Siège du ministère des Finances, à la Kasbah.
La Tunisie va émettre, dans les prochaines semaines, des obligations libellées en euros d’une valeur de 1 milliard d’euros (près de 2,3 milliards de dinars).
Par Marwan Chahla
L’agence Reuters, qui a rapporté cette information, vendredi 19 février 2016, citant un responsable gouvernemental, croit également savoir que cet emprunt devrait servir à combler une partie du déficit budgétaire tunisien pour l’année en cours.
Entre mars et mai prochain
Ce nouveau recours de la Tunisie au marché obligataire trouverait son explication, notamment, dans le fait que les revenus de l’industrie touristique, à la suite des trois attentats terroristes de l’année dernière (Bardo, en mars, Sousse, en juin, et Tunis, en novembre), ont très sensiblement chuté, que des mouvements de protestation contre le chômage, le mois dernier, ont fait craindre le pire, et que des retards ont été pris par le gouvernement Habib Essid dans la mise en route des réformes économiques dont le pays a besoin et à réduire les dépenses publiques, ainsi que l’exige les créanciers internationaux.
«Dans quelques semaines, nous ferons une nouvelle sortie sur le marché international… Ce serait entre mars et mai 2016, et pour un montant entre 750 millions et un milliard d’euros», a déclaré à Reuters ce responsable tunisien, qui a souhaité garder l’anonymat.
Le ministre des Finances, indique la même source, aurait déjà demandé à Banque centrale de Tunisie (BCT) de préparer les procédures techniques pour cette seconde émission obligataire tunisienne. L’an dernier, en effet, la Tunisie a levé 1 milliard de dollars sur le marché international des capitaux…
Cette semaine, également, une mission du Fonds monétaire international (FMI) a fait le déplacement à Tunis afin de discuter avec le gouvernement de M. Essid les modalités d’une nouvelle ligne de crédits d’une valeur de 3,43 milliards de dinars tunisiens.
Un exemple pour la région
En décembre dernier, une requête a été présentée par la Tunisie, à cette fin, auprès de l’institution financière internationale de manière à relancer l’activité économique tunisienne dont le taux de croissance n’a jamais cessé d’enregistrer une succession de chutes, depuis la révolution de janvier 2011.
Inquiétés que la seule success story des soulèvements du Printemps arabe soit ainsi à la peine et qu’elle ne puisse pas honorer ses engagements auprès de ses populations, les alliés européens ont eux aussi fait montre d’une plus grande détermination à voler au secours de la jeune démocratie tunisienne.
Il y a moins d’une semaine, la Commission européenne (CE) a proposé d’accorder à la Tunisie une assistance macro-financière supplémentaire de 500 millions d’euros et, le mois dernier, la France s’était engagée à mettre à la disposition de la Tunisie une aide de 1 milliard d’euros étalée sur une période de 5 années.
«Il importe plus que jamais que la Tunisie demeure un exemple pour la région», avait commenté le Français Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques.
Reste que ces aides internationales, si elles permettent de mettre du beurre dans les épinards et de calmer momentanément la grogne sociale, elles risquent aussi d’aggraver l’endettement du pays, estimé aujourd’hui à 53%, et à accentuer sa dépendance de l’extérieur.
Rien ne vaut un plan de redressement national qui engage les Tunisiens, toutes catégories sociales confondues, à mettre en sourdine leurs revendications, à retrousser les manches et à relancer la machine de production pendant les 5, 6 ou 7 prochaines années. Sans ces sacrifices collectifs, comme dans une période de guerre, la Tunisie ne sortira pas indemne de la zone de turbulence où elle s’enlise chaque jour un peu plus.
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