Rached Ghannouchi, le mégalomane responsable des tous les malheurs de la Tunisie

Les images diffusées sur les réseaux sociaux et largement commentées par les médias, hier, mercredi 21 septembre 2022, montrant le dirigeant islamiste Rached Ghannouchi faisant le signe de la victoire à bord d’une limousine décapotable, à sa sortie de chez le juge d’instruction après des heures d’interrogatoire dans l’affaire de l’envoi de Tunisiens pour le jihad dans une Syrie en pleine guerre civile en 2012 et 2013, sont choquantes, déplacées et ridicules.

Par Raouf Chatty *

Comme citoyen et comme homme politique, le président du mouvement Ennahdha aurait été plus inspiré s’il avait évité tout ce tapage dangereux qui met davantage à bout les nerfs d’un peuple meurtri par les nombreux travers et dérives monstrueuses de ce parti qui a mis la Tunisie dans le pétrin où elle se trouve aujourd’hui et a failli à plusieurs reprises la plonger dans la violence et l’anarchie.

Cette attitude en dit long sur la mégalomanie de cet homme, son arrogance et son sentiment d’impunité. Elle est en totale contradiction avec les valeurs d’humilité et d’austérité prônées par la religion islamique qu’il prétend défendre.

Ce comportement constitue en lui-même un leurre  cynique à l’endroit de ses partisans auxquels il veut faire croire qu’il est toujours puissant et qu’il est sorti  grandi du conflit politique l’opposant au pouvoir actuellement en place et qu’il peut toujours jouer les premiers rôles dans le pays…

Un affront fait aux Tunisiens

Pis encore, son geste est un affront direct à de larges franges du peuple tunisien qui, le 25 juillet 2021, avaient exprimé leur rejet catégorique et définitif du parti islamiste  lors d’un soulèvement populaire historique. Les masses avaient laissé éclater leur  ras-le-bol contre lui et son mouvement car elles les tenaient pour responsable de la situation calamiteuse où s’était retrouvé le pays des suites de leur gouvernance catastrophique tout au long de la décennie 2011-2022, désormais baptisée «décennie noire»

Le cheikh feint aujourd’hui d’oublier que  le soulèvement populaire historique d’y a deux ans visait essentiellement son parti et que ses partisans avaient échappé in extremis à un lynchage populaire, plusieurs locaux d’Ennahdha ayant été pris violemment d’assaut par des foules en colère à travers toute la république.   

Il feint également d’ignorer que c’est le discours historique du président de la république prononcé tard dans la soirée de ce 25 juillet 2021 annonçant notamment le gel des activités de l’Assemblée, dominée par le parti islamiste, qui avait permis de ramener le calme dans tout le pays, renversé la situation sur le terrain et évité ainsi le pire au parti islamiste et la nation tout entière. 

Le président du parti islamiste, attaché plus que jamais au pouvoir, feint d’ignorer cette vérité historique, se jouant même de ses partisans auxquels il voudrait faire croire qu’il est aujourd’hui la première victime du nouveau système construit depuis le 25-Juillet par le président Kaïs Saïed et qu’il a des chances sérieuses de rebondir…

Peine perdue car tout le monde, y compris les siens, sait que son parti a été depuis  largement déstabilisé, que beaucoup de ses proches  partisans l’ont fui, que sa popularité a fondu comme neige au soleil, les gens l’accusant directement des  échecs de la Tunisie dans tous les domaines. 

Aujourd’hui, personne n’est dupe pour faire accréditer la thèse qu’Ennahdha est exempt de toute implication, directe ou indirecte, du crime consistant dans l’envoi de jeunes Tunisiens vers l’enfer syrien. De nombreux arguments objectifs plaident contre lui.

«Défendre l’islam menacé», disent-ils  

Faut-il rappeler qu’entre 2012 et 2014, les mosquées  en Tunisie étaient monopolisées par des imams politiquement très proches du parti islamiste et que plusieurs parmi eux incitaient les jeunes à partir pour le jihad en Syrie. La mosquée El-Fath, au cœur de la capitale, donnait l’exemple lors des prêches va-t-en-guerre des vendredis assurés par Noureddine Khademi, alors ministre des Affaires religieuses. Des médias proches du parti islamiste étaient submergés par les discours de haine et retransmettaient les prêches du vendredi les plus incendiaires qui fleurissaient dans les mosquées de la république.  

Qu’on se rappelle également des prêches des  imams excités dans les fameuses «tentes de prédication» dressées à travers le pays pour embrigader les jeunes et les encourager à partir en Syrie pour soi-disant «défendre l’islam menacé par le régime politique du président Assad» ! Des réseaux de recrutements les relayaient pour financer et faciliter le départ de ces jeunes vers les foyers de tension, notamment via la Libye et la Turquie.

Que l’on se rappelle également de l’ambiance de l’époque et du temps des gouvernements conduits par le parti islamiste, quand la Tunisie ouvrait largement ses portes aux prédicateurs salafistes des pays du Golfe. Le terrain se prêtait à leurs discours jihadistes, l’espace public étant, pendant de longues années, investi par la propagande salafiste diffusée à longueur de journée par la chaîne qatarie Al Jazeera qui avait joué un rôle néfaste et exercé un véritable lavage de cerveaux de centaines de jeunes dans notre pays, dont beaucoup s’étaient retrouvés par la suite dans les foyers de guerre en Libye, en Syrie et en Iraq. Beaucoup se sont transformés en tueurs et ont perdu bêtement la vie.

Il ne faut pas non plus oublier que le gouvernement nahdhaoui avait autorisé, courant 2012, l’organisation en Tunisie  de la Conférence internationale des amis de la Syrie qui avait donné le coup d’envoi des manœuvres internationales pour faire tomber le régime de Bachar Assad. 

Bref, Rached Ghannouchi assume une responsabilité politique évidente et documentée dans ce mouvement destructeur et le parti islamiste ne pourra jamais s’y dérober. La Tunisie étant, depuis, classée, selon plusieurs rapports internationaux, dans la liste des pays pourvoyeurs de terroristes avec plus de 3000 jeunes jihadistes envoyés dans les foyers de tensions. Et cette image qui la suit toujours, elle pourra difficilement s’affranchir…

Ennahdha le sait parfaitement et ne pourra jamais le nier. Entre-temps, la Tunisie et son peuple continueront de payer lourdement la facture des errements criminels de  ses dirigeants.

* Ancien ambassadeur.

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