De récents développements politiques et sécuritaires ont provoqué un malaise entre le gouvernement libyen de Salut national (Tripoli) et la Tunisie.
Par Nabil Ben Ameur
L’attentat commis jeudi 7 janvier 2016 contre une école de formation des garde-côtes dans le quartier de Soug Al-Talata, dans le centre de Zliten (ouest de la Libye) et revendiqué par l’Etat islamique (Daech) serait l’œuvre d’un kamikaze tunisien.
C’est ce que révèle Ali Bouzaakouk, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Salut national (islamiste, basé à Tripoli).
Un kamikaze tunisien derrière l’attentat de Zliten
Tout en remerciant le gouvernement tunisien pour avoir ouvert les lignes aériennes avec la Libye pour permettre – à l’instar de la Turquie et de Malte – le transfert en Tunisie des blessés de cet attentat, ayant fait plus de 70 morts, le ministre libyen a indiqué que les investigations initiales ont confirmé que l’un des auteurs de l’attentat de Zliten est de nationalité tunisienne et ont permis d’arrêter des suspects appartenant à Daech et ayant des relations avec l’auteur de l’opération.
Ali Bouzaakouk reproche à la Tunisie l’accueil du gouvernement de Skhirat.
M. Bouzaakouk a invité le gouvernement tunisien à coopérer avec le sien dans le domaine de la sécurité et à activer la structure mixte créée dans ce domaine pour «faire face aux membres des groupes terroristes» et «protéger les peuples tunisien et libyen contre le terrorisme».
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Salut national s’est également étonné que certains médias et responsables tunisiens imputent à la Libye des attentats survenant en Tunisie alors que le gouvernement de Tripoli «n’accuse pas le gouvernement ou le peuple tunisiens pour les opérations terroristes en Libye» et déclare que le gouvernement tunisien aurait plutôt «dû présenter ses condoléances» pour les pertes occasionnées par l’attentat de Zliten, qui a fait près de 80 victimes et 150 blessés.
Des voix se sont élevées en Libye après cet attentat pour réclamer le départ des ressortissants tunisiens, a indiqué le défenseur des droits de l’Homme, Mustapha Abdelkebir, dans un post publié samedi 9 janvier sur sa page Facebook.
Fayez Al-Sarraj reçu le 22 décembre 2015 par le chef du gouvernement Habib Essid.
Le gouvernement de Skhirat pose problème
Cette affaire n’est toutefois pas la seule à provoquer un malaise entre Tripoli et Tunis. Le gouvernement libyen de Salut national a également demandé au gouvernement tunisien, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, des explications au sujet de «l’autorisation accordée à un certain nombre de membres de ce qu’on appelle le gouvernement de Skhirat pour décoller avec un avion et atterrir en Libye sans que les autorités libyennes en soient informées».
D’après Ali Bouzaakouk, «l’équipage de l’avion a prétendu faire face à un problème technique et demandé l’autorisation d’atterrir à l’aéroport de Misrata. Après coup, nous avons réalisé qu’il y avait un arrangement avec des personnalités libyennes pour accueillir le soi-disant gouvernement de Skhirat». Ce que «les autorités libyennes et les révolutionnaires libyens ont dénoncé» et à propos duquel un mémorandum a été préparé pour protester auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies contre «ces violations visant à déstabiliser la sécurité de la Libye».
Rappelons que le 8 janvier 2016, le convoi de Fayez Al-Sarraj, le chef du gouvernement de réconciliation nationale en Libye, a été pris pour cible par des hommes armés, alors qu’il se rendait à l’aéroport de Misrata pour prendre le vol vers Tunis où il réside actuellement. M. Al-Sarraj s’est mis à l’abri, avec 3 de ses collaborateurs, pendant près d’une heure, chez un notable de Zliten jusqu’à son évacuation par un hélicoptère.
De là à penser que le gouvernement islamiste libyen reproche à la Tunisie de soutenir le gouvernement de réconciliation nationale issu des accords de Skhirat…
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