Retour sur le dialogue Moncef Marzouki-Rached Ghannouchi sur le site d’Al-Jazira, et dont Kapitalis a rendu compte: deux utopistes qui veulent réécrire l’Histoire...

Par Rachid Barnat


Effarant débat! La Tunisie est dans la panade et certains se complaisent dans des discussions byzantines sur le sexe des anges!

Marzouki ne fait plus mystère de son panarabisme yousséfiste et Ghannouchi de son pan islamisme béat!

Or toutes ces utopies n’ont mené qu’à la ruine des civilisations qu’ils disent arabo musulmanes, mais surtout à la dictature la plus sauvage.

Les échecs cuisants du panarabisme et panislamisme

Le parti Baâth, expression du panarabisme à la Nasser, nous en voyons encore les effets. Pourtant, on a voulu en faire le parti rénovateur et unificateur de tous les pays arabophones! L’exemple de l’Irak et de la Syrie en démontre l’absurde réalité et l’échec de cette idéologie.

La fin tragique de Salah Ben Youssef ne doit pas occulter son utopie. L’Histoire a prouvé et démontré que la clairvoyance de Bourguiba était mieux indiquée pour la Tunisie. On peut reprocher à Bourguiba beaucoup de choses, mais il a épargné un bain de sang aux Tunisiens en procédant selon sa «politique des étapes»: elle était payante. Qu’il ait voulu arrimer la Tunisie à l’Europe, qui le lui reprocherait? Il n’y a qu’à voir l’état où se trouvent les pays arabes «fans» du panarabisme nassérien (l’Irak de Saddam Hussein, la Syrie de Hafedh El Assad et celle de son fils Bachar, la Libye de Kadhafi...)!

Un retard civilisationel, une léthargie de leur peuple alors que leurs chefs dilapidaient impunément leurs richesses, et plus particulièrement les hydrocarbures, à des fins égoïstement personnelles.

Quand Ghannouchi essaye de nous vendre que l’islam, mieux que la laïcité, serait porteur de liberté, de qui se moque-t-il? En réalité, il trompe le monde. Quel pays où l’islam est au centre de la politique accorde à son peuple la liberté? Peut-il citer un seul de ces pays? Est-ce l’Arabie Saoudite ou le Qatar? Est-ce le Yémen ou le Soudan? Ou encore l’Iran? De qui se moque-t-on?

Les bonnes idées de Bourguiba

Quant au fait que Bourguiba n’aurait pas été «un intellectuel», je dirai seulement qu’il était «un politique» qui comprenait l’évolution des sociétés et était même en avance sur son temps.

C’est lui qui a compris la nécessité d’une nation tunisienne, pour soustraire la Tunisie au panarabisme des uns et au panislamisme des autres.

C’est encore lui qui a compris la nécessité de se prémunir contre les deux blocs sortis de la deuxième guerre mondiale: l’Urss et les Usa.

Pour cela, il a rallié la Tunisie à l’Organisation des pays non alignés; et sur le plan intérieur il a su neutraliser le tribalisme dont on découvre combien ce système était utilisé par Kadhafi, pourtant nassérien et pan-arabiste, pour mieux dominer la Libye.

Quant aux intellectuels, ça peut être la meilleure et la pire des choses. Il suffit de penser à tous ces intellectuels de haut vol qui ont soutenu le communisme jusque dans ses crimes et dont nous tairons le nom par charité!

La Tunisie a besoin d’un homme politique dans le sens noble du terme.

Et les jeunes Tunisiens n’ont pas fait la révolution parce qu’ils doutaient de leur identité ou de leur foi. Ils l’ont faite pour réclamer la liberté, la dignité et le travail; faut-il le rappeler à tous ceux qui veulent dévoyer leur révolution!

Des rêveurs, les Tunisiens n’en ont que faire d’autant que ces utopistes veulent prendre leur revanche sur celui qui a ancré la Tunisie dans la modernité, la dotant d’institutions solides qui ont permis au pays de ne pas sombrer dans le chaos depuis le 14 janvier; faut-il le préciser. Ce qui n’est, hélas, pas le cas d’autres pays ayant fait ou sont entrain de faire leur révolution.

 

Marzouki-Ghannouchi des amis de 30 ans

La tunisianité pour identité

Il est curieux de la part de M. Marzouki, dont on dit qu’il a un sens aigu de l’Histoire, qu’il ne réalise pas que la troïka (la coalition tripartite au pouvoir) et le gouvernement Hamadi Jebali sont en train de soumettre la Tunisie à l’histoire millénaire à une bande de bédouins rétrogrades dont les richesses, qui semblent fasciner M. Ghannouchi et ses hommes, ne sont pas éternelles.

Que seront ces pays du Golfe et d’Arabie dans 50 ans quand leur pétrole sera épuisé? Est-ce là la vision d’un homme politique féru d’histoire que d’accepter qu’un pays pas plus grand que la Corse, n’ayant pas une histoire aussi riche et aussi ancienne que la Tunisie, décide de sa destinée?

La Tunisie fait partie de la civilisation méditerranéenne et non de la péninsule arabique. Il faut que Marzouki et son ami Ghannouchi comprennent cela une fois pour toute!

La Tunisie doit rester une nation indépendante avec sa tunisianité pour identité, n’en déplaise aux pan-arabistes et pan islamistes de tous bords !

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