08 Nov 2019 | 19:33 A LA UNE, MEDIA, TRIBUNE, Tunisie
Le fait médiatique et politique marquant de la semaine écoulée est sans conteste la fameuse sortie de Seifeddine Makhlouf dans son entretien avec Hannibal TV avec ses propos diffamatoires à l’encontre du leader Habib Bourguiba.
Par Ali Sellami *
Suite à cette piètre prestation télévisuelle, la polémique a enflé et les réactions se sont succédé de tous bords et de tous horizons pour condamner les propos haineux, indignes et de surcroît mensongers de Makhlouf à l’adresse du leader charismatique, éclairé et visionnaire, artisan de l’indépendance et bâtisseur de la Tunisie moderne.
J’estime que Makhlouf était bien dans son rôle d’apôtre du révolutionnisme, de défenseur de l’intégrisme et de légitimateur du terrorisme. N’ayant rien de pertinent et de fondamental à exposer ni à faire valoir, il s’est saisi, tel un affamé, d’un beau morceau gracieusement tendu par une journaliste égarée, pour étriller un «grand homme», ayant marqué l’histoire de la Tunisie, et de l’espace méditerranéen dont la vision philosophique, politique et humaniste est diamétralement opposée à celle de Makhlouf et de sa coalition Al-Karama.
Ma perception de cet épisode devenu affaire d’opinion publique est différente et bien plus simple. Elle ne focalise nullement sur l’épiphénomène Makhlouf voué, comme tant d’autres avant lui, à l’oubli de l’histoire. De fait, dès le début de l’émission, je ne me suis nullement intéressé à lui ni à ses propos ni au costume cravate qu’il arborait piètrement.
Mon focus était totalement concentré sur la journaliste de service, Samah Meftah, présentatrice de la principale émission politique sur la chaîne Hannibal. Dès sa première apparition à l’écran, et à la découverte de son allure sur le plateau, j’avais le pressentiment qu’elle ne sera pas à la hauteur face à son invité.
Je présente ci-après, en dix points la faiblesse criarde montrée par la journaliste qui a débouché à la prestation «éclatante» de son vis-à-vis.
1- La journaliste avait d’entrée de jeu une posture bizarre sur le plateau. Sa position sur son tabouret haut (chaise de bar) ne lui conférait qu’un seul point d’appui. Tout au long de l’émission, elle avait un pied pendant synonyme d’inconfort et de malaise physique. Son manque de stabilité et son embarras étaient clairs et perceptibles. Sa posture en déséquilibre l’a gênée tout au long de l’émission et a largement impacté sa concentration et sa prestation. Mais cela n’est pas de sa seule faute, mais de celle aussi du réalisateur qui lui a fait subir un tel supplice.
2- La journaliste, dépourvue d’une réelle expérience et de solides références en matière de débats télévisuels (hormis ceux de la compagne présidentielle) ne dégageait pas une personnalité captivante ni une présence distinguée. Son profil journalistique ne présente aucune empreinte ni âme particulière, c’est une copie mal réalisée et un mélange mal dosé de quelques uns de ses prédécesseurs sur la chaîne (Samir El-Wafi, Arbia Hamadi…). Elle multipliait les répliques génériques et banales sans réelle authenticité ni profondeur.
Son invité s’est rapidement aperçu de cet état de fait et l’a malheureusement bien exploité.
3- Le constat était clair, la journaliste n’a pas «bossé» son dossier du jour et n’a pas bien préparé son émission. Indiscutablement, elle a manqué d’intelligence dans la recherche de ses thèmes et de sérieux et de profondeur dans la préparation de ses questions et répliques.
4- La journaliste croyait avoir affaire à l’un de ces apprentis de la politique et de l’art de la dialectique. Elle n’a pas étudié la personnalité composée, complexe, arrogante et surtout euphorique de son interlocuteur, ni mis en place une stratégie pour le déstabiliser, le contrecarrer ou le recadrer. Le résultat est une domination totale dans la présence, dans le discours, et dans la rhétorique.
5- À aucun moment de l’émission la journaliste n’est arrivée à imposer son rythme, son métier ou son talent. Son vis-à-vis, fort de son arrogance et de sa maîtrise oratoire, la baladait dans ses thèmes et thèses à lui. Mieux encore, il s’est très rapidement mis sur le terrain de l’attaque, de l’intimidation et de la démagogie en lui rétorquant systématiquement des questions auxquelles elle ne pouvait répondre.
6- Les questions posées par la journaliste, à moins qu’elles n’aient été convenues – ce dont je doute fort –, étaient assez convenues voire avantageuses pour son interlocuteur. Des questions banales, attendues et répétées à l’ennui. Le vis-à-vis se régalait d’avoir des réponses toutes prêtes et toutes faites. Au fil du temps, il a fait le plein de confiance et d’assurance jusqu’à s’attaquer au symbole absolu de la Tunisie et de son peuple.
7- Le seul instant où Makhlouf s’est trouvé en situation de fragilité par l’aveu de son état d’évadé et de délinquant fiscal, la journaliste, sans doute faute de culture générale et de savoir-faire journalistique, n’a pas su profiter de l’instant pour marquer l’incrimination de l’intéressé et révéler clairement à l’opinion publique les pratiques frauduleuses, les penchants malhonnêtes et les prédispositions véreuses du futur député, fervent défenseur de l’immunité parlementaire. Ceci explique sans doute cela : la peur de devoir rendre des comptes.
8- La question se rapportant à l’opinion de Makhlouf concernant une hypothétique proposition de remplacer la photo de feu Bourguiba par celle de Jérusalem (Al Qods) est un cas d’école dans sa crédulité et dans sa banalité. En effet, quel rapport existe-t-il entre un homme d’Etat, et une ville soit-elle sainte ? Existe-t-il un soupçon d’intérêt journalistique d’information, d’analyse ou autre ? Le seul intérêt avéré est que notre journaliste a offert à son interlocuteur, dont elle connaît le sentiment vis-à-vis de Bourguiba, la belle opportunité de vider son poison et sa méchanceté à l’encontre du bâtisseur de la Tunisie moderne.
9- Subissant de plein fouet le revers de la sa maladroite question, la journaliste a essayé de réagir et de rétorquer aux propos insultants de son vis-à-vis. Mais une nouvelle fois, elle s’est montrée très faible et très limitée, sans réelle culture, ni présence d’esprit. Elle était incapable de dire par exemple:
• Bourguiba est l’artisan de l’indépendance de la Tunisie.
• Bourguiba est le bâtisseur de la Tunisie moderne avec ses institutions et ses structures économiques et sociales.
• Bourguiba est le libérateur de la femme et le maître d’œuvre du code du statut personnel.
• Bourguiba est le fondateur de l’enseignement laïc et gratuit pour tous les Tunisiens, qui a permis à Me Makhlouf, entre autres, de devenir avocat et de se faire élire à l’Assemblée.
• Bourguiba est l’artisan de l’organisation administrative de la Tunisie et de l’éradication du tribalisme.
• Bourguiba est le visionnaire en matière de politique étrangère et de relations internationales.
• Bourguiba est le maître d’œuvre du redressement moral de la nation et de la rénovation des mentalités.
• Bourguiba est l’apôtre de la valeur du travail.
• Bourguiba est le premier défenseur de la cause palestinienne et le seul chef d’Etat arabe à avoir accueilli à bras ouverts, à Tunis, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en exil…
La journaliste n’avait ni le courage, ni la promptitude d’esprit pour rappeler à son interlocuteur la sa grandeur de l’homme et l’importance de son œuvre de construction nationale.
10- La journaliste était totalement dans l’échec journalistique. Elle n’a pas assumé son rôle qui consiste à mener l’interview en étant maître du jeu. Systématiquement son vis-à-vis s’écartait des questions posées et des chemins prévus; systématiquement, elle échouait à ramener la conversation dans le plan d’action prévu, si plan il y avait.
La journaliste, par son manque de métier, sa faible connaissance des dossiers et sa culture générale assez limitée, a aidé à la promotion d’un individu qui sème la discorde et qui dénigre les acquis et les symboles de toute une nation. Elle a tout simplement oublié qu’un journaliste n’est jamais au service de l’interviewé mais bien au service du public vers lequel il adresse son émission.
* Expert-consultant auprès des entreprises.
ptain..ce que j’ai adoré lire cette article, 5 mn de plaisir !! j’en lis une 100 aines par mois, mais celui là était mon plus grand plaisir..
eh oui, pas journaliste qui le veut: culture général, préparation sérieuse avant débat, etc.. cela manque énormément en Tunisie..mais cela met aussi en cause non seulement le réalisateur mais aussi le patron de la chaîne: toute la crédibilité de la chaine = nul.. et cela il a suffit une heure de l’émission pour le constater.
Kapitalis, on en veut encore plus de ces bons articles… merci Ali..
article magnifique,zidna mennou
Pas la peine de tortiller du cul et chercher des poux …
La chaine Hannibal tv et cette pseudo journaliste avait connaissance des annonces de makhlouf … c’est un coup montée …
La chaine Hannibal était complaisante et a laisser ce LpR agir à sa guise … HC
Votre article laisse aussi penser que tous les tunisiens et non tunisiens, ont pris les propos de ce Makhlouf pour de l’argent comptant. Moi, je remercie cette journaliste d’avoir donné l’occasion à ce monsieur de se ridiculiser une fois de plus.
Mais arrêtons aussi cette rengaine du combattant suprême, Bourguiba fut un grand homme, précédé et suivi de grands hommes et femmes qui ont contribué à ce qu’est la Tunisie aujourd’hui .
Petite rectification, l’accueil de l’olp et des palestiniens a été l’oeuvre de Wassila qui a mis Bourguiba devant un fait accompli.
…Annaba et constantine,Bourguiba et de Gaule… et le 1 er retour triomphal…vous connaissez ?
Le décès du Professeur Amor Chédly, fondateur de la faculté de médecine, éminent scientifique de renommée mondiale et médecin personnel du Zaïm, a fait revenir à l’esprit de nombreux tunisiens que leur pays a enfanté des femmes et des hommes illustres (et continue à le faire), dans de multiples secteurs et domaines de la science, de la culture ou même du sport. Alors, que pèse un avocaillon arrogant et prétentieux devant ceux qui ont levé haut notre étendard et créé en nous un si grand sentiment de fierté ? Rien assurément, et sa contribution à l’histoire passée ou moderne, ainsi que les membres de cette coalition ridicule, est l’enrichissement du vocabulaire des injures les plus basses, de la calomnie, du mensonge et de la diffamation ! Quelles oeuvres peut-on mettre à l’actif de ce méprisable individu, quelles réalisations et quel apport pour la société ? Rien, zéro, walou, hormis un sentiment de malaise et de dégoût à chacune de ses apparitions ! Alors, que les médias cessent de fournir à cet énergumène ainsi qu’à ses acolytes l’occasion de déverser leur bile et de nous agonir de leurs sottises et de leurs inepties. On éviterait ainsi les situations inconfortables et le spectacle affligeant justement décrits dans l’article et épargnerait aux téléspectateurs de subir autant de vindicte, de vulgarité et de duplicité, dont l’incompétence avérée et l’impréparation visible de Sameh Meftah ont effectivement permis l’expression.
arretez ce massacre contre ce makhlouf,toutes ses paroles sur bourguiba sont,claires,nettes et precises et ne souffrent d aucun mensonge.à quoi a t il sevi un president de cellule PSD!!!, un secretaire d un comité de coordination!!!!!! ce ne sont que de misérables =imbéciles,stupides,cons et idiots= GAAR, ce sont des indicateurs de la police.(les disparus,les exilés..des avenues au nom de bourguiba,des rues qui portent sa date de naissance!!!!!.)tous les faux présidents arabo_musulmans sont des DICTATEURS, des GAARS… l époque des beys c était le paradis..il faut lire l article de hatem bouriel( webdo) du 2 novembre 2019,…une GIFLE à tous ces ignorants de la vérité de l histoire de mon pays
L’époque des beys « c’était le paradis » mais qui était l’antichambre de l’enfer , celui de la colonisation. Le protectorat a été signé par le Bey en exercice. Sous pression ou pas il aurait pu organiser la Résistance comme ce fut le cas du Sihanouk au Cambodge. Notre Bey lui a préféré envoyer la troupe pour prêter main forte à l’occupant pour mater la Résistance à Sfax et à Gabes. Les Beys vivaient dans la luxure alors que les épidémies de peste et de choléra décimaient la population. In fine à cause de leurs dépenses insatiables nous avons eu droit à une commission internationale pour contrôler nos finances. Non l’époque des Beys n’était pas une période bénie. Cordialement..
Nullement étonné de la part d’une chaîne TV privée qui a toujours manqué de moyens et de bon goût pour se payer des talents: Journalistes bon marché, musiciens et « artistes » tendance Mezoued, décors et éclairage d’un goût très douteux, qualité d’image médiocre!!! Pas étonnant que ce voyou de Makhlouf y est trouvé son confort !!!
@Mr Sellami.L’enseignement républicain, gratuit et laïc,on le doit surtout aux français, ainsi que les écoles pour filles.Sans rappeler que les régimes de retraite et les congés payés en 1936 on les doit aussi aux français suite à l’accession au pouvoir du front populaire.
Modérateur de Kapitalis : On doit seulement les idées, car sous la colonisation française, les Tunisiens payaient pour éduquer leurs enfants. Ces acquis sociaux étaient pour les Français seulement.
@Modérateur de Kapitalis.Ce que vous dites est archi faux.Les congés payés et les retraites concernaient aussi les tunisiens.Documentez vous avant d’avancer n’importe quoi.C’est l’avénement du front populaire qui l’avaient imposé dans les colonies françaises.L’enseignement était gratuit en France et dans les colonies!!!!!J’avais connu moi même l’école primaire française à Bizerte et mes parents pauvres n’avaient rien payé, ils en était incapable!!
Modérateur de Kapitalis : Le front populaire l’avait imposé pour les Français, et notamment pour les Français des colonies, pas pour les Tunisiens. Ils auront ces acquis beaucoup plus tard, avec l’indépendance.
@Sellami.L’ignorance criarde de la journaliste est apparue aux sujets des investissements français en Tunisie qu’il avait négligés par rapport à ceux des pays du golfe en citant le projet Sama Dubaï,qui est en fait une véritable escroquerie.La journaliste avait oublié ou ne savait pas les investissements français dans le high-tech comme ceux dans l’aviation à travers Safran et Airbus(Latelec…)