Ce sont des confrères et consœurs qui ont longtemps loué leurs services – sans doute bénévolement et par patriotisme – à la défense de l’ancien régime et à la stigmatisation de ses opposants. Au lieu de demander pardon aux Tunisiens, ils élèvent la voix… Ridha Kéfi


Les écrits et les engagements passés de ces confrères et consœurs parlent pour eux. S’ils comptent sur l’amnésie des Tunisiens, qu’ils sachent que ces derniers peuvent oublier parfois, mais ne pardonneront jamais à ceux qui ont contribué activement et souvent avec zèle renouvelé à armer la main de Ben Ali, leur ex-oppresseur.
Certains de ces confrères et consœurs n’ont visiblement pas apprécié que je fasse partie de l’Instance nationale indépendante qui devra plancher sur la réforme du secteur de l’information et de la communication, avec d’autres collègues qui ont longtemps subi la répression de l’ancien régime et les attaques de ses sbires.

Ces journalistes qui ont frayé avec l’ancien régime
Parce que j’ai appelé ici même à démasquer les journalistes qui ont frayé avec l’ancien régime et à les empêcher de se refaire une miraculeuse virginité au nom de la révolution du peuple et du sang des martyrs, ces «benalistes» ont cru pouvoir profiter de l’annonce de la constitution de cette instance pour porter des attaques contre… ma personne.
Ces adeptes de la devise «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose», comme leurs œuvres complètes l’attestent du reste assez largement, ont donc enfourché leurs grands chevaux pour porter contre ma personne des accusations aussi ignobles que ridicules.
A les croire, j’aurais été coupable d’un plagiat. Je les remercie de me fournir ici l’occasion de lever le voile sur un épisode, dont j’ai été victime, et qui dénonce leurs pratiques anciennes et leur contribution active à la chasse organisée par l’ancien régime contre leurs collègues opposants ou, comme moi, simplement indépendants.
L’épisode remonte à 2007-2008. J’avais démissionné de ‘‘Jeune Afrique’’ pour cofonder avec Raouf Cheikhrouhou un magazine hebdomadaire ‘‘L’Expression’’. Le magazine devait paraître le 3 décembre 2007. Le numéro 1 était bouclé et les invitations pour le lancement étaient distribuées, lorsque la décision d’interdiction est tombée. Ma personne posant problème, on avait conseillé à M. Cheikhrouhou de chercher un autre directeur de la rédaction. Ce que ce dernier a refusé, arguant du fait qu’il ne pouvait rompre son accord avec moi. Il a donc fallu des négociations d’une année pour qu’Abdelwaheb Abdallah (AA) et ses collabos acceptent enfin d’autoriser le magazine à paraître, à une condition (du reste respectée par un commun accord entre l’éditeur et moi) que mon nom ne figure pas dans l’ours comme étant directeur de rédaction ou rédacteur en chef. Il fallait sauver le projet dans lequel M. Cheikhrouhou avait déjà beaucoup investi.  
Comme il fallait s’y attendre, la ligne éditoriale indépendante du magazine, mes articles sur la grève de la faim de Néjib Chebbi et Maya Jéribi, sur les événements de Redeyef et les problèmes de la succession de Ben Ali, entre autres «crimes» impardonnables, m’ont valu d’être poussé à la porte au bout d’une année.

Abdelwaheb Abdallah et ses chiens aboyeurs habituels
Entre le 3 décembre 2007, date de mon entrée dans le groupe Assabah, et le 31 novembre 2008, date de mon départ forcé à l’instigation du ministre de la Communication de l’époque, Rafaâ Dekhil, j’ai eu droit à plusieurs campagnes de dénigrement dans la presse de caniveau, commanditée par les services d’AA et exécutée, comme tout le monde sait, par ses chiens aboyeurs habituels et qui émargeaient sur ses générosités Atce-esques, Afh-esques, etc.
L’une de ces campagnes a commencé avec une lettre anonyme m’accusant de plagiat (pas moins !) Et la machine du dénigrement de se mettre en branle, relayée par ceux et celles que tous les Tunisiens connaissent désormais. On avait alors fait circuler une pétition dans les rédactions.
Quand j’ai eu vent de l’affaire, j’ai demandé des explications au bureau de l’ex-Association des journalistes tunisiens (Ajt) où les agents de Ben Ali étaient majoritaires. Et c’est un collègue ancien de Dar Assabah, Ahmed Ben Abdallah, qui m’a apporté une copie de la lettre de dénonciation.
Le dénonciateur courageusement anonyme – il s’est révélé être un rédacteur en chef encore en exercice, qui s’est illustré par des articles de référence sur la bonté de Leïla Ben Ali et des Trabelsi – me reprochait d’avoir repris des éléments d’information sur la vie et le parcours d’un jihadiste français converti, un certain Christophe Caze, d’un rapport publié sur le site Internet du Raid, une unité d'élite de la police nationale française, qui avait participé à l’arrestation de ce dernier.
Voici, par ailleurs, le lien du site en question (autant dire la preuve de ma forfaiture) et le lien de l’article ‘‘Christophe Caze: de l’islamisme radical au grand banditisme’’, publié le 16 janvier 2007, dans le cadre d’une enquête-feuilleton d’une trentaine d’épisodes sur ‘‘Le jihad des convertis’’ (autant dire mon «crime»). Les lecteurs jugeront d’eux-mêmes.

Rumeurs et les bruits de couloirs
J’avais à l’époque écrit une lettre au président de l’Ajt, que notre collègue Ahmed Ben Abdallah s’est chargé de transmettre à la direction de l’association. Dans la lettre, je demandais à mes accusateurs d’apporter les preuves de leurs accusations, en menaçant de porter l’affaire devant les tribunaux. Les rumeurs et les bruits de couloirs se sont aussitôt tus. Je n’ai pas reçu de réponse à ma lettre ni de notification d’une quelconque procédure. Et voilà que l’on agite aujourd’hui ce piteux épisode qui en dit long sur les mœurs de ses instigateurs…
Mes pourfendeurs m’accusent, par ailleurs, de vouloir américaniser l’information en Tunisie. Le ridicule, on le sait, n’a jamais tué, sinon les «benalistes» seraient tous déjà morts. Mes articles stigmatisant la politique américaine en général et dans région du Moyen-Orient en particulier sont si nombreux – et publiés dans différents journaux et magazines tunisiens et européens – que cette accusation ne me surprend pas, connaissant l’identité de ses auteurs. Elle me fait plutôt rire. Les lecteurs pourront faire une recherche sur le web pour y trouver des articles de moi critiquant les politiques ou les décisions de Washington (concernant l'Irak, l'Afghanistan, l'appui aux dictatures arabes, etc.).  
Que me reproche-t-on en plus? D’avoir fait une interview à l’ex-Premier ministre Mohamed Ghannouchi, le 21 janvier dernier, une semaine après la fuite de l’ex-dictateur aimé de Mme Fatma Karray, mon accusatrice d’hier, d’aujourd’hui et de toujours, ci-devant membre du glorieux Observatoire des élections présidentielle et législatives de 2009. Lequel observatoire n’a rien trouvé à redire sur les conditions de déroulement d’une énième mascarade électorale, en octobre 2009, qui a porté Ben Ali au pouvoir à près de 99% des voix.

Voici par ailleurs les liens des articles publiés sur Kapitalis et qui me valent aujourd’hui la campagne de dénigrement des «benaliens».

Les Tunisiens, qui n’ont pas la mémoire courte, sauront reconnaître les leurs. Ils sauront aussi démasquer et mettre hors d’état de nuire ceux qui ont toujours servi avec zèle leurs oppresseurs et comploté contre sa révolution et sa soif de liberté.