Moncef Marzouki, au lieu de se contenter d'être un écrivain aux dons certains, s'est fourvoyé dans un domaine qui lui est plutôt étranger: la politique.

Par Jamila Ben Mustapha*

Dans sa réponse à leur appel, le président provisoire a absolument voulu persuader de ses compétences les membres du collectif "Vérité et Justice" dont fait partie Gilbert Naccache, et qui se sont adressés aux 2 candidats du deuxième tour de la présidentielle, dans le but de leur rappeler leurs devoirs envers la Révolution.

L'histoire d'un dévoiement

Moncef Marzouki a fait briller, dans ce but, tous ses dons littéraires dans une perspective de séduction évidente. Il a voulu, aussi, faire appel à leur pitié en évoquant, s'il échoue, les perspectives de retour à l'exil, ou même à la prison, comme l'ex-président égyptien Mohamed Morsi.

Sa démarche n'a pas réussi comme le montrent autant la brève réponse de G. Naccache que surtout, celle, plus développée, du Collectif.

Notre nette impression est que M. Marzouki, au lieu de se contenter d'être un écrivain aux dons certains, s'est fourvoyé dans un domaine qui lui est plutôt étranger: la politique; et à cette fin, il a utilisé le moyen le moins recommandable: proposer ses services à un courant totalement à l'opposé de ses convictions d'origine: l'islamisme.

En effet, la lecture de ses livres écrits au cours des trois dernières décennies montre que leur thème essentiel est la volonté de construction, en Tunisie, d'une démocratie tout-à-fait profane, la religiosité ne faisant absolument pas partie de ses préoccupations. Toute sa carrière politique officielle d'il y a 3 ans est ainsi l'histoire d'un dévoiement.

En un mot et d'après nous, il s'est trompé de métier; c'est essentiellement un intellectuel qui, par avidité vis-à-vis du pouvoir, s'est dirigé, pour le malheur de ses compatriotes, vers un métier pour lequel il n'est pas fait.

Séduction, appel à la commisération de l'autre, mais aussi, populisme ne sont pas les armes que doit utiliser un professionnel de la politique, dans la réponse qu'il se doit de faire, à un appel de représentants de la société civile.

C'est ainsi qu'une solution qu'il propose à l'appauvrissement de plus en plus grand des Tunisiens est dans l'invitation, entre autres, des ouvrières de Goubellat à déjeuner au Palais de Carthage, les transformant en autant de Cendrillon d'une nuit, ce qui ne les empêchera pas de retourner immanquablement à leur dure condition, par la suite! L'aide qu'il fournit à leur dénuement n'est pas de l'ordre du réel, mais du magique!

Narcissisme, égocentrisme et intérêt personnel

Autre point négatif: son narcissisme fait qu'il ne peut sortir de lui-même et de ses intérêts bien compris, pour être un homme d'Etat capable de percevoir sa personne comme subordonnée, avant tout, aux exigences d'une réalité grandiose qui nous dépasse tous: la Tunisie.

Pour preuve de ce que nous venons d'avancer, nous citerons l'appel qu'il vient de faire de la décision du Tribunal administratif de rejet de ses 8 recours remettant en question les résultats du premier tour de la présidentielle.

Cet acte montre qu'au moment où toute la Tunisie excédée et son économie bloquée attendent impatiemment la fin de l'interminable période transitoire, et l'organisation enfin, du deuxième tour de la présidentielle, ce qui compte pour lui, c'est seulement le triomphe de ses manoeuvres procédurières et de son amour-propre contrarié. C'est ainsi qu'actuellement, la vie de tout un pays est suspendue et subordonnée à ses caprices !

* Universitaire.

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