Un programme de réforme du système de santé tunisien doit être élaboré, mis en route d’urgence et étalé sur 10 ou 15 ans.
Par Amor Abbassi*
Le système de santé publique en Tunisie présente de graves carences et dysfonctionnements structurels, car les problèmes constatés au fil des ans n’ont pas été réglés à temps, mais ils se sont accumulés, rendant la tâche aussi complexe, sur le plan de la démarche à suivre et des priorités à établir, que couteuse en terme de financement, qui plus est dans un contexte économique difficile marqué par de graves déficits publics.
Inventaire des besoins et définition des priorités
Il n’est pas difficile d’établir les grandes lignes de cette réforme. Une commission ministérielle pluridisciplinaire, où siègeraient aussi quelques experts nationaux et internationaux et certains acteurs de la société civile (représentants des médecins, pharmaciens, assureurs, etc.) pourrait, en effet:
– dresser un inventaire complet des établissements hospitaliers existants sur tout le territoire avec leurs équipements, effectifs, capacités et répartitions par région;
– étudier, cas par cas, la situation de ces établissements, pour en dégager les points forts (assez rares) et les points faibles (plutôt nombreux) sur tous les plans;
– établir un programme global et une évaluation des actions avec un ordre des priorités, visant à remédier aux carences dégagées par les études spécifiques de chaque établissement;
– définir les besoins matériels et humains, tant quantitatifs que qualitatifs, de chaque région en matière de soins de santé (construction, aménagement, équipement, effectif manquant, etc.);
Il est évident, vu la situation actuelle de nos établissements hospitaliers, que leur mise à niveau, conformément aux exigences révélées par les études, nécessitera de grands investissements, humains et matériels. Auxquels s’ajoutent les investissements nécessaires pour construire de nouveaux établissements dans certaines régions, les aménager et les équiper de moyens humains et matériels.
Augmenter le budget de la santé
En prenant l’exemple de la France, à titre indicatif, nous devrions avoir:
– un centre hospitalier pour 90.000 habitants, soit au total 122 centres hospitaliers (CH), contre 56 actuellement, répartis entre 33 hôpitaux régionaux et 23 hôpitaux, centres et établissements universitaires;
– un centre hospitalier universitaire pour 365.000 habitants, soit au total 30 centres hospitaliers universitaires (CHU), contre seulement 23 actuellement.
Le financement de ce programme, qui s’étalera sur 10 ou 15 ans, on puisera, bien sûr, dans le budget de l’Etat, sachant que la part du budget du ministère de la Santé dans celui de l’Etat est de 7-8%, soit environ 153 dinars par tête d’habitant.
D’où la nécessité d’accroitre les recettes publiques, et notamment fiscales, de manière à pouvoir augmenter le budget du ministère de la Santé.
On recourra aussi au financement extérieur à travers des crédits contractés auprès de certains organismes et institutions financiers étrangers. Ce financement sera d’autant plus facile à obtenir que les axes de la réforme et les modalités de leur mise en route sont clairement définis, avec des échéanciers raisonnables.
* Ingénieur général du génie maritime.
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