Selon Afif Chelbi, ministre auprès du chef de gouvernement Youssef Chahed, l’économie tunisienne commence à émerger lentement mais sûrement, comme le montre l’amélioration des chiffres de la croissance et la baisse du déficit budgétaire.
Par Abdelmajid Mselmi *
Invité par la section de Sousse du mouvement Tahia Tounes, Afif Chelbi, ministre auprès du chef de gouvernement, a indiqué qu’un véritable tsunami s’est abattu sur l’économie tunisienne après la révolution et l’a profondément endommagée. La crise économique de 1986, fréquemment prise pour référence par les Tunisiens, ne peut être considérée, selon lui, que comme «un petit orage» comparée au cyclone qui a frappé en 2011.
Ce haut commis de l’Etat a ajouté que les pertes dans les seuls secteurs de l’énergie et des phosphates s’élèvent à 40 milliards de dinars tunisiens (DT) pendant les 6 années qui ont suivi la révolution soit le montant somme des dettes de la Tunisie.
L’émergence du terrorisme, un véritable fléau national, a aggravé une situation déjà difficile, endommageant fortement le tourisme, un des principaux moteurs de l’économie, et obligeant l’Etat à changer totalement de priorités et à allouer des budgets supplémentaires pour renforcer nos dispositifs sécuritaires aux dépens des secteurs à caractère sociale.
L’administration tunisienne, un autre levier de l’économie, a été frappée, elle aussi, de plein fouet durant la période postrévolutionnaire, ajoute le ministre, facteur qui a aussi considérablement handicapé l’économie nationale. Et elle en garde toujours des séquelles.
La transition démocratique n’a pas de prix mais elle a un coût
Afif Chelbi a rappelé l’expérience de 30 pays ayant vécu une transition démocratique. Celle-ci s’accompagne inéluctablement d’une grave crise socio-économique dont le coût peut s’élever à 100 milliards de dinars tunisiens soit l’équivalent du PNB de la Tunisie. La transition démocratique, telle que vécu dans la plupart des pays, s’accompagne d’une véritable descente aux enfers suivi d’une remontée progressive. Quand le gouvernement Youssef Chahed a pris les affaires, en août 2016, l’économie tunisienne touchait le fond. La crise atteignait des proportions considérables. Des mesures urgentes ont été prises afin d’assainir les finances publiques et de remettre en marche les moteurs de l’économie. Le coût social de ces mesures subi par les Tunisiens semble lourd, reconnaît le ministre, mais on n’avait pas le choix. Il fallait le faire, sinon on risquait de couler.
Le ministre, qui rejette tout pessimisme, se veut rassurant : l’économie commence à émerger lentement mais sûrement, comme le montre l’amélioration des chiffres de la croissance et la baisse du déficit budgétaire.
Interrogé sur la forte dévaluation du dinar, Afif Chelbi a reconnu que celle-ci nuit beaucoup à l’économie et à l’image de la Tunisie, car la monnaie nationale est l’emblème même de toute nation et les citoyens voient généralement d’un mauvais œil sa dégringolade. Mais, a-t-il rappelé, ce n’était nullement un choix délibéré du gouvernement Youssef Chahed, mais une obligation car la monnaie ne doit pas être surévaluée, car elle doit traduire de façon fidèle la situation économique du pays. La stabilisation du dinar durant les derniers mois reflète son début de convalescence, a estimé le ministre.
Non à l’énergie nucléaire!
Interpellé par l’assistance sur la crise de l’énergie et les solutions de rechange, le ministre a rappelé que l’essentiel du déficit budgétaire provient de l’énergie, en raison du retard considérable accusé par la Tunisie dans le domaine de la maîtrise de l’énergie et du développement des énergies renouvelables. L’un des mérites du gouvernement actuel n’est-il pas d’avoir renforcé les investissements dans les énergies solaire et éolienne ? Les résultats de cet investissement seront palpables dans deux ans et on pourra espérer couvrir 30% de nos besoins énergétiques par des énergies renouvelables à l’orée de 2030, selon les prévisions du gouvernement.
En réponse aux questions de l’un des participants au sujet des sources d’énergie à explorer dans l’avenir, M. Chelbi s’est déclaré favorable à l’exploitation du gaz de schiste, mais à condition que les études soient concluantes. Par contre, il a opposé un veto catégorique au développement de l’énergie nucléaire, rappelant que la Tunisie avait refusé, dans le passé, des propositions à ce sujet. C’est une énergie très polluante et très dangereuse, a-t-il insisté, en rappelant les accidents graves survenus au Japon et à Tchernobyl, en Ukraine. Par ailleurs, la rentabilité de ce type d’énergie n’est pas certaine, a-t-il conclu.
* Membre de Tahia Tounes.
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