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Les quatre pouvoirs sont en progrès par rapport à la situation délabrée dans laquelle l’Etat tunisien s’est retrouvé au lendemain du 14 Janvier mais les avancées sont trop lentes et trop insuffisantes par rapport aux attentes.

Par Rafik Souidi


L’Etat est constitué des trois pouvoirs suivants: législatif, exécutif et judiciaire.

Le bon fonctionnement de l’Etat requiert la bonne marche de chacune de ces trois composantes mais aussi leur séparation afin qu’ils puissent s’équilibrer et éviter ainsi toute dérive absolutiste.

Dans les démocraties modernes, un quatrième pouvoir s’est imposé, celui des média, grâce au développement de la presse écrite puis de la radio et de la télévision et enfin celui de l’internet et des réseaux sociaux.

En Tunisie, depuis l’indépendance, l’Etat a été déficient essentiellement parce que ces quatre pouvoirs ont failli à leur mission et ont été cannibalisés par le parti-Etat.

Les assemblées monocolores et frauduleuses étaient des chambres d’enregistrement à la botte de l’exécutif lui-même obéissant servilement au président de la république.

Quant au pouvoir judiciaire, qui était relativement indépendant au temps de Bourguiba, il a été gangrené par la suite et il se mit vilement au service de l’exécutif.

Enfin, pour les médias, ce fut calamiteux et on assista au règne de la propagande mensongère la plus éhontée.

Ceci est le passé et ce sera aux historiens tunisiens d’en dresser le bilan en espérant qu’il y ait un historien dans la salle car, à ce jour, il ne s’est toujours pas manifesté...

Qu’en est-il aujourd’hui?

Un «check-up» s’impose pour évaluer le fonctionnement de ces quatre pouvoirs, un peu moins d’un an après les élections du 23 Octobre 2011.

L'assemblée constituante: où est le travail législatif?

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Palais du gouvernement à la Kasbah: une déficience dans l’équilibre souhaitable des pouvoirs.

Le pouvoir législatif, en l’occurrence l’Assemblée nationale constituante (Anc), s’est distingué par la quasi-absence de débats sur des textes législatifs. Aucune initiative notable n’a été prise par les députés sauf en ce qui concerne l’augmentation de leurs salaires à des niveaux indécents dans un pays en proie à des difficultés économiques.

Certes, les diverses commissions ont travaillé pour préparer une ébauche de constitution mais cette tâche ne devrait pas empêcher l’assemblée de jouer pleinement son rôle législatif et de contrôle de l’exécutif; ce qui n'a pas été le cas.

Cette absence induit un dysfonctionnement de l’Etat et dénote une déficience dans l’équilibre souhaitable des pouvoirs. L’épisode du renvoi, comme un valet, du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (Bct) par le président de la république est particulièrement révélateur de cette faille institutionnelle dans cette phase de transition.

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Assemblée constituante… aux ordres du gouvernement ou presque.

Le gouvernement: où sont les réformes?

Malgré le poids élevé en sièges de la coalition gouvernementale et la légitimité issue des voix remportées lors des élections, l’exécutif a été hésitant et souvent maladroit. Une feuille de route gouvernementale claire et vigoureuse était pourtant possible.

Alors, certes, la croissance est de retour mais pas encore la confiance. Les difficultés rencontrées sont dues aux rigidités de l’administration publique tunisienne, à l’impréparation flagrante des dirigeants actuels, à l’attentisme des investisseurs dans cette phase transitoire et au contexte international marqué par la récession en Europe.

Cependant, il est à signaler que l’organisation temporaire des pouvoirs adoptée par la constituante est celle d’un régime parlementaire où le chef du gouvernement détient la quasi-totalité du pouvoir exécutif entre ses mains. Et dans ce cas, il se doit d’être sur le pont au quotidien et de communiquer inlassablement sur l’action de son gouvernement, ce qui n’a pas toujours été le cas.

Plus encore, les réformes tardent à se mettre en place et l’immobilisme de l’exécutif nuit à la restauration de la crédibilité de l’Etat.

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Une justice en mal d'assainissement et de réforme

La justice: quel assainissement?
Entre l’imposture de la justice transitionnelle et les mesures cosmétiques pour assainir la magistrature, on touche ici aux objectifs de la révolution et à leur accomplissement ou à leur trahison.

Tant que le pouvoir judiciaire ne répondra pas aux critères élémentaires d’efficacité et de probité, l’Etat de droit en Tunisie restera illusoire. Cela concerne aussi bien les juges que les avocats et les huissiers de justice, bref toute la filière.

A ce jour, les progrès dans cette tâche délicate existent mais ils sont encore trop insuffisants. Le traitement des dossiers des exactions criminelles du régime déchu et de la corruption après plus de 18 mois depuis le 14 Janvier manque de transparence et le peuple tunisien ne s’y retrouve pas. Les vents mauvais de l’impunité se font jour et qui dit impunité dit inéluctablement récidive!

Les médias: ou est la vérité?

Le rôle du quatrième pouvoir est de participer à l’éclosion de la vérité et ceci essentiellement en respectant les règles élémentaires de la déontologie professionnelle et en s’appuyant sur des journalistes d’investigation. Hélas, ceux-ci n’existent pas en Tunisie. Les événements sont traités au jour le jour, les informations vérifiées superficiellement quand elles le sont et il n’y a jamais d’investigations ultérieures. Si la censure a quasiment disparu, ce n’est pas le cas des fausses nouvelles ou des fausses rumeurs.

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Des journalistes manifestent devant le Palais du Gouvernement à la Kasbah: la liberté de l'information est menacée.

La victime de cette situation regrettable c’est bien évidemment la vérité et, depuis l’indépendance, le peuple tunisien n’a pas toujours pas su ce qui lui arrivait...

Des progrès certes, mais très insuffisants

Les quatre pouvoirs sont en progrès par rapport à la situation délabrée dans laquelle l’Etat tunisien s’est retrouvé au lendemain du 14 Janvier mais les avancées sont trop lentes et trop insuffisantes par rapport aux attentes. Des réformes structurelles sont impératives pour assainir et revitaliser l’Etat tunisien dans toutes ses fonctions et il est donc temps de passer à la vitesse supérieure et de faire un saut qualitatif car qui n'avance pas recule.

 

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