Les opérateurs français du secteur des mines et carrières souhaitent développer le volume de travail, encore faible, qu’ils réalisent avec la Tunisie.
Par Wajdi Msaed
La Tunisie a abrité, les 9 et 10 décembre courant, les premières Rencontres tuniso-françaises des mines et des carrières, organisées par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI ), en partenariat avec Régie Publicité Industrielle (RPI France) et l’Union tunisienne pour l’industrie, le commerce et l’artisanat (Utica).
La relance du secteur minier
Ces rencontres ont pris naissance en 2008 en Algérie, qui accueillera la prochaine rencontre, les 24 et 25 mai 2016 à Constantine. Elles ont eu lieu aussi au Maroc en 2012. Pour ce qui est de la Tunisie, les choses ont tardé et pour cause. «Nous avons pensé à la Tunisie depuis 2010, mais les choses ont dû être reportées à cause des événements vécus par la Tunisie en 2011», a expliqué Jean-François Narcy, représentant de RPI.
Jean-François Narcy.
Se félicitant de tous les efforts fournis par les différents organisateurs pour assurer les conditions de réussite à cette manifestation, et plus particulièrement à RPI, «dont la confiance en la Tunisie est restée infaillible», Foued Lakhoua, président de la CTFCI, a souligné les conditions propice à la relance de l’activité dans le secteur minier, qui a été affectée par les mouvements sociaux, depuis la révolution du 14 janvier 2011.
«En dépit de toutes les difficultés et menaces auxquelles la Tunisie ne cesse de faire face, on ne peut que se réjouir de la reprise de l’activité minière, notamment dans le bassin minier de Gafsa, où les perspectives de production de phosphate pour 2016 sont particulièrement optimistes (plus de 6 millions de tonnes) et avec le gain de nouveaux marchés extérieurs par le Groupe chimique tunisien (GCT)», a expliqué M. Lakhoua.
Un énorme potentiel inexploité
Bien entendu, le secteur des mines et carrières ne se limite pas, en Tunisie, à la seule production des phosphates, en ce sens qu’il recèle de nombreuses autres opportunités de partenariat puisque la Tunisie dispose, également, d’un important potentiel non encore suffisamment exploité, notamment dans les régions intérieures du pays.
«En effet, a encore précisé le président de la CTFCI, de nombreuses niches existent en matière d’exploitation et de valorisation de certaines substances utiles, de pierres marbrières, de sable riche en silice, de pierre calcaire, de gypse blanc, de clinker… et qui ne demandent qu’à être exploitées de manière à créer de la valeur et de générer des sources d’emploi dans les différentes régions du pays».
Un tel constat est d’ailleurs confirmé par un haut responsable à l’Office national des mines (ONM) qui a renchéri: «Notre pays, qui dispose d’un grand potentiel en roches industrielles, est classé 4e à l’échelle mondiale en production de gypse», faisant savoir que «le gypse se distingue par son rôle d’isolant thermique capable aussi de défier l’humidité», alors que «la silice peut être utilisée dans 80 applications industrielles». «Toutefois, a-t-il cependant déploré, plusieurs obstacles d’ordre structurel se dressent devant le développement des industries spécialisées dans le traitement de ces ressources et notamment la question foncière».
Alain Rozanes.
Contacts et partenariats
Parrainées par le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), le Groupe chimique tunisien (GCT) et la Fédération nationale du bâtiment (FNB) et la Chambre syndicale des exploitants de carrières (CSEC), ces rencontres se sont fixé comme objectif de mettre en relation les exploitants de carrières et opérateurs miniers en Tunisie avec les entreprises françaises, fournisseurs de matériels et services pour l’industrie des mines et carrières. Dans ce cadre, 37 entreprises françaises du secteur ont marqué leur présence à ces rencontres qui leur ont permis d’établir des contacts d’affaires et de partenariat avec les professionnels tunisiens. Ces derniers sont venus nombreux pour prendre connaissance et découvrir les dernières nouveautés techniques et technologiques leur permettant de mettre à niveau leurs techniques d’exploitation. «Le nombre des participants a dépassé de loin les prévisions», nous a confié un responsable de l’Utica.
«Nous saluons vivement cette initiative qui nous a permis le contact direct avec des fournisseurs et des prestataires que nous ne connaissions qu’à travers les publications», a souligné un exploitant de carrière, qui espère voir ces rencontres organisées à un rythme annuel, à l’instar de ce qui se passe dans les autres pays maghrébins, surtout que leur programme est riche en conférences, ateliers et rencontres B2B.
Rencontre B2B
Dans une vaste salle qui a abrité les séances de contacts B2B, certains participants nous ont fait part du grand intérêt qu’ils accordent à de telles occasions «qui enrichissent et diversifient les axes de coopération entre les deux pays».
Pour Alain Rozanes, c’est une occasion pour découvrir le marché tunisien surtout que son entreprise spécialisée dans les produits contre l’abrasion est à la recherche d’un contact pour s’installer en Tunisie.
Quant à Brice Villemotte, il estime que la marque qu’il représente, dont la création remonte à 1921, «peut développer le volume de travail qu’elle réalise avec la Tunisie qui demeure faible avec uniquement deux représentations».
Et pour Gérard Demaisy, dont l’entreprise opère en Algérie et au Maroc, le souci est de mettre en place un partenariat exclusif avec un partenaire tunisien. «On préfère utiliser les ressources sur place», a-t-il indiqué.
Ilham Kessou, marocaine d’origine, qui représente la filiale française d’un groupe danois spécialisé dans le matériel vibrant, a confié que les problèmes vécus par la Tunisie ont retardé la mise en place de leurs projets dans notre pays, sachant que 80% du chiffre d’affaires réalisé par son groupe sur le continent africain se fait, depuis 10 ans, avec le Maroc. «J’espère que de nouveaux horizons seront ouverts en Tunisie qui nous permettront d’axer davantage nos efforts sur ce beau pays que nous aimons tant et auquel nous souhaitons sécurité, sérénité et développement», a-t-elle dit.
Le message de la fin sera lancé par Foued Lakhoua: «Que les opportunités offertes à travers ces rencontre se traduisent en projets mutuellement profitables».
Donnez votre avis