Quoi dire? Le chansonnier tunisien Mohsen Cherif lança un vivat bien appuyé à la gloire de Netanyahu. Serait-ce tout? Non. Laissez-moi finir. Trois vilains gros canards, bien des mares de chez nous, surgissent par à-coups aux mêmes noces «tunisiennes», à Eilat, en Israël. Serait-ce tout? Mais non! Jamel Heni, Paris.
Quarante milles appels à déchoir le malheureux Cherif de sa seule nationalité tunisienne, sur Facebook! Et ce n’est pas tout. Des voix, toujours les mêmes, brisent le même silence pour dénoncer les mêmes excès et rappeler aux mêmes nuances! Et ce sera tout. Car je n’en peux plus...
Reprenons. Mohsen Cherif accéda à la demande d’un invité. Et alors. Attendez... Par ces temps de nuances, il convient toujours de savoir laquelle! Eh bien, le chansonnier de noce acquiesça à un hôte quêtant des vivats pour son premier ministre. Benjamin Netanyahu! Ah non, tout de même, un mariage juif tunisien n’est pas une réunion de parti d’extrême-droite sioniste! Et même, comment tolérer que l’amalgame juif-sioniste, soit promu par une frange de la communauté binationale?
Dans l’ordre. La communauté virtuelle s’en fâche à mort sur la toile et appelle à sanction. Les élites «dominées» (par le capital financier et politique) s’inscrivent clairement en faux contre toute normalisation culturelle avec Israël. Les élites dominantes (au service du capital financier et politique) font dans la nuance, enfilent leur tablier d’éternels rédempteurs de l’esprit tunisien (ils se découvrent d’un coup nationalistes, localement humanistes, pour les besoins de l’argument cette fois-ci)...
Tout le monde est là, je n’ai oublié personne! Bien. Voici. Quelque chose en moi s’est brisée. Je ne pense plus comme avant. Et je pète les plombs, tous les plombs...
Les nouveaux imposteurs
Cette fois, je dirais tout. La vie n’est pas rose. Non pas ce matin-là, non. Je vois mon pays sur le fil. En l’air. «Le plus dur n’est pas la chute mais l’atterrissage». Grosse m... En l’air. Légers et insoutenables. Tant qu’à faire, un vivat raciste. Tant que ça chute, un vivat raciste. Après la Shoa, après Gaza, quelques «écrivains publics» seront là à nous blanchir le c….
Tant que ça chute, le pays cherche sa mère, son père, et ses petits frères. Les nouveaux imposteurs (j’aime bien comment ils insultent, mais là ils en seront pour leurs frais, arroseurs va!) lui indiquent la robotique culturelle. Ils affirment que nous sommes clonés. Surgis ex nihilo, sans amour ni conquête. Les paranos. Vous voyez le truc. Un puits de parano. Nous serions sans histoire, tant que la nôtre ne leur va pas. Ils en auraient souhaité mieux. Sauf que nous aussi nous aurions souhaité mieux et surtout une meilleure élite dominante. Choisit-on sa mère?!
Un puits de parano ; les enfoirés. Refaire le monde, le soumettre noir sur blanc à leur diktat ne suffit plus, encore faut-il refaire l’histoire, son «état civil»! Qui dit mieux.
Un critique télé. Un autre, puis un monstre de théâtre. Deux ou trois universitaires attitrés de la nuance proche-orientale! Et hop là. On nationalise et internationalise à la tête du client. Le Pakistan, le Yémen, l’Iran, ça va, on porte. La Palestine, trop large. Voyons voir. Ils protestent contre les «défenseurs autoproclamés de la Palestine»! Ce n’est même pas superficiel, dirait Nietzsche, c’est tout simplement abject. Alors qu’ils passent leur vie, combat noble et absolument nécessaire, absolument urgent, vital et inéluctable contre les infréquentables barbus, alors qu’ils passent leur vie à défendre les femmes iraniennes, yéménites, les beurettes humiliées de Saint Denis...
Quoi? Se seraient-ils autoproclamés porte-parole de la Tunisie, pourvu qu’elle la ferme, pourvu qu’elle cesse d’avoir ses oreilles pour entendre et ses yeux pour voir. Les enfoirés. Ils mettent du droit dans les cœurs, maintenant. Ne ressentez pas ceci, ressentez plutôt cela... Plus parano? Ah!
Bonnes colères et beau rôle
Et je ne pense plus comme avant. Je regarde au fond du puits, il n’y a que leur parano. Que croient-ils au juste? Que nous soyons, si clonés que ça. Eh bien, chers imposteurs. Les quarante milles appels à sanction ne sont pas un détail de l’histoire. Avec d’assidus lecteurs, les élites dominées, celles qui n’ont pas intérêt à mentir, ne supportent plus la posture aérienne. Ils cassent la corde et s’impatientent d’atterrir quelque part, là où l'histoire a choisi sa nature. Là où les choses se font d’elles mêmes, naturellement, génétiquement si vous voulez. Sans hargne contre papa ni maman. On ne choisit pas sa mère. Ni son père. Chutons ailleurs, atterrissons à Tunis. A Tunis. Un pays qui avait aboli le racisme, un siècle avant l’Europe (enfin presque !), et qui ne se voit pas y revenir, fût-ce l’excuse des noces!
Dans un moment de lucidité honnête, proprement interdit aux salauds, les élites dominées, les syndicats tunisiens, les hommes de lettres, de sciences, les artistes, les bonnes gens se demandent: «Quelle aurait-été la réaction de nos concitoyens juifs si Cherif avait scandé un vivat à la gloire du Führer? Quelle n’aurait été la colère des nouveaux imposteurs, intermittents de l’humanisme. Enfoirés, ils auront toujours les bonnes colères qui rapportent! Ils ressentent toujours ce qu’il faut pour avoir le beau rôle!
Je ne pense plus comme avant. La Tunisie, qui n’a pas intérêt à mentir, s’impatiente d’atterrir. A Tunis. Du côté des Palestiniens, victimes du racisme sioniste dont Netanyahu est l’ultime expression. Du côté des femmes iraniennes, des veuves gazzaouites, sans distinction mal élevée.
On ne choisit pas sa mère, ni son père, ni ses frères. Oh que si.
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