A quelques mois de la prochaine présidentielle en Tunisie, personne, y compris probablement le président de la commission électorale, n’en connaît encore la date exacte, comme ne cesse de le rappeler l’opposition, sans recevoir de réponse à ses interrogations. Les électeurs, quant eux, ne semblent pas montrer un grand intérêt à cette échéance électorale dont dépend pourtant leur avenir.
Imed Bahri
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) doit œuvrer à imposer le respect des dispositions régissant le processus électoral, a souligné le président de la République, Kaïs Saïed, en recevant le président de la commission électorale, Farouk Bouasker, vendredi 7 juin 2024, au Palais de Carthage.
Selon un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’Etat a insisté, notamment, sur le respect des dispositions contenues dans le texte de la Constitution de 2022, en l’occurrence l’article 89 et la loi organique relative aux élections et aux référendums.
Cet article, rappelons-le, stipule que «la candidature au poste de Président de la République est un droit reconnu à tout tunisien ou tunisienne, qui n’est pas titulaire d’une autre nationalité, né(e) de père et de mère, de grands pères paternel et maternel tunisiens, demeurés tous de nationalité tunisienne sans discontinuité». Il stipule également que «le candidat ou la candidate doit être, au jour du dépôt de sa candidature, âgé(e) de quarante ans au moins et jouir de ses droits civils et politiques» et que «la candidature est présentée à l’Instance supérieure indépendante pour les élections selon les modalités et conditions prévues par la loi électorale.»
Le chef de l’Etat a par ailleurs appelé la commission électorale à faire encourir les sanctions légales à l’encontre de tout «contrevenant de quelque partie que ce soit» qui violerait le dispositif électoral, indique encore le communiqué.
Le président de la République a également rappelé que la Tunisie a toujours respecté les échéances permettant au peuple tunisien, détenteur de la souveraineté, de librement exprimer sa volonté.
Il a rappelé, à ce propos, l’organisation d’une consultation nationale, le référendum sur le projet de Constitution du 25 juillet 2022 et la tenue des élections des membres de l’Assemblée des représentants du peuple et l’élection de ceux du Conseil national des régions et des districts, laissant ainsi entendre que les prochaines présidentielles auront bien lieu au courant de l’automne prochain, soit cinq ans après celles de 2019 qui lui ont permis d’accéder lui-même à la magistrature suprême.
Il n’en reste pas moins qu’à quelques mois de cette échéance, personne, y compris probablement le président de l’Isie, n’en connaît encore la date exacte, comme ne cesse de le rappeler l’opposition, sans recevoir de réponse à ses interrogations. Ce qui laisse planer le mystère et le doute au sujet de ces élections dans une scène politique marquée par l’incarcération d’un grand nombre d’opposants, poursuivis dans des affaires de complot contre la sûreté de l’Etat.
Si les choses semblent très claires et ne souffrent d’aucune ambiguïté, c’est seulement dans l’esprit du président de la république, probablement le seul à connaître la date exacte des prochaines présidentielles à laquelle il sera, très probablement aussi, l’un des principaux candidats. Alors que ceux et celles qui souhaitent s’y présenter, eux (et elles) aussi, semblent hésiter à faire le pas ou se font inexplicablement discrets depuis quelque temps.