Si l’on en juge par les traits fermés de la cheffe du gouvernement Najla Bouden et de la mine défaite des autres membres du gouvernement, on peut deviner que la situation en Tunisie, objet du conseil ministériel restreint, hier, jeudi 1er septembre 2022, est très sérieuse voire inquiétante, du moins sur le plan économique et social.
Par Imed Bahri
Selon l’information publiée sur la page Facebook de la présidente du gouvernement Mme Bouden s’est entretenue, au palais du gouvernement à la Kasbah, avec le ministre des Finances Sihem Boughdiri Nemsia, la ministre du Commerce et de la Promotion des exportations Fadhila Rabhi et le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche Mahmoud Elyes Hamza, sur la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2023 et la nécessité de trouver les ressources financières nécessaires pour boucler le dernier trimestre de cette année.
Gratter les fonds des tiroirs
Ce que le communiqué ne dit pas, que l’on sait et qui se lit en filigrane, c’est que le trésor public ne dispose pas encore des ressources financières nécessaires pour faire face aux dépenses de l’Etat au cours du dernier trimestre de cette année. Or, on le sait, pour boucler le budget de cette année qui tire à sa fin, on doit trouver la bagatelle de 20 milliards de dinars, dont 12,5 milliards à mobiliser auprès de bailleurs de fonds étrangers. Et pour ne rien arranger, le fait que les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt n’aient pas encore abouti à un accord complique sérieusement la donne, sachant que les bailleurs de fonds internationaux ne mettront pas un sou dans l’escarcelle de la très souveraine Tunisie si cet accord n’est pas conclu.
Il va donc falloir gratter le fond de nos tiroirs, que l’on sait vides, pour tenir encore quelques semaines en attendant le bol d’oxygène salutaire espéré pour ne pas atteindre l’asphyxie totale. Et la réunion d’hier, si l’on en juge par la physionomie des présents, ne semble pas avoir abouti à des solutions miracles. Car si ces solutions existaient vraiment, on l’aurait su depuis longtemps.
Naviguer à vue
Autres sujets évoqués par ces chers membres du gouvernement et dont on parle quasi-quotidiennement depuis plusieurs mois dans ce journal : «les prix élevés, l’absence de certains consommables et la nécessité de les fournir au citoyen malgré les difficultés d’approvisionnement», comme le précise le communiqué, qui ajoute : «La bonne préparation du démarrage de la saison agricole et la nécessité de fournir des semences et des pépinières ont représenté un axe de cette réunion, en plus d’aborder le problème de la rareté de l’eau et la nécessité de travailler pour surmonter cette problématique.»
A-t-on vraiment avancé sur des solutions concrètes à tous ces problèmes dont la conjugaison risque de créer les conditions d’une explosion sociale ? Rien ne l’indique, puisque nos responsables publics, dont on attend ces solutions, sont en passe de se transformer en chroniqueurs et en analystes politiques. Ils nous racontent ce que nous savons déjà, sans nous proposer des pistes de sortie. Il ne nous reste donc que de barboter et naviguer à vue… comme eux.
Il n’y a visiblement pas en Tunisie de salut collectif. Il reste donc aux citoyens de se débrouiller tous seuls. C’est ce qu’on appelle la faillite de l’Etat. Et on n’en est malheureusement pas loin.
Donnez votre avis