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Covid-19 : La Tunisie face au risque de réouverture des établissements scolaires

Quel que soit le scénario que nous adopterons pour le dé-confinement, lequel sera progressif, par secteur, par région ou par tranche d’âge, selon le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, dans son entretien télévisé d’hier soir, dimanche 19 avril 2020, sur les chaînes Watania 1 et Hannibal, nous sommes tenus de répondre à cette question urgente : Irons-nous vers une réouverture totale ou partielle des établissements scolaires, ou garderons-nous nos enfants à la maison?

Par Faouzi Addad *

Après l’annonce par plusieurs pays confrontés à la pandémie du coronavirus de la réouverture prochaine des écoles, de nombreux experts ont remis sur la table la notion que les enfants seraient des porteurs asymptomatiques et que, par conséquent, ils favoriseraient la contagion.

En effet, il est difficile d’imposer les gestes barrières aux enfants. Et, le port du masque, qui sera obligatoire lors du dé-confinement, pourra être aussi problématique pour les plus petits.

Réouverture totale ou partielle des écoles ?

Les premières études chinoises montraient que les enfants de moins de 15 ans représentaient 1% des cas positifs au Covid-19. Aux États-Unis, ce chiffre monte à 2%. Globalement, c’est plutôt, en apparence, une maladie d’adulte. Mais ces chiffres bas sont aussi compatibles avec l’hypothèse selon laquelle les enfants peuvent être des porteurs asymptomatiques et ainsi faciliter la propagation du Covid-19 (jusqu’à 30% des cas). C’est d’ailleurs ce qui avait justifié la fermeture précoce des écoles dans beaucoup de pays. La Suède, à l’inverse, n’a jamais fermé les écoles et apparaît comme une exception européenne.

Cette question devra rapidement se poser en Tunisie. Irons-nous vers une réouverture totale ou partielle des établissements scolaires? Ou garderons-nous nos enfants à la maison? L’enseignement à distance pour tous n’est pas possible, car tous les élèves ne sont pas dotés des moyens techniques pour cela (ordinateur, connexion internet…), et ce serait creuser encore les inégalités dans notre pays. Aussi l’année blanche – hypothèse écartée par le ministre de l’Education Mohamed El-Hamdi – ou le calcul de la moyenne annuelle en se basant seulement sur les notes des 2 premiers trimestres pourraient-ils être, au final, envisagés comme solution alternative à une reprise des cours, scénario redouté par plusieurs experts de la santé.

Les parents ont besoin d’être rassurés

Il revient aux hautes instances en charge de la santé publique dans notre pays et aux sociétés savantes de se prononcer sur les risques et/ou les mesures à prendre selon les solutions envisagées. Car la reprise du travail des parents devra forcément être associée au retour des enfants à l’école. Et cela posera un dilemme pour le gouvernement et les parents, qui seront tiraillés entre l’angoisse de la contamination et l’obligation de faire vivre la famille.

Nous avons tous besoin d’éclaircissements à ce sujet et, surtout, d’une pédagogie de persuasion pour être rassurés et nous décider. Il s’agira aussi d’expliquer aux enfants que «le coronavirus n’est plus méchant», alors que l’on s’est employé jusque-là à leur dire exactement le contraire.

Que Dieu protège notre pays.

* Professeur de cardiologie.

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