Les deux tueurs et leur victime britannique, Sally Adey.
L’enquête publique sur la mort de la Britannique Sally Adey, dans l’attentat du Bardo, a été ouverte cette semaine. Principal accusé: le laxisme sécuritaire tunisien.
Par Marwan Chahla
D’entrée de jeu, lors de la première séance de cette enquête publique sur la mort de Sally Adey, un doigt accusateur a été pointé vers les services de la sécurité tunisienne qui avaient la charge, le 18 mars 2015, d’assurer la surveillance du musée national du Bardo.
Les agents de sécurité, qui étaient de faction ce jour-là au musée, «n’ont pas procédé à la fouille réglementaire de deux hommes fortement armés, avant que ces derniers ne donnent la mort à 22 personnes, y compris Sally Adey, citoyenne britannique de 57 ans, originaire Caynton, près de Shifnal dans le comté du Shropshire des West Midlands», indique le rapport préliminaire de la police judiciaire anglaise, qui consacre de longs passages aux détails des manquements sécuritaires tunisiens et au témoignage du mari de la victime, Robert Adey, 52 ans.
Mme Adey, qui était accompagnée par son époux lors de cette excursion organisée par le croisiériste MSC, a été tuée par une balle qui a transpercé son sac à main avant de venir se loger dans son abdomen.
Robert Adey a décrit le mouvement de panique qui a éclaté lorsque les deux terroristes ont fait irruption dans un des halls du musée et qu’ils ont commencé à tirer sur les touristes. Il a également raconté, aux enquêteurs, le moment où, dans cette confusion générale, il a découvert que sa femme a été atteinte par une des balles des tueurs. «Malheureusement, je ne m’étais rendu compte de rien, sur le coup… jusqu’à l’instant où, quelques minutes après le début du massacre, elle s’est tournée vers moi pour me dire ‘‘mon Dieu, Rob, j’ai été touchée…’’ C’étaient les derniers mots qu’elle a prononcés. Là, j’avais réalisé que quelque chose d’horrible était survenu. J’ai essayé de l’aider jusqu’à ce qu’on ait trouvé refuge, avec d’autres touristes, dans un balcon fermé du musée…»
Au cours de l’audience de mercredi 24 février 2016, des enregistrements vidéo des premiers instants de la tuerie ont été visionnés. Des photos, des croquis, les résultats de rapports scientifiques et autres éléments sur la tuerie du 18 mars 2015 ont été également présentés, à cette occasion – notamment des détails sur l’armement dont disposaient les tueurs, c’est-à-dire, leurs fusils d’assaut AK47, les centaines de munition et les grenades.
Le juge Ellery a ensuite donné la parole à l’inspecteur-détective Simon Harding, de la division antiterroriste de la Police métropolitaine, qui a notamment insisté dans son compte-rendu sur le fait que les assaillants ont accédé au musée du Bardo par le portail principal «sans avoir été inquiétés d’aucune manière (…). Yassine Laabidi et Jabeur Khachnaoui (les auteurs du massacre du 18 mars 2015, Ndlr) sont entrés ainsi, avec leurs sacs chargés d’une quantité importante d’armes, sans que personne ne les dérange. Sur le parking du musée, ils ont eu le temps de tuer de sang froid 9 touristes, avant d’entrer achever leur sale besogne… Au total, 22 personnes ont exécutées sauvagement.»
Telle est donc la version anglaise des faits… Elle porte un jugement sans appel sur les failles et le manque de rigueur dont souffrait, au moment des faits et peut-être encore aujourd’hui, le système sécuritaire de notre pays.
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