Si la reprise du tourisme depuis le début de l’année 2017 est réelle, les recettes en devises du secteur restent faibles voire insignifiantes.
Par Hassen Mzoughi
«On parle d’une reprise du tourisme sans être suivie d’une hausse similaire en recettes», avait lancé, le 16 mai 2017, Chedly Ayari gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) lors d’une séance d’audition à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), déclaration qui avait alors suscité une polémique parmi les professionnels du secteur.
En réaction, la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) vient de publier les chiffres.
Le nombre de nuitées a certes augmenté depuis le début de l’année de 713.000, mais cette hausse est due principalement à la hausse des nuitées réalisées par les touristes maghrébins et tunisiens payant en monnaie locale. L’encaissement des recettes en devises ne serait effectif qu’au cours des mois de juillet et août, coïncidant avec la haute saison estivale, a indiqué la FTH, citée par l’agence Tap.
Ces données ont été confirmées par le vice-présent de la FTH, Jaleleddine Henchiri, chiffres à l’appui. Selon lui, les revenus du tourisme ont augmenté, depuis le début de l’année, de 40%, mais les revenus en devises n’ont augmenté, eux, que de 4,4%. Ce qui confirme les «doutes» de Chedly Ayari, qui ne voit pas vraiment, et à juste titre, l’apport de la reprise du tourisme sur les réserves en devises de la Tunisie, encore alimentées, en grande partie, par les ressources générées par des emprunts contractés auprès des bailleurs de fonds internationaux.
Le président de l’Association tunisienne pour la lutte contre la corruption (ATLCC), Ibrahim Missaoui, avance, quant à lui, une autre «thèse». Dans des déclarations accordées à ‘‘Africanmanager’’, il dénonce «la mauvaise gestion et la corruption dans le secteur touristique», affirmant à ce propos «l’existence d’une fraude au niveau des recettes en devises du tourisme», une partie de ces recettes restant à l’étranger. M. Missaoui accuse certains hôteliers et voyagistes de pratiquer des dépassements sans toutefois préciser leur nature ni nommer les professionnels indélicats. Il y aurait donc des recettes en devises réalisées par le secteur, mais qui s’égarent en chemin ?
Une enquête diligentée par les services concernés serait donc la bienvenue, pour confirmer ces accusations ou dissiper les soupçons.
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