Le Goethe Institut de Tunis et le collectif Pontalent viennent de lancer le projet «Moodha Okhra» (La mode autrement), une initiative d’éducation et de sensibilisation sur les ravages environnementaux causés par l’industrie du textile.
Par Fawz Benali
Lorsqu’on évoque le sujet de la pollution et du réchauffement climatique, on pense souvent aux transports, au pétrole ou au plastique, mais il nous arrive rarement de penser au prêt-à-porter qui, malgré tout, est aujourd’hui la deuxième industrie la plus polluante dans le monde après le pétrole.
Ce secteur contribue en effet fortement aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, surconsomme et pollue l’eau et utilise souvent des matières premières non recyclables.
Rompre le cercle vicieux de la surproduction et de la surconsommation
Les nouvelles tendances, les exigences de la mode, le poids de la publicité et des influences (notamment celles recrutées par les marques de prêt-à-porter) ne font que pousser la frénésie de l’achat à son paroxysme chez beaucoup de consommateurs. Il s’agit en effet d’un cercle vicieux de surproduction et de surconsommation qui amène à des quantités énormes de déchets de vêtements invendus ou jetés pour être remplacés par d’autres.
Face à ce constat alarmant et au manque d’initiatives éco-responsables dans le secteur du textile, le Goethe Institut de Tunis s’est associé à la jeune association Pontalent (qui travaille sur le développement d’initiatives à impact social et environnemental) autour de ce projet qui a pour but de fédérer une communauté active et impliquer les acteurs locaux de la mode en tenant compte des nouveaux enjeux éco-responsables et de la menace environnementale qui pèse sur la planète.
Adopter de nouvelles pratiques plus respectueuses de l’environnement
Mariem Aouadi, responsable du projet, explique que Moodha Okhra, qui a été lancé au début du mois de septembre, est construit autour de deux grandes phases. La première s’adresse au grand public dans une démarche de diffusion d’information et de sensibilisation, et ce, à travers un contenu digital riche et varié : des webinaires, des témoignages d’experts, mais aussi des podcasts en plusieurs langues (dialecte tunisien, français, anglais…) diffusés chaque vendredi sur les plateformes audio, avec à chaque fois un nouvel invité tunisien ou étranger qui vient aborder diverses thématiques et défis sur la mode responsable. «Les podcasts sont une matière très intéressante à explorer et le digital en général est un support puissant pour expliquer toutes les approches et les termes possibles liées à la mode durable», explique Mariem Aouadi.
Trois épisodes sont déjà disponibles avec la participation de Chems Eddine Mechri, fondateur de la marque tunisienne éco-responsable Née, Hasna Kourda, co-fondatrice de l’application Save you Wardrobe et Caroline Perdix cofondatrice du projet associatif Itinérances méditerranéennes.
Pour sa deuxième phase, Moodha Okhra compte faire participer activement les fabricants et stylistes afin de repenser leur rapport à la mode, de contrer la «fast fashion» (mode jetable et éphémère) et envisager ensemble des pratiques plus étiques, c’est-à-dire, plus durables et plus respectueuses de notre environnement.
Les organisateurs viennent d’ailleurs de lancer un appel à candidatures ouvert aux étudiants de la mode, aux designers et aux fondateurs de marques de prêt-à-porter. Le programme a pour objectif d’accompagner les stylistes et les porteurs de projets à adopter dans leurs prochaines créations le principe de l’«upcyclicling» qui donne une deuxième vie aux habits et tissus usagés en les transformant en de nouveaux vêtements.
Cinq créateurs seront sélectionnés parmi les candidats pour être accompagnés pendant trois mois par une équipe d’expert de la mode éthique.
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