La journée mondiale du lavage des mains, célébrée par la communauté internationale le 15 octobre de chaque année, est passée quasiment inaperçue et n’a donné à aucun programme d’éducation. Et pourtant…
Par Dr Salem Sahli*
Tout au long du cursus scolaire, l’éducation à l’hygiène figure en bonne place dans les programmes enseignés aux élèves. Plusieurs matières de l’enseignement de base abordent ce thème de façon plus ou moins approfondie afin de développer les connaissances des élèves en matière de santé, d’hygiène et de prévention. Mais nous sommes forcés de constater que cette acquisition de connaissances sur le sujet ne s’est pas traduite chez les élèves en termes de comportements et d’habitudes.
La situation de l’hygiène dans es écoles est déplorable
Cela n’est pas pour surprendre et il suffit d’une visite dans un établissement scolaire pour se rendre compte de l’état des installations et des conditions sanitaires disponibles dans et autour de l’école. Et l’on a beau accumulé les connaissances théoriques, le changement de comportement souhaité ne pourra être obtenu que si la composante matérielle est mise à disposition. C’est-à-dire lorsque élèves et enseignants disposeront d’installations d’eau et d’équipements sanitaires appropriés.
En effet, comment peut-on apprendre à un enfant les règles élémentaires d’hygiène en l’absence de lavabos et de savon? Peut-on espérer d’un élève qu’il acquiert des habitudes saines en matière d’hygiène lorsque les installations d’eau et les équipements sanitaires ne sont pas fonctionnels ?
Sans vouloir dramatiser, la situation aujourd’hui est déplorable. L’immense majorité des écoles primaires que j’ai visitées ne disposent pas du minimum requis en matière d’hygiène. Les installations sanitaires sont mal entretenues et mal utilisées. Les robinets en état de fonctionner se comptent sur les doigts d’une main. Le savon est inexistant. Les toilettes sont dans un état tel qu’elles représentent à mon sens des milieux à risque propices à la transmission des maladies.
Alors que faire devant une telle situation? Que doit-on faire pour que nos écoles retrouvent leur vocation première et redeviennent des centres d’apprentissage stimulants et des lieux de pratique et de diffusion des bonnes habitudes en matière d'hygiène?
Les équipements des établissements scolaires laissent encore à désirer.
Pour un programme national d’hygiène scolaire
D’aucuns diront que la responsabilité de l’état de salubrité des écoles est l’affaire des administrations nationales et régionales et que le budget attribué pour la maintenance, l’entretien et l’amélioration des installations scolaires est insuffisant. Ceci est en partie vrai. Toutefois, je pense que l’école doit apprendre à compter d'abord sur elle-même pour améliorer les conditions de vie en son sein. Et il appartient en premier au directeur d’école de prendre l’initiative de l’analyse du problème et de l’évaluation des besoins de son établissement.
La mise en place d’un comité sanitaire scolaire au sein de chaque école regroupant en plus du directeur, des représentants des élèves, des enseignants et des parents est à même d’apporter rapidement et à un moindre coût des solutions aux différents problèmes posés. Une telle structure participative aurait pour tâche de superviser les conditions d’hygiène et d’assainissement, de contrôler la qualité des aliments et boissons vendus aux élèves, de choisir un site correct pour l’élimination des déchets, de mettre à disposition des élèves des installations pour le lavage des mains et de veiller au suivi et à l’évaluation des actions d’hygiène entreprises au sein de l’école.
La mise en carte de l’enceinte scolaire indiquant tous les problèmes liés à l’hygiène et à l’assainissement au sein de l’école représente un bon moyen pratique de contrôle et d’évaluation. Le comité sanitaire scolaire pourrait en cas de besoin se faire aider par le médecin scolaire.
Abdellatif Abid, ministre de l'Education, est-il conscient de l'urgence du problème de l'hygiène scolaire?
Voici donc les quelques idées et conseils que m’a inspirées l’observation directe de la situation de nos écoles sur le plan de l’hygiène. Le sujet mérite bien-sûr une analyse plus approfondie pouvant déboucher (et pourquoi pas?) sur un programme national d’hygiène et d’assainissement en milieu scolaire. Toutefois, cela ne nous dispense pas d'entreprendre, dès à présent et à l'échelon local, les actions d'amélioration nécessaires. Il y va non seulement de l'intérêt des élèves, de leurs parents et de leurs enseignants, mais aussi de celui de la communauté toute entière.
* Président de l’Association d’éducation relative à l’environnement (Aere – Hammamet).
Note :
*- Depuis 2008, le 15 octobre de chaque année est célébrée par la communauté internationale. Il s’agit de la journée mondiale du lavage des mains . En Tunisie, l’évènement passe quasiment inaperçu et ne donne que rarement lieu à des programmes d’éducation, de sensibilisation ou de formation. Pourtant, ce geste banal qu’est le lavage des mains est une mesure de prévention fondamentale de nombre de maladies infectieuses manuportées.
En effet, l'ensemble de ces pathologies, communément désignées par les médecins sous le terme de péril fécal, sévissent encore dans notre pays et sont responsables de morbidité et de mortalité infantiles. Parole de pédiatre.
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