Grâce aux importantes liquidités dont elle dispose, la finance islamique peut participer plus activement au financement de l’économie et, notamment, des PME.
Par Wajdi Msaed
Les Journées Banque Zitouna de la finance islamique se tiennent les 3 et 4 juin 2015. Les débats de cette 2e édition – la 1ère ayant eu lieu en 2013 – sont axés sur «les défis de la finance islamique: la gestion des liquidités, la bonne gouvernance et l’émission des sukuks».
Présidant la séance d’ouverture, Boutheina Ben Yaghlane, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Finances, a rappelé le cadre juridique de la finance islamique en Tunisie, précisant que cette rencontre constitue une occasion propice pour approfondir le dialogue et échanger les expériences en vue de développer cette activité en Tunisie .
Des performances honorables
Devant une assistance composée essentiellement de hauts cadres de banques et d’institutions financières, ainsi que de décideurs dans le domaine de l’industrie de la finance islamique, Ezzedine Khoja, Pdg de la Banque Zitouna, a souligné que cette manifestation coïncide avec la célébration du 5e anniversaire de la 1ère banque islamique tunisienne. «C’est une bonne opportunité pour répondre aux nombreuses questions relatives à la gestion de la liquidité dans les banques islamiques, la standardisation des normes en matière de gouvernance des institutions et les expériences internationales réussies dans la structuration des émissions de sukuks (emprunts obligataires islamiques, Ndlr) en tant que nouvel instrument de financement participatif», a-t-il dit.
M. Khoja a mis en exergue le rôle alloué à la Banque Zitouna dans la promotion de l’industrie de la finance islamique et le développement de ses produits sur le marché local et régional, faisant savoir que son institution, malgré son jeune âge, a réussi à afficher des bénéfices nets dès la 3e année de son existence. Ces bénéfices ont atteint 7,7 millions de dinars tunisiens (MDT) fin 2014 et les prévisions tablent sur 14 MDT fin 2015.
Après avoir rendu hommage à tout le personnel de la banque (650 agents répartis sur 68 agences d’exploitation et assurant la gestion de 150.000 comptes-courants jusqu’à fin 2014, contre 22.000 fin 2010) pour les efforts déployés dans la réalisation de ces performances, M. Khoja a évoqué les perspectives prometteuses de la Banque Zitouna, grâce à l’augmentation de son capital social – avec une participation à hauteur de 21 % de la Banque islamique de développement (BID) et l’élaboration d’une stratégie 2016-2020.
Le futur c’est aussi la promotion de la recherche scientifique qui trouve tout l’encouragement de la part de la Banque Zitouna. Dans ce cadre, 3 prix (10.000, 5.000 et 3.000 dinars) seront décernés aux 3 meilleures thèses de doctorat ayant trait à la finance islamique et soutenues avec succès au cours des 3 dernières années dans les universités maghrébines, a annoncé M. Khoja.
Jalloul Ayed et Ezzedine Khoja.
Vers la création de Zitouna Capital
Jalloul Ayed, banquier de son état et ancien ministre des Finances, a proposé aux responsables de la banque la création de Zitouna Capital, dont la mission serait d’aider les PME à accéder aux capitaux, car celles-ci, qui constituent plus de 90 du tissu économique tunisien, n’arrivent pas, pour plusieurs considérations, à recourir au marché boursier. Or, les banques islamiques, de par le monde, totalisent un stock de capitaux de l’ordre de 5 milliards de dollars, a fait remarquer M. Ayed. «Trop de liquidités, dirait-on, mais le problème ne réside pas dans la disponibilité des fonds, mais plutôt dans le manque de structures capables de les attirer», a-t-il ajouté.
L’ex-ministre des Finances a évoqué deux exemples concrets à l’appui de son raisonnement: le premier se rapporte à l’actif immobilier dans les capitaux des entreprises. Cet actif, qui demeure figé et hibernal sur sa valeur de départ, est appelé à être revalorisé pour dégager de nouveaux fonds permettant à l’entreprise une relance tant souhaitée, sachant que la majeure partie des investissements islamiques est placée dans l’immobilier.
Le 2e exemple cité par Jalloul Ayed se rapporte aux projets d’infrastructures telle la construction d’une autoroute qui peut être financé par l’émission de sukuks remboursables sur le cash-flow drainé par les gares de péage.
«Zitouna Capital sera en mesure de développer ce nouveau mécanisme de financement, surtout avec la prochaine promulgation de la loi relative au partenariat public privé (PPP) dont l’avantage est d’offrir l’actif de base», insiste Jalloul Ayed. Et de conclure: si on admet que la croissance économique provient surtout du secteur privé, on se rend compte de l’importance de la professionnalisation de l’acte d’investir.
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