Tunisie : Ennahdha dénonce l’augmentation du budget de la présidence

Le mouvement Ennahdha salue «toutes les initiatives visant à sauver le pays de l’inconnu et de la banqueroute vers laquelle est en train de le mener le processus initié par l’odieux coup d’Etat», par allusion à l’état d’exception proclamé par le président de la république Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021. (Illustration : Nizar Haboubi et Ali Larayedh).

Dans un communiqué publié hier, jeudi 29 décembre 2022, Ennahdha estime que ladite «banqueroute» s’est récemment manifestée par l’échec du «pouvoir putschiste» à négocier un accord de prêt avec le Fonds monétaire international (FMI) et à parvenir à la stabilité politique et sociale.

Le parti appelle, par conséquent, à «unir les efforts et à transcender les intérêts personnels et partisans afin de sauver le processus démocratique qui garantit la stabilité après que le peuple ait dit ce qu’il pense du processus absurde du 25-Juillet», faisant ainsi allusion au taux d’abstention historique de 90% enregistré lors des législatives du 17 décembre courant.

Sur un autre plan, Ennahdha estime que la loi de finances de 2023 affame et appauvrit les Tunisiens, parce qu’elle a été élaborée sans concertation avec les partenaires sociaux. Elle est dénuée de toute vision économique cohérente et ne contient pas les mesures nécessaires pour stimuler l’économie et la croissance, estime le parti islamiste, en affirmant que cette loi «s’est limitée à augmenter la pression fiscale sur les classes moyennes et pauvres afin de mobiliser des ressources financières et faire face à l’augmentation des dépenses du budget de l’Etat qui a augmenté de 22%, faisant fi de la dégradation de la situation des finances publiques», indique le parti islamiste dans son communiqué.

Ennahdha déplore, par ailleurs, que la présidence de la république ait «augmenté la valeur de son budget de 20 millions de dinars, au détriment des budgets destinés aux secteurs sensibles tels que la santé, l’éducation et les transports, au prix de l’écrasement des pauvres et des groupes vulnérables, accablés par des augmentations programmées et irréfléchies des prix du carburant, de l’électricité, du gaz, des denrées alimentaires et des produits de base sans mesures compensatoires pour assurer l’équilibre avec le pouvoir d’achat affaibli des citoyens», selon le texte du communiqué.

Ennahdha tient le pouvoir actuel pour «responsable de la montée des tensions sociales et de la récession économique que provoquera la loi de finances de 2023, sous la férule d’un gouvernement illégitime et d’un pouvoir qui s’emploie fébrilement à aggraver la situation politique, à violer les droits et les libertés et à renforcer le pouvoir individuel absolu, tout en essayant de détourner l’attention sur l’incapacité du gouvernement du président à gérer les affaires de l’État.»

Le parti présidé par Rached Ghannouchi a également condamné la poursuite de ce qu’il considère comme «un discours de division, d’incitation à la haine et de menace de liquidation contre les opposants politiques et le grand public, qui ont rejeté les options du coup d’État du 25-Juillet», discours que parti considère comme «une véritable menace pour la paix civile», tout en tenant «le pouvoir du coup d’État pour responsable de toute atteinte ou violence contre les figures de l’opposition et leurs partisans» et en le mettant en garde contre «le harcèlement continu des personnalités de l’opposition en leur fabriquant des accusations malveillantes».

Tout en exigeant la libération de l’ancien Premier ministre et vice-président du mouvement Ennahdha, Ali Larayedh, le parti islamiste dénonce également ce qu’il considère comme «des pressions continues et systématiques du pouvoir sur les juges dans le but de les pousser à réprimer les opposants à Kaïs Saïed». Il exprime aussi sa «solidarité avec les juges qui ont été injustement révoqués et dont le pouvoir putschiste continue de se venger en n’appliquant pas la décision du tribunal administratif annulant la décision de leur révocation et en renvoyant un certain nombre d’entre eux devant la justice pour association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État et terrorisme.»

Ennahdha a enfin «exhorté toutes les forces vives du pays à soutenir les juges dans la bataille pour l’indépendance de la justice comme garantie du retour du système démocratique dans le pays.»

I. B.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.