18 Juin 2020 | 14:05 A LA UNE, SOCIETE, TRIBUNE, Tunisie
Mais qu’est-ce qui pousse des hommes ou des femmes d’âge mûr à mettre en péril leurs couples après des décennies de vie stable, heureuse et amoureuse ? Que se passe-t-il dans leurs têtes ou dans leurs corps qui les amènent soudainement à aller chercher ailleurs des aventures éphémères? Rien à faire, cette question me turlupine depuis un bon bout de temps et je suis obligé de lui trouver réponse. Aussi, fort de quelques lectures sur le sujet, je me risque à lui consacrer ce papier.
Par Dr Salem Sahli *
Slah a 75 ans, il est marié, heureux et ne manque de rien. Mais, tel un retour de printemps, Slah fut soudainement pris d’une passion radicale pour le sexe. Son corps est en ébullition et sa femme Fatma ne sait plus comment assouvir ses pulsions. Elle a 69 ans, ils sont mariés depuis 45 ans, ont bien élevé leurs deux enfants, traversé comme tous les couples les crises de la vie réserve, mais sont heureux et mènent une vie agréable. Slah, par son comportement, remet tout cela en question au risque de détruire ce qui a été patiemment bâti pendant des années. Mais que lui arrive-t-il ?
La même question se la pose Ali. Sa femme Hayet, 58 ans, est prise depuis peu d’une envie irrésistible d’aller s’aventurer ailleurs. Aucune ombre dans le couple, la confiance règne et bientôt arrivera le premier petit-enfant.
Hayet est charmante, elle ne fait pas son âge, on lui donnerait facilement 10 années de moins. Mais que cherche-t-elle, où veut-elle en arriver? Est-ce une question purement sexuelle ou bien y a-t-il autre chose de plus profond? Ali ne sait plus où donner de la tête, sa femme n’a jamais été tentée par les escapades sexuelles.
Hayet et Slah souffrent en fait du Syndrome de l’Agave. Les agaves sont des plantes vigoureuses qui se développent lentement et confortablement pendant des décennies. Au bout de 15-20 ans, elles fleurissent dans toute leur splendeur et meurent après la fructification. Aucun agave ne fleurit une seconde fois. Il en va ainsi pour beaucoup de femmes et d’hommes d’âges mûrs. Ils vivent des années durant heureux, sans soucis et en parfaite harmonie et rompent d’un seul coup au moment de la vieillesse.
Cela n’est pas forcément lié au sexe, à l’orgasme par exemple ou à l’appétit sexuel. Non, il s’agit d’une tentative délibérée de défier le temps et d’affronter la finitude. Ce n’est pas la luxure qui est recherchée, mais la vie, la vraie vie.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais passée la soixantaine, la question «Combien de temps me reste-t-il à vivre?» devient inévitable. Notre vie se compte désormais en semaines. Dans notre pays, nous vivons en moyenne 4000 semaines, combien nous en reste-t-il lorsque nous avons 60, 70 ou 75 ans? La passion est encore là, qui vous embrasse? La flamme est toujours vive, qui pouvez-vous étreindre? Un nouveau partenaire a souvent l’effet d’un médicament. Et comme lors de la floraison de l’agave, les forces de la vie explosent et l’on se sent de nouveau homme ou femme plein de force et d’énergie et la peur de la vieillesse s’évapore. Mais, cet état, cette extase ne durent qu’un moment. Dès que la vie quotidienne reprend son cours, la floraison est terminée.
Combien d’hommes ont regretté de s’être ainsi aventurés ! Combien de femmes ont mis en danger leur bonheur familial ! Où sont-ils actuellement? À la maison auprès de leurs vieux partenaires de toujours et très heureux.
Fatma ne devrait pas rompre avec Slah et Ali ne devrait pas en vouloir tout le temps à Hayet et s’en détourner. Lorsque des «symptômes» similaires se manifesteront à nouveau dans le couple, gardez votre calme, serrez-bien votre partenaire dans vos bras, et souvenez-vous que tout comme l’agave qui ne fleurit qu’une seule fois, une deuxième flambée n’est plus à craindre.
* Pédiatre, Hammamet.
C’est très joli et poétique ce que vous écrivez là, Dr Sahli.
Pourtant, que de couples n’ont passé tant d’années ensemble que par lâcheté, dans une zone de confort qui n’a plus de sens depuis longtemps…
Y a-t-il réellement l’ombre d’une différence entre ce que veut le corps, et ce que veut l’âme ?
On dirait que le toubib de Hammamet cherche lui-même par « ce papier », à conjurer le mauvais sort. . .qui semble le guetter, lui tout autant que « Slah » ou « Hayet ». . . ?
Je ne sais pas si « la pédiatrie » (toubib des gosses) peut aider à comprendre la sexologie ou même la psychologie des adultes, mais il semblerait actuellement loisible à un mécanicien de pondre des poèmes ou à un boucher de résoudre des équations trigonométriques, pour peut que l’on dispose d’un ordinateur qui vous donnerait l’illusion de pouvoir « enfoncer des portes ouvertes » ?
Maxula.
Modérateur de Kapitalis : Au lieu de vous attaquer avec un si mauvais goût évident aux auteurs des articles, pourquoi vous ne discutez pas du sujet évoqué ? C’est une manie de sous-développé mal élevé.
Maxula, vous bottez en touche. C’est du hors sujet. Le pédiatre de Hammamet, en plus de soigne les enfants, fait de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie, de la sexologie. Il s’occupe d’environnement, de culture, de démocratie de proximité et participe aux élections locales. Faut-il le lui reprocher ou l’encourager à aller de l’avant?
@ Modérateur de Kapitalis, pas sous-développé et bien élevé. . .
Si vous ne voyez pas que j’ai « très justement » commenté « le sujet évoqué », c’est que nous ne faisons certainement pas partie du même monde, ni n’avons conséquemment pas le même niveau. . . et encore moins la même éducation. . . ce dont je me félicite grandement !
Maxula.
Modérateur de Kapitalis : Heureusement que nous ne faisons pas partie du même monde.
J’ai beaucoup apprécié la métaphore très expressive de l’agave et la fine analyse psychologique qui met l’accent sur la fragilité de l’être humain qui peut influer la relation de couple. Ce dont on a besoin c’est justement beaucoup de tolérance et de compréhension mutuelle, comme l’a très bien souligné Dr. Salem.
Merci Dr Sahli, cette approche comparative avec l’agave est magnifique. en plus l’agave laisse tomber sa tige centrale après son unique floraison et continue à développer ses feuilles.
C’est extraordinaire ce que l’on arrive à cerner une personnalité rien qu’à l’entendre parler ou à la lire. Mois j’en suis arrivé à la conclusion que ce Maxula est un gros C…
Le D. Sehli, en plus d’être un bon pédiatre, est aussi un homme de culture et un penseur émérite. Lui au moins, avec son papier, il a traité d’un problème de société à sa manière, et il s’attendait à un débat d’idées et non à un flot d’insultes.
« Le Coeur à ses raisons que la raison ignore »
Ce fragment des pensées de Pascal nous rappelle combien l’univers des émotions échappe à la rationalité. On est devant un paradoxe terrifiant. Si l’on admet que l’émotion est la conséquence d’une cause, ce qui caractérise un phénomène rationnel c’est précisément son rapport de causalité. Un coeur qui a ses raisons, il appartient à l’univers du rationnel… Cette pensée est porteuse d’une valeur que la raison ignore sa contradiction…
Dans ce contexte, peut-on alors réduire le défi lancé par Hayet et Salah à une simple quête de sexe ou plutôt la considérer, comme le suggère le Dr Sahli, une « reconquête » de la vraie vie, une forme de résilience face au temps qui passe ? …
Le coeur de chacun des ces deux êtres éprouve un sentiment qui seul, sans démonstration, leur permet de croire en la vérité de leur intuition, de leur ressenti, de leur émotion d’aimer et c’est, me semble-t-il, l’essentiel.
Concevoir ou Tendre vers un bonheur et penser à défier la finitude alors qu’ils sont eux-mêmes sur le chemin de la déclinaison finale, voilà un vaste sujet qui a le mérite d’être posé !
« Le Couer a ses raisons que la raison ignore »
Ce fragment de pensée de Pascal nous rappelle combien l’univers des émotions échappe à la rationalité. On est devant un paradoxe. Si l’on admet que l’émotion est la conséquence d’une cause, ce qui caractérise un phénomène rationnel est précisément son rapport de causalité. Un coeur qui a ses raisons, il appartient à l’univers du rationnel. Cette pensée est porteuse d’une valeur que sa raison ignore la contradiction…
Dans ce contexcte, peut-on alors réduire le défi de Hayet et Salah à une simple quête de sexe ou plutôt, comme le suggère le DR Sahli à une reconquête de la vraie vie, sous forme de résilience défiant le temps qui passe ?
Le coeur respectif de ces deux êtres éprouve un sentiment qui seul, sans démonstration, leur permet de croire en la vérité de leur intuition, de leur ressenti et c’est, me semble-t-il, l’essentiel… Concevoir et Tendre vers un bonheur et penser à défier la finitude alors qu’ils se trouvent le chemin de la fin…. vaste sujet quia le mérite d’être posé.