Munt écrit – L’appel du président Marzouki à tous les juifs qui ont quitté la Tunisie à revenir dans leur pays d’origine doit être salué comme une ouverture honnête et courageuse pour des retrouvailles de la grande famille tunisienne.


Les juifs tunisiens qui ont quitté le pays l’ont fait dans des circonstances exceptionnelles qui n’ont pas été encore été élucidées comme il faut. Il ne fait aucun doute que leur départ a été une perte pour la Tunisie et une pénible tragédie pour beaucoup d’entre eux, même s’ils se sont faits remarquer dans leurs divers pays d’accueil par un immense talent dont leur pays d’origine a été privé.

Je ne pourrai jamais oublier la terrible émotion qui a étreint Michel Boujenah sur un plateau de télé en France où il participait avec Marzouki à une émission en direct juste après la chute du despote Ben Ali. En sanglots, il a commencé à exprimer son amour pour la Tunisie libérée mais terrassée par la nostalgie, il a été incapable de poursuivre.

Quant au talent de diviseur de Sylvan Shalom, lui aussi né en Tunisie, qui a insulté la petite communauté juive de Tunisie en l’appelant à émigrer en Israël, il ne mérite que du dédain.
L’appel du président Marzouki à tous les juifs qui ont quitté la Tunisie à revenir dans leur pays d’origine doit être salué comme une ouverture honnête et courageuse pour des retrouvailles de la grande famille tunisienne.

Pendant des siècles musulmans et juifs ont coexisté côte à côte sous le même ciel. Le colonialisme français a semé la zizanie entre eux à un certain moment lorsqu’il a accordé des préférences aux Juifs en leur octroyant la nationalité française pour les assimiler. Mais beaucoup d’entre eux, au lieu de se laisser assimiler par la culture coloniale, ont préféré rester dans le giron traditionnel où ils se sentaient plus à l’aise. Ils ont continué à commercer dans les vieux souks arabes de même qu’ils ont continué à briller dans le domaine artistique traditionnel comme acteurs, chanteurs et musiciens. Des noms tels que celui du légendaire Raoul Journo ne sont pas prêts d’être oubliés.

L’artiste aux talents multiples Habiba Msika est une autre légende chère à ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’art en Tunisie. C’est avec tristesse qu’ils cultivent sa mémoire et parlent de sa fin tragique, brûlée vive par un coreligionnaire jaloux qui ne pouvait pas accepter de la voir épouser un musulman.

La coexistence entre juifs et musulmans en Tunisie a connu de grandes heures. Même dans leurs terres d’exil beaucoup de juifs tunisiens continuent à converser entre eux en arabe dialectal tunisien qu’ils ont transmis à leurs enfants et leurs créations artistiques dans le plus pur style tunisien n’ont pas encore tari.

Espérons que les paroles de Marzouki ne tomberont pas dans de sourdes oreilles.

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