09 Sep 2019 | 8:48 A LA UNE, POLITIQUE, Tunisie
Abdelkarim Zbidi, ministre de la Défense en poste, a utilisé l’armée dans sa campagne électorale pour la présidentielle du 15 septembre 2019 à au moins deux reprises. Maladresse ? Inconscience ? Mauvaise communication ? A moins qu’il s’agisse d’un dérapage contrôlé dans le cadre d’une stratégie électorale, ce qui est autrement plus grave.
Par Ridha Kefi
La première bourde, on en a parlé en son temps : M. Zbidi a raconté, à la chaîne El-Hiwar Ettounsi, qui plus est avec fierté et en fanfaronnant, avoir pensé, le 28 juillet dernier, au lendemain de l’hospitalisation du défunt président Béji Caïd Essebsi, positionner deux blindés devant à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et déployer l’armée dans les endroits les plus névralgiques du pays, pour, a-t-il expliqué, avec une rare naïveté, faire capoter un soi-disant coup d’Etat en préparation sous la coupole du Palais du Bardo.
Coup d’Etat ? Y avait-il des gens armés dans l’enceinte du parlement ? Non, bien sûr, il s’agit, en réalité, d’une demande, exprimée le plus légitimement du monde par quelques députés, craignant à juste titre la vacance du pouvoir, d’avoir des informations précises sur l’état de santé du chef de l’Etat, dont la rumeur du décès avait alors fait tache d’huile, jusque dans les médias étrangers.
La bourde a alimenté la polémique pendant quelque temps et on a fini par la ranger, un peu rapidement il est vrai, au chapitre des erreurs de communication d’un candidat peu familiarisé avec les médias et qui est souvent mal à l’aise dès qu’il s’agit de lever le nez d’un texte écrit par des tâcherons de service pour répondre directement aux questions des journalistes.
Sauf que, et c’est là où le bât blesse, M. Zbidi a récidivé avant-hier, samedi 7 septembre, lors d’un meeting électoral à Monastir, lorsque le grand écran disposé à l’arrière-fond de la tribune, derrière le candidat lisant son discours, a montré des généraux en exercice de l’armée tunisienne.
M. Zbidi est certes le ministre de la Défense en poste, mais il est censé être en congé pour se consacrer à sa campagne électorale. Et toute évocation de l’armée nationale, qui plus est, dans un matériau de publicité politique, comme c’est le cas ici, est censée lui être interdite, d’abord par l’armée nationale elle-même, qui, on le sait, répugne à être impliquée dans les querelles politiques et s’attache à sa position de neutralité totale vis-à-vis des partis et des candidats aux hauts postes de l’Etat; et ensuite par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qui interdit ce genre d’instrumentalisation politique des symboles de l’Etat et ne peut, par conséquent, fermer les yeux sur le dérapage de M. Zbidi.
S’agit-il, cette fois aussi, d’une erreur de communication, et dans ce cas, imputable à la boîte de Com’ engagée par l’équipe de campagne du candidat ? Là aussi, l’excuse, vite trouvée, est trop facile pour être crédible. Aussi est-on en droit de nous demander si cette insistance de M. Zbidi à lier sa candidature à la présidentielle à sa responsabilité à la tête du ministère de la Défense, et par ricochet, de l’armée nationale, n’est-elle pas une stratégie de séduction destinée à une partie de l’électorat, à savoir les nostalgiques de l’ancien régime, dont M. Zbidi est issu, et qui rêvent à voix haute d’un putsch militaire à l’Egyptienne et voient en M. Zbidi, un civil proche de l’armée, une sorte d’Abdelfattah Sissi potentiel.
Cette analyse n’est pas aussi farfelue que certains pourraient le penser, surtout quand on sait que le général Rachid Ammar, ancien chef d’état major des armées, est l’un des mentors du candidat, et que l’on connaît la camarilla entourant M. Zbidi et portant sa candidature à bout de bras : les Kamel Eltaief, qui s’est toujours vanté d’être l’un des instigateurs du coup d’Etat médico-légal de Ben Ali contre Bourguiba, le 7 janvier 1987, Noureddine Ben Ticha et autres Hafedh Caïd Essebsi, du beau linge en somme, la crème de la crème des manœuvriers dont les mauvais coups ont déjà fait beaucoup de mal à la Tunisie et aux Tunisiens.
Non M. Zbidi, quand on est candidat au poste de magistrat suprême, il y a des lignes rouges à ne pas outrepasser et des jeux dangereux à éviter.
Les photos avec des militaires font partie d’un album photos des différentes fonctions de Zbidi et non pas des photos isolées de publicité.
Modérateur de Kapitalis : Cette explication est peu convaincante, d’autant que M. Zbidi a parlé auparavant de blindés pour encercler l’Assemblée.
écarter la polémique et laisser le peuple choisir, c’est le peuple qui sera responsable de son choix, que les candidats disent ce qu’ils veulent l’urne tranchera le 15 septembre.
Tous ces éléments et soit disant bourdes poussent à croire que ce Monsieur est dangereux et que c’est plutôt lui qui avait cette idée qui ne l’a jamais quitté pour le putsch.
M. Zbidi avait déjà déclaré à une agence de presse étrangère qu’en 2011, le pouvoir était à portée de main et qu’il aurait pu s’en emparer sans aucune difficulté. En sus des révélations sur le prétendu coup d’Etat et de l’utilisation de l’image de l’armée dans la campagne électorale, le candidat semble vraiment habité par l’idée d’une action violente comme seule alternative à l’accession des « ennemis de la Tunisie » à la magistrature suprême, au cas où, par accident, lui-même n’y parviendrait pas ! (Au fait, l’acteur-député qui est de la même région, n’avait-t-il pas appelé à la publication du communiqué N°1 de l’armée. Faut il y voir une simple coïncidence ?) Le dernier entretien avec Si El Béji, que Dieu ait son âme, a-t-il fait naître en lui la conviction qu’il reste le seul à pouvoir protéger le pays du péril islamiste ou de la main mise du lobby mafieux ? Il serait donc en train de nourrir un sentiment mystique de sauveur et de libérateur, ce qui, bien entendu, pourrait l’amener à tous les extrêmes. Mais notre armée nationale se laissera-t-elle si facilement entraîner dans ce délire, et la population se laissera-t-elle séduire par une aventure aux conséquences désastreuses ? Il faut prier pour que rien de tel ne survienne !
Ne vous mettez pas tous les commentateurs de votre texte sur le dos comme votre article sur le putschiste Zbidi,oui il s’agit d’une erreur et je vous le confirme ,mais si vous n’estimez pas Mr Zbidi c votre plein droit,mais dites le haut et fort,qu’on le saches et qu’on commente plus vos écrit,pour les tacherons du service que vous dites clairement nous fait comprendre définitivement vos objectifs,mais je vous mets dans les confidences,ce candidat est entouré de la creme des tunisiens,intellectuels,agriculteurs,fonctionnaires,jeunes,femmes etc…..,dans la serénité et la tranquilité, VIVE LA TUNISIE ,VIVE LA REPUBLIQUE.
Modérateur de Kapitalis : Nous sommes dans notre rôle d’informer. Pensez ce que vous voulez mais arrêtez de nous reprocher des parti-pris. Si M. Zbidi n’a pas fait une bourde, nous n’aurions pas écrit sur lui. Donc, comprenez que nous sommes des journalistes, pas des supporteurs de x ou de y.
A la lumière de l’observation et du suivi des interventions radiophoniques et télévisées du candidat Zbidi, je m’interroge sur la capacité de Mr Zbidi à exercer son leadership, une fois élu président, tant les lacunes en de matière de communication sont patentes. Ci-dessous mes arguments :
1. Sa manière de discourir est atone, monotone et sans enthousiasme.
2. Il s’appuie sur un support papier ou sur un prompteur et incapable d’improviser.
3. Le contenu est telle une coquille vide. C’est normal puisque le langage est la quintessence de la réflexion. Comment a t-il fait durant toutes les années qu’il a passé à la faculté, en tant qu’enseignant chercheur,où la principale vertu de la réussite repose sur la communication.
l’article est intéressant, mais on dirais qu’il n’est pas neutre… est ce que vous encourager certains candidats et d’autres non?
Modérateur de Kapitalis : Nous informons et relevons les bourdes et les défaillances. C’est notre rôle de journalistes. Si M. Zbidi n’a pas multiplié les bourdes, on n’aurait pas parlé de lui. Mais que faire ? Il dit et fait n’importe quoi, nous fournissant une bonne matière pour rebondir. C’est à lui de faire moins de bêtises.