Selon les estimations préliminaires des municipales du 6 mai 2018, en gros, quatre blocs se partagent à parts presqu’égales les voix de moins d’un quart des électeurs qui ont pris la peine de voter.
Par Marwan Chahla
C’est ce qui ressort des résultats de l’enquête menée par le bureau d’études Sigma Conseil, à la sortie des urnes, rendus publics hier, dimanche 6 mai 2018.
Ennahdha et Nidaa, vieux routiers de la combinazione
En tête du premier scrutin municipal de l’après-révolution, l’on trouve les partis au pouvoir, soit ceux que l’on pourrait appeler «les sortants» sur la base des législatives et présidentielle de 2014, qui engrangent à eux deux 50% des suffrages exprimés: le parti islamiste d’Ennahdha, avec un gros quart de 27,5%, et Nidaa Tounes, avec un petit quart de 22,5%. Il s’agit d’un petit inversement de tendance qui ne changerait pas grand’ chose à l’essentiel de la distribution des rôles…
Viennent ensuite, dans ces élections municipales, les formations politiques de l’opposition, qui ont fait la course soit séparément ou en choisissant de se coaliser, qui récoltent respectivement 14% et 8%, ce qui équivaut à un autre bloc d’un petit quart de 22%.
Le quatrième acteur du scrutin municipal d’hier, les listes indépendantes, s’est taillé un bon quart de 28%.
En somme donc, théoriquement, le paysage national offrirait un partage équitable du nombre de sièges des prochains conseils municipaux: quatre groupes d’un poids politique équivalent présideront aux destinées de nos villes. Pratiquement, il s’agira d’une autre affaire…
Ennahdha et Nidaa Tounes, en vieux routiers de la combinazione, trouveront certainement les arrangements, entre eux, pour se faire des concessions mutuelles, c’est-à-dire troquer la présidence d’une municipalité contre une autre et poursuivre leur business as usual…
Colère, désaffection et abstention
Ainsi, par la force même des choses et de manière globale, les deux autres blocs se trouveront cantonnés dans le rôle de l’opposition. Même si l’on peut imaginer, dans les listes dites indépendantes, des Nahdhaouis et des Nidaïstes infiltrés ou qui se découvriront, après-coup, des affinités avec l’une ou l’autre formation. Mais c’est là une autre histoire…
Autre constat, indéniablement le plus important et le plus affligeant aussi, l’indifférence de l’électorat: sur la totalité des personnes éligibles, seulement 21%, soit 1 citoyen sur 5 en âge de voter, ont cru bon de le faire. Pour formuler cette idée autrement: 4 électeurs inscrits sur 5, pour des raisons multiples et toutes valables, n’ont pas cru à ce scrutin. Ou l’on boudé pour exprimer leur colère ou leur désaffection, comme l’a du reste explique Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire.
En définitive, la démocratie est un apprentissage et une maturité. Nous avons aujourd’hui la preuve irréfutable que notre expérience de sept années de pratique démocratique n’a pas suffi. Pour l’essentiel, il semble évident que ce que l’on a connu de la démocratie n’a engendré que désenchantement et frustration qui se sont traduits par une abstention en masse: près de 80% des Tunisiens ne croient pas que leur bonheur viendra des urnes !
C’est donc sur la base de ce poids de un cinquième (1/5e) de l’électorat que les sièges de nos prochains conseils municipaux…
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