Lettre ouverte à Béji Caïd Essebsi, un président détaché, lointain et apparemment dépassé par les évènements.
Par Lotfi Saibi*
Monsieur le président,
J’ai voté pour vous parce que, à l’époque, je croyais que vous étiez le meilleur candidat. J’ai voté pour vous parce que je vous ai cru quand vous avez dit que vous traduirez les assassins de Brahmi et Belaïd devant la justice. J’ai voté pour vous parce que vous représentiez l’antithèse de trois ans d’échec de leadership exécutif. J’ai voté pour vous parce que je croyais que vous vouliez réunir un pays fracturé, tel que vous l’aviez réclamé. J’ai voté pour vous parce que vous sembliez être déterminé à prendre en main la guerre contre le terrorisme, parce que vous sembliez conscients qu’il fallait aller chercher ces vermines avant qu’ils n’ôtent la vie à plus de nos soldats pour laisser plus d’orphelins et effrayer plus d’investisseurs étrangers. Et enfin, j’ai voté pour vous parce que quand je vous ai regardé dans les yeux le jour où je vous ai rencontré dans votre bureau, j’ai vu une personne authentique qui avait décidé de consacrer ce qui reste de sa vie pour servir son pays.
Moi, comme beaucoup d’autres citoyens, nous avons voté pour vous parce que nous pensions que vous étiez capable de conduire ce pays hors d’une impasse historique, d’un carrefour des idéologies et d’eaux troubles socio-économiques.
Il est clair que dans d’autres circonstances, dans un monde meilleur où la Tunisie n’aurait pas souffert le martyre durant 3 bonnes années, nous aurions certainement voté pour un autre candidat; mais vous étiez celui que nous avons choisi, et je suis désolé monsieur de dire que, jusqu’à présent, vous nous avez déçus et vous avez failli à vos promesses Nous avions placé tant d’espoir en vous; nous croyions pouvoir compter sur un capitaine solide et fiable qui ne laissera pas couler le navire; nous pensions que les rides sur votre visage vous apporteraient sensibilité et sagesse pour soulager les blessures de cette nation, mais il paraît que nous avions tout faux.
Notre nation est toute aussi divisée; notre avenir est tout aussi incertain.
L’auteur avec le président Caid Essebsi.
Durant 6 mois à Carthage, vous étiez un président détaché et lointain, un leader réactionnaire dépassé par les évènements. Le charisme avec lequel vous aviez séduit cœurs et âmes pendant la campagne, vous a déserté. L’équipe que vous aviez assemblé est incapable de gérer votre calendrier et votre image en tant que commandant en chef, au point que vous semblez ignorer le basique du quotidien de nos forces armées. Maintenir le statu-quo semble être votre mot d’ordre et votre mode opératoire.
Monsieur le Président, il y a encore de l’espoir et il y a encore de la lumière. Assumez vos responsabilités et soyez le leader tant souhaité pour une nation qui lutte pour vaincre l’obscurité et se remettre sous la lumière.
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