Me Gérard Chemla et Me Geraldine Berger Stenger.
Impressions de Me Géraldine Berger Stenger et Me Gérard Chemla, deux des avocats français ayant assisté, mardi 31 octobre 2017, à Tunis, au procès des 22 accusés dans l’attentat du musée du Bardo.
Avant d’entrer dans la salle d’audience du tribunal de première instance de Tunis, à Bab Benat, les avocats français ont été reçus par le procureur de la république, la présidente dudit tribunal et le président de la chambre pénale.
C’est la première fois que des avocats, qui plus est étrangers, ont droit à un tel accueil de la part des autorités judiciaires en Tunisie. Sans commentaire…
Les débats traduits de l’arabe en français
Dans les couloirs du tribunal, Me Géraldine Berger Stenger, avocate au barreau de Paris, et son confrère Gérard Chemla, ancien bâtonnier et avocat à Reims, venus spécialement de France pour assister au procès, étaient accompagnés de leur confrère tunisien Me Imed Ben Khamsa, chargé par 3 associations françaises de défendre les intérêts des blessés dans l’attaque terroriste du 18 mars 2015, perpétrée par deux jihadistes tunisiens armés de fusils d’assaut Kalachnikov et de grenades et revendiquée par l’organisation de l’Etat islamique (Daech), qui a causé la mort de 24 personnes – dont 21 touristes, un agent des forces de l’ordre et les 2 terroristes – et fait 45 blessés.
«Au lendemain de cette attaque au Bardo, l’Association française des victimes du terrorisme (AVFT) m’a chargée de représenter 4 victimes blessées. Nous avons pu suivre l’audience d’aujourd’hui grâce à la traduction simultanée», a déclaré Me Berger Stenger, en faisant remarquer que la parole a été très peu donnée aux 19 accusés ayant comparu devant le juge. «Trois parmi les accusés ont, par contre, refusé de comparaître devant le juge alors qu’ils étaient là», a-t-elle aussi signalé.
Gérard Chemla.
Un système visioconférence, dites-vous ?
Me Chemla, qui représente, pour sa part, 25 victimes, a tenu à préciser qu’il représente également l’Association des victimes du musée du Bardo (AVMB) et la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC), créée il y a une trentaine d’années, qui lui ont confié cette affaire. «J’ai demandé la mise en place des caméras dans la salle d’audience du tribunal tunisien pour que les victimes puissent suivre en direct les débats à partir d’une salle dans un tribunal français», a précisé Me Chemla. Le but derrière la mise en place de ce système de visioconférence est d’«éviter le déplacement de ces gens qui n’ont pas les moyens de se payer, à chaque fois, les frais du voyage pour assister au procès», a-t-il poursuivi.
Les avocats français espèrent voir les autorités judiciaires tunisiennes répondre favorablement à leur demande, d’autant que, lors de la visite officielle du Premier ministre français Edouard Philippe, début octobre, en Tunisie, l’affaire de l’attentat du Musée du Bardo a été au centre de ses discussions avec son homologue tunisien Youssef Chahed, a enchaîné Me Berger Stenger. «Nous attendons une coopération de la partie tunisienne à ce niveau là», a-t-elle conclu.
Me Ben Khamsa, qui fait partie du comité de défense engagé par les victimes et par les associations, était présent à l’audience. «Nous sommes seulement à notre 2e audience après celle de juillet dernier et il n’y a eu jusque-là aucune plaidoirie. La prochaine audience, fixée pour le 9 janvier 2018, sera consacrée à l’interrogatoire de accusés», a-t-il expliqué.
Interrogés sur la demande de leurs confrères français de diffuser les débats par vidéo-conférence, des avocats tunisiens présents au Palais de Justice ont estimé qu’elle n’est pas raisonnable. Car elle n’est pas conforme au droit. En France, une telle idée ne saurait être acceptée, à fortiori dans une affaire de terrorisme. Les médias de l’Hexagone se contentent, d’ailleurs, de reproduire des dessins de l’audience et des portraits au fusain des accusés, rappellent-ils, ajoutant que la cour pourrait, pour des raisons sécuritaires, programmer les prochaines audiences dans un lieu secret.
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