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Depuis son yacht, le milliardaire Youssef Zarrouk célèbre la révolution

Youssef Zarrouk, jadis grand ami de Slim Chiboub et Belhassen Trabelsi, est devenu après 2011 un révolutionnaire. Et alors? Où est le problème? Le riche intermédiaire est un révolutionnaire de la 25e heure et il l’assume fièrement.

Par Imed Bahri

Hier, lundi 17 décembre 2018, coïncidait avec la huitième année de l’auto-immolation par le feu du jeune marchand ambulant Tarek Bouazizi dit Mohamed, événement ayant conduit à la chute du régime autoritaire de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, régime avec lequel l’intermédiaire Youssef Zarrouk a travaillé étroitement et dont il était très proche du premier au dernier jour.

À l’occasion de cette commémoration, M. Zarrouk a écrit le statut suivant sur sa page Facebook: «Une pensée pour ce héros qui s’est immolé par le feu, un 17 décembre 2010. Mort en martyr Bouazizi restera le symbole de notre révolution. Paix à son âme. Vive la Tunisie.»

Quelle flexibilité! Quelle aisance de s’incliner devant les régimes successifs! Quelle maestria dans l’art de s’incliner devant les régimes successifs! L’intermédiaire fut un proche d’El Mejda, surnom de l’ancienne première dame Wassila Bourguiba dont il est resté ami du neveu Tarak Ben Ammar puis après la déposition du président Bourguiba, Youssef est devenu un grand ami du gendre du nouveau président Ben Ali, Slim Chiboub, qu’il a initié d’ailleurs au métier d’intermédiaire, puis M. Chiboub est tombé en disgrâce après le mariage de Ben Ali avec Leïla Trabelsi. À ce moment-là, Youssef Zarrouk a laissé tomber M. Chiboub et s’est rapproché des Trabelsi. Il est devenu ami avec le frère de la première dame, Belhassen Trabelsi, marié à Zohra Djilani, la fille de l’homme d’affaires et ancien président de l’Utica, Hedi Djilani et nièce… de Youssef Zarrouk.

Youssef, grand amoureux d’Aragon devant l’Éternel, a-t-il étoffé la culture poétique de M. Trabelsi en le fréquentant? En tout cas comme Youssef est la figure tutélaire du club nautique de Sidi Bou Saïd, il a fait de Belhassen un pilier du club.

Et puis vint la révolution. Croyez-vous que Youssef est devenu une victime collatérale de la révolution? Et bien non. Tout simplement, il est devenu révolutionnaire. Est-il devenu révolutionnaire depuis la table de poker du club nautique de Sidi Bou Saïd ou en caressant Fa-Raon, le chat du Bristol, le palace de la rue du Faubourg-Saint-Honoré à deux pas de l’Elysée où Youssef a ses habitudes parisiennes – normal, Youssef adore être proche du pouvoir, n’importe quel pouvoir –? On ne sait pas où, au club nautique ou au Bristol, mais Youssef est devenu révolutionnaire. Pis encore, il a invité M. Marzouki, alors futur président provisoire tunisien, à dîner chez lui, en décembre 2011, quelques jours avant que ce dernier n’accède au Palais de Carthage. Il devint aussi copain du très controversé Nébil Karoui, pilier du milieu politico-affairiste post-14 janvier.

Il devint par la suite aussi un indéfectible soutien de Béji Caïd Essebsi qu’il commence à peine à critiquer aujourd’hui alors qu’il s’approche de la fin de son mandat. Et s’il a fréquemment critiqué Youssef Chahed, si M. Chahed deviendra président, Youssef Zarrouk le soutiendra et se rapprochera de lui ou de l’un de ses gendres! Euh pardon! La fille de M. Chahed est encore trop jeune et n’a pas encore de mari pour que Youssef Zarrouk se rapproche de lui et l’initie au métier d’intermédiaire comme il l’a si bien fait avec M. Chiboub.

Ne vous cassez pas la tête, Youssef Zarrouk trouvera un moyen pour se rapprocher de Youssef Chahed, une fois président ou quelque temps avant. Youssef Zarrouk sera toujours proche du pouvoir comme il l’a toujours été. Mais lui, le bon musulman et le soufi – comme il aime à le rappeler sur sa page facebook – si le diable devient président de la république? Le soutiendra-t-il? Deviendra-t-il l’ami de son gendre? Il faudra se rendre au club nautique ou au Bristol pour obtenir la réponse.

«Edenya maa el wékif» tel est la devise de l’intermédiaire Youssef Zarrouk. Le cri «Le Roi est mort, vive le Roi!» a été entendu non pas à Versailles mais au club nautique de Sidi Bou Saïd.

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