La pandémie du coronavirus (Covid-19), qui sévit partout dans le monde, met les personnes les plus vulnérables dans une situation à laquelle nous devons faire face dans le respect de la personne humaine. Les sans-papiers et les demandeurs d’asile sont des hommes et des femmes qui vivent dans la précarité la plus totale, dans l’insécurité et sans statut.
Nombre d’entre eux vivent et travaillent dans l’incertitude du lendemain et dans une précarité totale. Le confinement auquel ils sont soumis, comme le reste des populations, se passe dans des conditions le plus souvent indignes et porteuses de risques pour tous.
Plus que jamais, le droit à la régularisation des sans-papiers apparaît comme une nécessité qui se fonde sur les valeurs universelles des droits de l’Homme, auxquels souscrivent tous les Etats européens. Cela participe également de la nécessité impérieuse d’englober, dans les efforts de lutte contre la pandémie, toutes les catégories de population.
La crise sanitaire que nous traversons nous apprend que ce sont les catégories les plus vulnérables qui sont les plus exposées. Le Covid-19 creuse les inégalités sociales, économiques et sanitaires déjà fortement marquées par l’échec des politiques libérales qui dominent le monde.
La situation des sans-papiers n’est rien d’autre que la conséquence d’un ordre mondial qui touche à sa fin.
Parmi les milliers de personnes migrantes présentes en France, nombreuses sont celles qui ont une formation, des expériences professionnelles et des compétences dans des domaines variés et dans lesquels les entreprises en France et dans des pays de l’Union européenne manquent de main-d’œuvre (bâtiment, industrie, agriculture restauration, services et entretien, hygiène et sécurité, par exemple).
Ces hommes et ces femmes sont disponibles et en capacité de s’adapter aux besoins des entreprises pour envisager un «vivre ensemble» plus solidaire et plus sécurisant pour tous. Leur participation à la mobilisation de toutes les ressources du pays peut contribuer utilement à une sortie crise qui tourne enfin le dos à l’égoïsme et au repli sur soi.
La France et l’Union européenne se doivent de traiter autrement cette question et d’offrir des perspectives nouvelles à ces exclus de leurs droits à la liberté, l’égalité et la fraternité.
Pour faire face aux conséquences économiques, les entreprises françaises et européennes auront besoin de ces travailleurs et travailleuses dans la relance de leurs capacités productives.
Même sans qualifications particulières, ces personnes participeront au redressement économique et peuvent s’adapter aux exigences de cette relance. Cela passe par la mise en place d’actions d’accompagnement à l’emploi adaptées et en relation avec les services de l’emploi, les organismes de formation et d’insertion, les collectivités territoriales et les ministères concernés (intérieur, travail, politique de la ville, agriculture…).
Les circonstances exceptionnelles actuelles offrent aux pouvoirs publics français la possibilité de revoir la doctrine et les choix des gouvernements successifs qui, à chaque fois, se sont soldées par le durcissement des procédures de régularisation et l’exclusion d’une partie de la population présente dans notre pays, dans nos territoires et nos quartiers.
Les exemples du Portugal et, tout récemment, de l’Italie d’une régularisation massive des sans-papiers sont là pour confirmer qu’une autre politique est possible.
Les travailleurs étrangers sont indispensables aujourd’hui et en première ligne pour servir l’économie et la croissance de ce pays. Sans leur présence quotidienne dans les activités indispensables pour la vie de tous les jours – comme le nettoyage, le ramassage et le tri de déchets, l’aide à la personne, l’agriculture, la santé, les services à domicile, les métiers du commerce et de manutention… –, ces travailleurs étrangers, dont certains n’ont pas de titre de séjour, vivent une injustice qui n’est pas digne d’un pays démocratique. Des solutions d’urgence peuvent donc être trouvées dans le cadre de l’après crise.
La France doit relever ce défi pour l’après-pandémie; le repérage des compétences et la formation professionnelle complémentaire doivent conduire à une régularisation massive, maîtrisée et généreuse. Par cette politique de liberté et de mobilisation, chacun trouvera sa place dans la société, par une insertion économique et un accès aux droits garantis par la Constitution.
Nous appelons toutes celles et tous ceux qui forment la majorité du peuple de France et qui témoignent depuis le début de la crise pandémique que la solidarité et la justice sont bien ancrées dans la culture française, de se mobiliser pour créer un élan en faveur de cette cause juste.
Signataires de l’appel :
Hedi Chenchabi, directeur d’un organisme de formation
Mouhiedine Cherbib, militant des droits humains
Frédéric Brun, inspecteur général de l’agriculture à la retraite
Mourad Allal, directeur d’organisme de formation
Liste d’information officielle de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR).
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