Pour le ministre islamiste tunisien Zied Ladhari, le déficit commercial de la Tunisie avec la Turquie islamiste d’Erdogan est une fatalité voire une chance !
Par Abderrazek Krimi
Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Zied Ladhari, dont on ne sait pas ce qu’il fait exactement, puisqu’on sait déjà ce qu’il ne fait pas : défendre des intérêts de la Tunisie, a déclaré, mercredi 26 avril 2017, que 80% des produits importés de Turquie sont indispensables pour la Tunisie.
Il a aussi indiqué que le tiers de ces importations est formé de machines et d’équipements industriels pour les usines tunisiennes, qui préfèrent les importer de Turquie en raison du rapport qualité-prix.
Le second tiers est formé de produits semi manufacturés qui sont traités en Tunisie et exportés, contribuant ainsi à l’équilibre de la balance commerciale.
Quant au dernier tiers, il est constitué de produits de consommation vitaux, à instar des huiles végétales.
M. Ladhari, qui ne précise pas lequel des 3 tiers est plus gros que l’autre, a cru devoir ajouter que son département est en train d’examiner diverses solutions pour réduire le déficit de la balance commerciale tunisienne avec la Turquie, notamment la limitation du volume d’importation de certains produits et l’augmentation de la taxe douanière pour d’autres.
En train d’examiner, dit-il. Quand prendra-t-il des mesures? Parions que ce ne sera pas demain la veille. L’économie tunisienne bouge encore, on attendra qu’elle rende l’âme…
Il est à noter que le marché tunisien est actuellement submergé de produits turcs, dont certains concurrencent les produits tunisiens (alimentation, habillement, etc.), portant ainsi un coup dur à l’industrie nationale, sans que l’Etat n’ait cru devoir prendre les mesures protectrices nécessaires pourtant prévues par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’accord de libre échange entre la Tunisie et la Turquie.
Il est également à noter que cette montée en puissance des produits turcs sur le marché tunisien date de 2012, année qui a vu la montée des islamistes d’Ennahdha au pouvoir à Tunis. Les facilités accordées par les islamistes tunisiens à leurs «frères» turcs, tous deux membres de l’organisation internationale des Frères musulmans, s’inscrivent dans une stratégie panislamiste dont les Tunisiens n’ont pas fini de payer les frais. Pour preuve : avec un solde négatif de -1.482,2 millions de dinars (MDT), en 2016, la Turquie représente le 2e déficit commercial de la Tunisie (après la Chine).
Outre l’invasion des produits turcs, ce tropisme turc des islamistes tunisiens se traduit aussi par le renforcement des relations culturelles, avec l’introduction de l’apprentissage de la langue turque dans les programmes scolaires tunisiens.
C’est ce qui fait dire à certains analystes que la mise en place d’une domination économique et culturelle turque ne représente qu’une séquence d’un plan global d’islamisation de la société tunisienne. Un projet qui veut renouer avec le califat ottoman dont le président turc Erdogan veut être l’«héritier légitime».
Rappelons, dans ce contexte, que lors du dernier remaniement ministériel effectué en mars dernier, le chef du gouvernement Youssef Chahed a limogé l’ex-secrétaire d’Etat au Commerce, Fayçal Hafiane, qui a tiré la sonnette d’alarme face au creusement du déficit commercial de la Tunisie avec la Turquie et l’invasion du marché tunisien par des produits turcs.
Cette déclaration, on l’imagine, n’a pas été du goût des dirigeants d’Ennahdha, qui ont exigé et obtenu le limogeage de Fayçal Hafiane, tout en insistant pour le maintien de Zied Ladhari, l’un des plus mauvais (sinon le plus mauvais) ministre du Commerce et de l’Industrie que la Tunisie ait jamais eu.
Si l’on veut comprendre comment est-on parvenu à aggraver la crise en Tunisie et à détruire son économie, on a là une très bonne illustration. Merci qui ?
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