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Sihem Bensedrine va-t-elle demander une prolongation de sa mission ?

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Jusque-là, l’Instance Vérité et Dignité (IVD) se contente de communiquer sur le nombre important de requêtes reçues par ses services, mais quand va-t-elle commencer à les traiter ?

Cette instance chargée de la mise en œuvre de la justice transitionnelle a, on le sait, un mandat limité à 4 ans. Or, elle a déjà consommé plus de la moitié du délai qui lui est imparti à gérer ses problèmes internes (avec une cascade de démissions et de procès), à installer ses bureaux, à recruter ses agents et à recueillir des dossiers.

Reste l’essentiel du travail, dont on imagine l’ampleur, puisqu’on parle d’un total de 65.000 dossiers déposés auprès de ses services et qui doivent être examinés et traités, avec tout le travail d’écoute et d’enquête que cela nécessitera.

La très controversée présidente de l’IVD, Sihem Bensedrine, est contente d’annoncer que 58.000 dossiers ont déjà été introduits dans la base de données de l’Instance, comme si elle a été chargée d’une mission d’archivage, et ne semble pas trop s’inquiéter du temps qui passe et des délais qui se resserrent. Va-t-elle mettre les Tunisiens devant le fait accompli et exiger une prolongation de sa mission ? On peut sérieusement avoir cette crainte, tant Mme Bensedrine – si confortablement installée et si grassement payée, elle et son staff, ou ce qui en reste – semble prendre ses aises dans une mission qu’elle croit éternelle.

Pour revenir aux statistiques dont l’IVD prodigue, on notera que sur les dossiers reçus, 61% concernent des cas de violation recensés portent essentiellement sur la détention abusive, 59% autres sur l’atteinte à la liberté d’expression, d’information et d’édition et 56% impliquent la violation du droit au travail et à l’enrichissement.

Par ailleurs, 73% des requérants sont des hommes, 23% des femmes et 4% des personnes morales, selon les chiffres présentés par Mme Bensedrine lors d’une conférence de presse donnée vendredi au siège de l’Instance à Tunis. Quelque 1.515 dossiers ont été transmis par des Tunisiens à l’étranger par voie électronique, a-t-elle encore précisé.

Des youssefistes, des nationalistes arabes, des gauchistes, des islamistes, des syndicalistes, des défenseurs des droits de l’Homme et des minorités ont saisi l’IVD pour dénoncer les actes d’oppression qu’ils avaient subis entre juillet 1955 et décembre 2013 et réclamer dommages et intérêts, a-t-elle ajouté.

Plusieurs familles des martyrs et blessés de la révolution ont aussi eu recours à l’IVD, y compris les familles des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, tués par des extrémistes religieux en mars et juillet 2013.

Selon son président Khaled Krichi, cité par l’agence Tap, la commission de réconciliation de l’IVD va continuer à accepter les dossiers relatifs à la corruption financière, précisant toutefois qu’elle ne va pas révéler les noms des auteurs de violations avant de conclure avec eux un accord de conciliation, conformément à la loi de protection des données personnelles.

I. B.

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