativement sur notre économie et sur les emplois des Tunisiens qui travaillent dans ces compagnies.
Depuis début août 2014, un signal positif à été émis par le ministre de l'Industrie en relançant l'activité de la CCH qui a traité plusieurs dossiers bloqués. Le message du Premier ministre, hier, jeudi 4 septembre 2014, semble suivre la même onde positive et laisse espérer une rapide résolution des dossiers en attente (Mehdi Jomaa: «Personne n'a le droit de bloquer les permis pétroliers»).
En conclusion, nous dirons que chercher de nouveaux investisseurs, c'est bien, savoir encourager ceux qui sont déjà présents dans le pays à investir plus c'est encore mieux, mais le plus important c'est que la Tunisie trouve les moyens de créer de nouvelles richesses par ses propres ressources et avec les cerveaux et les bras de ses enfants.
* Exploration manager.
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