Suggestions au chef du gouvernement à propos des infrastructures à mettre en place d’urgence pour relancer la croissance et le développement.
Par Amor Abassi*
Tout le monde s’accorde qu’il ne peut y avoir de développement économique et social équilibré et homogène dans notre pays, sans l’existence d’une infrastructure uniformément répartie, qui favoriserait les communications et les échanges entre toutes nos régions et offrirait aux investisseurs la possibilité d’implanter dans les régions actuellement déshéritées des projets générateurs d’emplois, et qui faciliterait l’écoulement de leurs produits vers les autres régions ou vers les ports et aéroports pour leur exportation.
Or, l’infrastructure, dans un pays qui se veut moderne, suppose:
– un réseau d’autoroutes joignant les principaux centres urbains du pays et des routes secondaires desservant toutes les villes et les villages de chaque région;
– des ponts là où c’est nécessaire pour faciliter les communications et le transport des marchandises entre les régions;
– des zones industrielles entièrement viabilisées, dont l’aménagement et l’implantation sont bien étudiées, notamment dans les régions défavorisées du pays, pour être aisément accessibles par la route et le chemin de fer;
– un réseau de chemins de fer desservant toutes les régions du pays, pour assurer le transport ferroviaire (rapide et moins coûteux) des passagers et des marchandises;
– des barrages là où c’est nécessaire pour éviter les inondations ravageuses des richesses et des réservoirs d’eau utilisable dans agriculture et la production de l’eau potable;
– et, last but not least, des terres domaniales mises en valeur.
Toutes ces infrastructures doivent faire l’objet d’études, de définition et d’évaluation au sein de commissions techniques spécialisées composées des professionnels des services concernés des différents ministères. Il est bien évident que ces infrastructures nécessiteraient des investissements importants et que, par conséquent, leurs réalisations seront échelonnées sur un certain nombre d’années suivant un ordre de priorité bien motivé.
Pour réaliser les travaux d’infrastructures programmés pour chaque année, nous suggérons de les confier graduellement à l’armée nationale. Pour cela, nous proposons de procéder, dans une première phase, à l’enrôlement de 5 à 10.000 jeunes parmi les sans emplois, pour une période de deux à trois années, afin les affecter aux chantiers de construction après une courte période de formation accélérée au sein de l’armée.
Ces jeunes soldats auront un statut particulier: ils seront nourris, logés, blanchis et recevront un salaire à fixer (200 dinars/mois par exemple). Cette solution, impliquera l’augmentation du budget de l’armée nationale en conséquence, pour couvrir toutes les charges nécessitées par l’ouverture et la conduite des chantiers, y compris l’investissement dans les équipements correspondants.
Nous demeurons persuadés que cette solution pourrait être améliorée dans ses moindres détails et qu’elle permettra de réaliser toutes les infrastructures à bien moindre coût économique et de meilleure qualité qu’elles ne l’étaient auparavant et serait d’un rendement social appréciable, car les jeunes enrôlés dans ce cadre auront appris un métier qui leur permettra de s’insérer en priorité dans le monde de l’emploi après leurs libération et bénéficieront en outre de la prise en compte des années de service dans le régime de leurs retraites.
La mise en route de ces suggestions fera de la Tunisie un grand chantier pour une dizaine d’années au moins et lui assurera un développement et une croissance économiques certains.
* Ingénieur général du génie maritime.
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