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Tunisie : Branle-bas de combat pour faire face au fléau des noyades

Le 1er championnat de Tunisie de sauvetage sportif en eau libre se tiendra le 25 juillet 2018 à Ajim-Djerba. Cette compétition comprenant 4 épreuves sera organisée par la Fédération tunisienne des activités subaquatiques et de sauvetage (FTASSA).

Une deuxième compétition en piscine est prévue au mois de septembre à Radès. Elle sera ouverte aux jeunes nés entre 2001 et 2005 et aux adultes nés avant 2000. Elle comportera les épreuves suivantes pour les jeunes : 25 M apnée, 50 M avec tube de sauvetage, 25 M sauvetage mannequin.

Pour les adultes, elle comportera 50 M apnée, 100 M avec tube de sauvetage, 50 M sauvetage mannequin vivant.

500 morts par noyade en Tunisie chaque année

Chaque année en Tunisie plus de 500 personnes meurent, noyées en mer, en piscine et dans les barrages. Malheureusement cette année ce chiffre est à nouveau dépassé.

Ces 6 dernières années plus de 3500 personnes sont mortes par noyade. La FTASSA n’est pas restée indifférente à cette catastrophe nationale dont peu de personnes parlent. Les études qu’elle a menées sur le sujet lui ont permis d’en arriver à plusieurs conclusions. D’abord, en ce qui concerne le profil des noyés, 80% d’entre eux ne savent pas nager (ou savent à peine nager), 20% ne respectent pas les consignes sécuritaires, 40% sont des jeunes de moins de 25 ans et le plus grand nombre est de sexe masculin (ceci prouve que la femme est plus prudente).

En ce qui concerne les moyens humains et matériels mis en place par les autorités compétentes, il ressort qu’il n’y a pas de formation académique de formateurs et de sauveteurs aquatiques.

Quelques bonnes volontés opèrent chaque année pour former les sauveteurs, mais, malheureusement certains des ces sauveteurs volontaires ne maîtrisent pas correctement la nage (des morts figurent parmi eux). Les équipements mis à leur disposition sont rudimentaires. A cela s’ajoute la non-reconnaissance de ce métier par l’Etat, qui bloque la création de plus de 5000 emplois nouveaux.

Last but not least, aucune loi ne régit cette activité, ce qui handicape son développement sur des bases solides.

Former des instructeurs de sauvetage aquatique

Devant cette situation, la FTASSA s’est affiliée à l’International Life Saving (ILS), une organisation reconnue par l’Onu, l’OMS et le Comité Olympique International, dont l’organisation tunisienne est devenue full membre depuis janvier 2017 avec la charge de former les formateurs et les sauveteurs aquatiques en Tunisie (piscine, mer et bateau).

«Notre fédération a formé, en novembre 2017, les premiers instructeurs internationaux de sauvetage aquatique. Cette formation a été assurée par l’ILS. Cette opération, dont le coût s’est élevé à 10.000 dinars tunisien (DT) a été financée par les 32 stagiaires qui ont payé 300 dinars par personne. C’est un effort personnel considérable qui mérite tous les encouragements d’autant plus que parmi ces instructeurs 14 sont en recherche d’emploi», Abdelkrim Boujemaa, président de la FTASSA. Il ajoute : «Devant la situation de ce dangereux fléau qui affecte chaque année plus de 500 familles tunisiennes, nous avons décidé d’organiser un séminaire national sur la prévention de la noyade. Plusieurs départements et organismes ont répondu favorablement à notre invitation. Je cite tous les Samu, la Protection civile, la Direction générale de la Santé publique, la Marine Marchande, l’Office des ports, l’UNA. Nous avons, dans ce contexte, adressé à ce jour une quinzaine de lettres au ministère de la Jeunesse et des Sports (notre ministère de tutelle) qui contiennent entre autres le programme et le budget demandé pour le développement de cette discipline en Tunisie. Nous n’avons reçu jusqu’à présent qu’une seule réponse du ministère qui nous communique son refus de nous accorder l’aide de 12.000 dinars pour l’organisation de notre séminaire malgré le sens humain de notre action : il s’agit en effet de vies humaines et de plus de 3500 décès en 6 ans.»

Cela n’a pas empêché la FTASSA de poursuivre la mise en œuvre de son programme. Dans 3 jours, elle recevra des invités étrangers (Espagne, Belgique) pour parler de leurs expériences et des dizaines de participants tunisiens qui vont débattre pour la première fois de la noyade en Tunisie et essayer de trouver les solutions à court, moyen et long termes pour baisser, limiter et éradiquer ce dangereux fléau qui touche non seulement la Tunisie puisque dans le monde chaque année plus d’un million de citoyens meurent par noyade.

Pour concrétiser ce projet, la FTASSA a saisi officiellement un grand nombre d’assureurs qui malheureusement n’ont pas répondu à son appel. Mais sa mission, en tant que fédération sportive spécialisée dans la plongée et le sauvetage, est de former les instructeurs nationaux et internationaux en sauvetage aquatique, les sauveteurs piscine, les sauveteurs mer et les sauveteurs bateau. Elle se dote des moyens humains pour assurer ces formations mais elle attend une importante réaction du pouvoir politique pour lui accorder les moyens matériels nécessaires pour toutes ses missions.

Travailler bénévolement pour l’intérêt du pays

«Notre fédération existe par ses clubs sur l’ensemble des côtes tunisiennes. Notre grand objectif est de créer 3 grandes bases de formation dans le nord, le centre et le sud tunisien», explique encore M. Boujemaa, qui tient à rendre hommage à la protection civile à travers tout le pays, ainsi qu’aux sauveteurs professionnels et bénévoles qui opèrent sous son autorité. «Nous leur disons qu’ils ne seront plus seuls : nous allons les rejoindre dans leur combat et travailler avec eux bénévolement pour l’intérêt du pays», souligne M. Boujemaa. Qui rend hommage aussi à tous les médecins des Samu, les médecins qui ont porté secours aux accidentés de la noyade, les équipes sanitaires, et leur dit que la FTASSA va travailler avec eux pour «améliorer les interventions des premiers secours afin d’augmenter les chances de survie pour les accidentés de la noyade».

Il tient aussi à saluer aussi le secrétaire général de l’ILS, M. Harald pour la confiance et l’assistance qu’ils ont accordées et continuent d’accorder à la partie tunisienne.

Enfin, M. Boujemaa se félicite du fait que le sauvetage sportif (discipline reconnue par le CIO comme olympique) sera enseigné dans les instituts des sports en Tunisie. En effet, un accord est établi en ce sens avec la direction générale de l’éducation physique, en vertu duquel le 1er championnat scolaire et universitaire de sauvetage aquatique se déroulera au cours de l’année 2019. C’est la raison pour laquelle la FTASSA a formé une vingtaine de juges en sauvetage aquatique.

I. B.

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